Au-delà des succès radiophoniques, Chuck Berry aura une énorme influence sur les jeunes musiciens des années 1960, puis des 1970, mais un peu moins par la suite... Je ne vous parlerai pas des accords de guitare. Ce qui m'a toujours enchanté chez Berry sont les paroles des chansons. Il ne faut pas le cacher, les propos des premiers artistes de rock étaient faibles, niais, clichés. Pas chez Chuck. Il a su créer un univers s'adressant aux adolescents, le seul public pour cette musique à ce moment. Les bagnoles, la vie à l'école, les rendez-vous, l'amitié. Ma chanson favorite de Chuck Berry est celle que je vous présente, même s'il y a moins de guitare que sur ses autres disques.
Les paroles sont magnifiques, charmantes, évocatrices. D'abord, Berry a eu le flair de nommer toutes ces villes, certain d'attirer ainsi un grand public de ces localités et régions. La chanson célèbre une fille de seize ans, qui collectionne des autographes et a des photos de ses idoles aux murs de sa chambre. J'adore quand elle demande à sa mère si elle peut se rendre au spectacle, car c'est si excitant de voir un musicien voler la vedette. Il y a alors un sous-entendu, nous laissant deviner que la mère refuse. Alors, la jeune fille se tourne vers son père et fait : "Papa, je t'en supplie, dis à maman que tu es d'accord." Rien de plus ado que ce mignon scénario ! Petite information : le solo de piano est signé Lafayette Leake, un musicien de jazz.
Chuck Berry, Sweet Little Sixteen (1958)