Parallèlement à son métier d'écrire des chansons à succès pour les autres, John D. Loudermilk a poursuivi sa carrière de chanteur, avec cinq microsillons pour RCA-Victor au cours des années 60. Des disques très différents des normes populaires de l'époque. L'instrumentation est souvent dépouillée, faisant en sorte que ces 33 tours ont très bien subi l'épreuve du temps qui passe. De plus, certains propos étaient quelque peu... hmmm, inhabituels. Oh, bien sûr, il y avait des thèmes d'amour et des chansons sans surprise, mais sa façon de faire demeure unique.
TOBACCO ROAD : Ne faisait pas partie des produits RCA, mais un 45 tours pour Columbia. Ces gens pensaient-ils vraiment qu'une chanson aussi rustre musicalement et parlant de pauvreté et de misère allait devenir populaire ? Cela débute ainsi : Je suis né sur une couchette, à la mort de ma mère, mon père s'est saoullé, avant de m'abandonner et j'ai grandi dans une cabane à la tôle rouillée. Hmmm... Deviendra la chanson la plus célèbre de mon invité. J'y reviendrai.
THE LAMENT OF THE CHEROKEE RESERVATION INDIAN : Même Dylan n'a pas osé. En réalité, Loudermilk avait écrit une version différente pour un chanteur amérindien du nom de Marvin Rainwater, en 1959. Une chanson sur l'assimilation de la nation amérindienne Cherokee par les Blancs, "qui nous ont mis sur une réserve, nous enlevant notre façon de vivre, notre langage et enseignant leur anglais à nos enfants." Ironie de la finale : "Les colliers jadis fruits de notre artisanat sont maintenant fabriqués au Japon." Vraiment ? En 1965 ? Deviendra un succès de 1971 par Paui Revere & The Raiders, sous le titre raccourci Indian Reservation. J'y reviendrai.
BROWN GIRL : "Comme dans la plupart des usines, les Blancs font le travail facile et sont vêtus de blanc, alors que les Noirs ont les travaux plus difficiles et sont vêtus de bleu." Un ouvrier a comme amour une jeune noire, ce qui est suffisant "pour que mes compagnons désirent me chasser de la ville". La fille elle-même est rétrogradée par son patron à cause de cette relation qui est même refusée par ses parents. Qui donc écrivait un tel propos en 1969 ?
ROAD HOG : Dans une veine plus légère, ce "Cochon de la route" raconte l'histoire d'un chauffard. Je la propose par curiosité, car cette pièce sera aussi populaire en français. Par qui, hein ? Par qui ? Bip Bip!
Commentaires
C'est une façon intéressate de percevoir la musique et je peux t'assurer qu'il y en avait alors peu de semblables.
4 pièces très intéressantes avec les explications que tu nous livres...J'aime cette façon d'écrire la musique....
Cela 'sonne' toujours très frais.
Intéressant ! J'ai bien aimé, merci Mario !