Une décennie riche pour les Noirs, qui avaient le choix entre le Rhythm & Blues, le jazz, les groupes d'harmonies vocales, le rock & roll et le blues. Riche aussi à cause de la multiplication des compagnies de disques et des stations de radio dirigées par des Noirs. Dans ce dernier cas, je souligne que le blues n'a jamais connu de succès au palmarès général du Billboard, mais qu'il y en aura beaucoup chez ces stations d'ébène. Le blues des 1950 était majoritairement électrique et annonçait la scène rock du milieu des années 60. Cependant, l'approche acoustique existait toujours.
Dans cette optique, j'ai recours au duo Sonny Terry (harmonica) et Brownie McGhee (guitare). L'équipe s'est formée officiellement en 1957, mais ces deux-là collaboraient depuis longtemps, ayant été les élèves de Blind Boy Fuller, au début des années 40. Sonny & Brownie jouaient partout, et même à Trois-Rivières. Je le sais : j'étais présent! Autre longue carrière acoustique : le pianiste Memphis Slim, qui habitera en France, afin de fuir le racisme de son pays.
Qui dit blues des 50 dit Chess. La compagnie de Chicago abordera tous les styles, mais le blues sera omniprésent, avec de grandes vedettes et des figures importantes du style, dont l'incontournable Muddy Waters, (Photo ci-haut) qui était davantage qu'un chanteur et un guitariste : il était une présence. Je vous propose son classique, chanson archi reprise jusqu'à nos jours. Howlin' Wolf était unique : une voix grondante et rugueuse et avec Charlie Patton et Tommy McClennaon, voici notre troisième chanteur extrême de blues. Little Walter fut un extraordinaire harmoniciste, mais aussi un caractère impossible, spécialiste des engueulades et des bagarres dans les rues.
John Lee Hooker chantera longtemps, créant un style répétitif et heuuu... peut-être un peu trop répétitif ! Otis Rush était un bon guitariste électrique et je crois que je n'ai pas besoin de présenter cette chanson. Au fait, l'homme vient à peine de décéder. Elmore James et sa guitare tranchante aura une nette influence sur des gens comme Peter Green (Fleetwood Mac) et George Thorogood. Les années 50 marquent les débuts de BB King, qui, plus tard, deviendra le chanteur de blues favori des gens qui ne s'intéressent pas au blues. JB Lenoir est une exception à plusieurs points de vue. D'abord, ses initiales sont celles de Jean-Baptiste. Z'en connaissez beaucoup des chanteurs de blues avec un tel prénom? Ensuite : une voix très claire. Enfin : des sujets sociaux, comme le racisme, les injustices et, ici présente, la seule chanson que je connaisse sur la guerre de Corée. Au palmarès de Lenoir : une chanson censurée où il critiquait le gouvernement de Eisenhower.
Absence de femmes ? Oui, mais nuançons : plusieurs chanteuses de R & B ont enregistré des blues, telles Big Maybelle, Lavern Baker et Dinah Washington, sans qu'on puisse les qualifier de chanteuses de blues.
Commentaires
Merci à vous deux. La motié de ces chansons ont connu des interprétations et en connaissent encore, devenant ainsi des classiques.
Comme tu le dis si bien une décennie extraordinaire. Toutes ces pièces résonnent dans ma tête et me rappel mon adolescence...Je les écoute sans arrêt et elle me font vibrer comme au premier jour....
j'écoute avec plaisir