Il y a un point commun avec le jazz des années 1990 et le blues et le rock du même moment : c'est une "vieille" musique, ce qui signifie qu'elle a ses racines, ses courants du passé, qui s'adaptent à une nouvelle technologie. Cette idée sera la base de ce que deviendra cette musique jusqu'à nos jours. Les standards, chansons populaires des années 1920-30, sont de plus en plus présents, jusqu'à surenchère de certaines pièces (Cry Me A River + Stompin' At The Savoy) alors que plusieurs jeunes artistes adaptent au son jazzé des pièces du domaine pop-rock : On s'essouffle à compter les reprises de Ain't No Sunshine (Bill Withers) et de Moondance (Van Morrison) et on peut ajouter les noms de Paul Simon, Sting (Avec ou sans Police) et toujours les Beatles. Ceci est sain. Comme exemple : Holly Cole reprend ici un titre du chanteur soul Johnny Nash.
Ah, Holly Cole! Pincez-moi si je me trompe, mais elle fut la première à sonner le retour des chanteuses, et, ô patriotisme, elles furent très nombreuses au Canada, telle Diana Krall, dont le joli minois incite des gens qui n'aiment pas le jazz à acheter ses disques pour regarder les pochettes. Photo ci-haut de la belle. Dans la foulée, une femme comme Mary Stallings, active depuis le début des années 1960, enregistre comme jamais elle ne l'avait fait avant.
C'est aussi le cas de d'un autre vétéran, le saxo Scott Hamilton, présent depuis les 1970, mais qui fait figure de recrue dans les 90. L'organiste Rhoda Scott répond au même phénomène.
C'est au cours de cette décennie qu'apparaissent des artistes qui seront extrêmement productifs dans le domaine du disque : le saxophoniste Harry Allen sera présent sans cesse, tant avec ses CD qu'avec des collaborations avec des chanteuses et d'autres musiciens. Rebecca Kilgore, chanteuse touche-à-tout, enregistre de deux à trois disques par année. Curieusement, son tout premier, en 1990, était une auto-production sur cassette seulement. Ajoutons le guitariste et chanteur John Pizzarelli, fils d'un guitariste bien en vue, qui offre régulièrement des disques de grande qualité, interprétant surtout des standards, mais aussi des chansons pop.
Parlant de tradition : c'est en 1990 qu'apparaît la compagnie Arbor Jazz, qui se spécialisera dans le jazz ancien revu et corrigé par des vétérans délaissés, offrant sans cesse des CD excitants. Exemple : le dynamique clarinettiste Allan Vaché, flirtant avec le dixieland.
Enfin, une nouveauté des années 1990 est aussi une 'vieillerie' : la jazz manouche, disparu au cours des années 1940 et qui avait été la fierté de Django Reinhardt et de personne d'autre. Pearl Django ne cache pas son influence et ces Américains sont à la base d'un mouvement qui va exploser au cours du 21e siècle.
En fin de compte, tout ceci était réjouissant, surtout parce que le jazz renouait avec une certaine simplicité chaleureuse absente des deux décennies précédentes.
Commentaires
Harry Allen, c'est sans risque et bon, la plupart du temps. Mais il enregistre tant et tant de disques qu'il devient difficile de suivre ses pas.
harry allen j'adore
C'est une sonorité plus contemporaine.
Résultat une bonne matinée musicale, j'ai même fait une deuxième écoute....
Alors, bon appétit musical.
Je vais écouter tout cela demain matin avec le sentiment de passer un bon moment après mon petit déjeuner....