Nul doute la décennie la plus faible de l'histoire du jazz. Les riches courants des années précédentes se marginalisent, alors que les nouveautés deviennent discutables et assurément éloignées du grand public.
Dans 90 % des cas, le jazz avait toujours été une musique acoustique. Voilà qu'elle désirait se brancher, faisant suite aux expériences pas très agréables du free-jazz des années précédentes. Pour certains jeunes vétérans et des nouveaux venus, le rock devient une influence. Sauf erreur de ma part, les artistes jazz-rock n'ont jamais eu la faveur des amateurs de rock et on ne peut dire que leur approche ait eu une influence sur l'autre clan, sauf dans le cas de Santana. Les Pat Metheney, Herbie Hancock, Larry Coryell, Mahavishnu Orchestra m'ont toujours laissé froid, moi l'amateur de rock. Je croyais que c'était bruyant et prétentieux. Comme exemple, je propose ici le français Jean-Luc Ponty, dans une pièce qui ne m'a jamais écorché les oreilles.
Notez bien qu'il pouvait y avoir électricité sans devenir entièrement du jazz-rock, le cas, ici, des jeunes vétérans de Jazz Crusaders et de la recrue Grover Washington Jr. Notez la distortion très rock & roll de la finale de la pièce des Crusaders. Le seul cas que je connaisse d'une pièce nouvelle tendance qui ait trouvé écho chez les amateurs de rock est le Birdland de Weather Report, groupe de fusion dont les membres trouvaient leurs sources vers la fin de la décennie 1950.
Je parlais, dans l'article précédent, de la présence de pièces jazz sur les ondes A-M. Ceci disparaît presque entièrement au cours des 1970, sauf dans le cas de Spyro Gyra, qui obtient deux succès. La pièce de jazz la plus populaire fut sans doute celle de Chuck Mangione, musicien moyen, mais son succès a été sifflé par des millions de personnes. Enfin, dans ce créneau, le pianiste électrique Deodato reprend le thème du film 2001 Odyssée de l'espace : le jazz rencontre la musique classique, pour une superbe réussite. (Je présente ici la version du microsillon et non le 45 tours.)
La jazzy, ou jazz pop, connaît de belles heures avec des gens comme Joni Mitchell, Steely Dan, mais le maître incontesté du style fut Michael Franks, dont le Art Of Tea est un disque à garder avec soi sur une île déserte.
Disparus en cours de route les magiciens de l'orgue Hammond et aussi les chanteuses. Du point de vue vocal, il faut souligner l'arrivée importante de Manhattan Transfer, au début d'une riche et longue carrière, mêlant la tradition avec le modernisme. Ce quatuor, illustré ci-haut, pouvait chanter de la soul, du doo-wop, de la bossa nova. Richesses dans les harmonies et souvent un peu d'humour. La pièce que je vous propose date des années 1930 (Chick Webb) et vous noterez qu'elle est entièrement interprétée au synthé.
Enfin, Chick Corea et Gary Burton offrent une pirouette acoustique, mais la présence de cette pièce figure dans cet article pour vous raconter une anecdote. J'ai vu Gary Burton en spectacle, dans une boîte de nuit de ma ville, accompagnant un ami. Le vibraphoniste avait eu le chic de demander au public de cesser de parler quand il jouait et, de plus, quand un spectateur s'était approché avec son appareil photo, Burton avait cessé de jouer, l'avait pointé du doigt en ordonnant de ne pas faire une telle chose. Excusez du peu, hein...
Commentaires
Merci. Pour ma part, Manhattan Transfer est sans doute le premier ensemble de jazz dont j'ai suivi les activités de disque en disque. C'est grâce à eux que j'ai découvert maints classiques du style.
Je sais que Cheryl Bentyne be veut plus collaborer et que le membre fondateur est décédé. Ils vont poursuivre sans ces deux-là et je trouve l'idée un peu triste.
Le choix musical était un peu plus mince que pour les autres articles...
Salut Mario, c'est une période ou mon activité professionnelle me prenait beaucoup de temps, donc pas disponible pour écouter de la musique...J'ai apprécié toutes ces pièces dont une grande partie m'était inconnue....encore un bon moment musical....