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Titre du blog : Du 78 tours au disque compact
Auteur : MarioMusique
Date de création : 20-01-2015
 
posté le 25-02-2017 à 20:37:27

Le jazz a 100 ans : Les années 1940

 

 

Artie Shaw : Frenesi (1940)

Mugsy Spanier : Sweet Sue Just You (1944)
Nat King Cole Trio : Route 66 (1946)
Dizzy Gillespie : Salt & Peanuts (1945)
Charlie Parker : Donna Lee (1947)
Coleman Hawkins : Body & Soul (1940)
Ella Fitzgerald : How High The Moon (1947)
George Shearing : September In The Rain (1949)
Woody Herman : Four Brothers (1947)
Thelonius Monk : Round Midnight (1947)

 

Voici la décennie des changements. Il y a plusieurs raisons pour les expliquer. D'abord, la sonorité big band (avec section de cuivres), au service du jazz des années 1930, se dillue progressivement, jusqu'à effacer les éléments jazz pour devenir de la simple musique de danse. Glenn Miller est le champion de cette démarche et le fait qu'il vendait des millions de disques a incité d'autres orchestres à l'imiter, comme ceux de Count Basie, de Tommy Dorsey et, ici, celui de Artie Shaw. Dans cette pièce, la clarinette a encore un zeste de jazz, mais tout le reste, avec des cordes, est très éloigné du style. Les big bands allaient devenir la ringuardise de la musique américaine.

 

Une première réaction contre ce fait est celle de Mugsy Spanier, jugeant que le jazz devait retrouver ses racines. Eh oui ! Déjà la nostalgie. Son idée était discutable, car les artistes des années 1920 ne sonnaient pas tout à fait comme sur les disques de Spanier. Quelqu'un baptisera le style du nom de Dixieland. Bien sûr, le genre allait devenir un univers en soi et ce courant ne cessera de se manifester, jusqu'à nos jours. C'est rigolo et incite à la bonne humeur.

 

 

Parlons des circonstances sociales qui ont touché l'univers musical : les restrictions pendant le temps de guerre, empêchant les orchestres de se déplacer à peu de frais, faisant en sorte que les musiciens devaient être payés plus cher et, il va de soi, le prix des billets pour les spectacles avait augmenté. Ensuite : en 1942 et une partie de 1941, il y eut une grève des musiciens aux USA : Aucun disque ne fut produit pendant tous ces mois. L'argument : les compagnies de disques ne payaient pas les artistes et compositeurs pour la vente de 78 tours. Ils étaient rénumérés aux séances dans les studios. C'est aussi le temps où les stations de radio commençaient à faire tourner des disques et les créateurs ne touchaient pas un sou.

 

Seconde réaction : les jeunes musiciens ne trouvaient pas de place dans les big bands, et, de toutes façons, l'aspect musique de danse les rébutait. Graduellement est née l'idée que le jazz devait être l'expression des individus. Un disque précurseur de ce que l'on appelera le be-bop et le Body & Soul de Coleman Hawkins. Les jeunes n'avaient pas leur place dans les orchestres populaires ? Alors, allons-y à notre façon!

 

Ce fut le Salt & Peanuts de Dizzie Gillespie. Si on écoute ce disque aujourd'hui, on dit que c'est du jazz. Mais au moment de sa sortie, on disait que c'était du vacarme. Pour la première fois, l'idée du be-bop se manifestait avec la formule : thème + improvisations + retour du thème. Pas certain que c'était réellement improvisé, cependant... Ce disque présentait aussi Charlie Parker au saxophone et Miles Davis à la trompette. Fait important, ce 78 tours, et ceux des jeunes, étaient commercialisés par des petites compagnies indépendantes, et non par les Decca, Columbia et Victor, plus conservatrices.

 

Les vétérans ont rejeté ou intégré : sur le 78 tours d'origine de How High The Moon d'Ella Fitzgerald, il est écrit : 'Vocal Be-Bop'. Le scat existait avant ce disque, mais Ella lui donne des lettres de noblesse et aura une énorme influence sur les chanteuses. Woody Herman a sans doute été le plus jazz des chefs d'orchestre de big band : son Four Brothers est une fusion parfaite entre une section de cuivres et quatre participations de saxopĥoniste (dont Zoot Sims) Ce disque est extraordinaire!

 

La formule du trio ou de la petite formation prend davantage son envol grâce à George Shearing et surtout du futur chanteur de charme Nat King Cole. Au fait : Shearing allait connaître une carrière touchant sept décennies. Enfin, Thelonius Monk avait déjà les pieds dans un autre avenir. La photo : Charlie Parker.

 

Commentaires

MarioMusique le 20-03-2017 à 23:00:32
Exact. Big Band, c'est une section de cuivres qui joue à l'unisson.

Dixieland, c'est un peu fou fou, joyeux.
Maritxan le 18-03-2017 à 20:35:04
Je me suis régalée avec les deux premiers morceaux... le zeste de jazz d'Artie Swaw et la pièce de Mugsy Spanier. Si j'ai bien compris, pour le premier c'est de la sonorité big band et pour le second le style Dixieland. J'aime ces deux sonorités... je découvre. Merci !
MarioMusique le 28-02-2017 à 00:40:04
Merci. Je laisse les articles pendant une semaine, à cause du nombre de pièces. J'en ajoute un chaque samedi.
jakin le 27-02-2017 à 18:56:25
Que des morceaux d'anthologie que j'ai réécouté avec beaucoup de plaisir... Que des bons souvenirs musicaux....