Du 78 tours au disque compact

Maggie, Terre et Suzzy Roche, des environs de New York, offrent une approche folk avec des voix qui harmonisent avec richesse, mais avec aussi des passages surprenants, inédits, ne manquant pas d'humour, comme les culbutes vocales de We, leur chanson de présentation. Leurs créations étaient aussi féminines. Dans The Train, la protagoniste replace la bretelle de son soutien-gorge ! Dans Mr Sellack, elle est prête à tout pour reprendre son emploi de serveuse aux tables. Leur disque éponyme avait été produit par Robert Fripp, de King Crimson, qui illumine Hammond Song avec sa guitare électrique.

Les soeurs sont toujours actives de nos jours, mais leur premier microsillon demeure le plus rafraichissant. 

Les plus particulières furent les Shangri-Las. Un premier pas en 1963 et un dernier en 1967. Entre ces deux années, des succès radiophoniques, mais aussi une façon de faire les choses de façon différente. Une belle équipe derrière ces quatre adolescentes : un producteur créatif en la personne de Shadow Morton, puis des gens doués pour composer des chansons uniques, très souvent la talentueuse Ellie Greenwich. Les Shangri-Las étaient formées de deux paires de soeurs, dont les jumelles Ganser. Les photos nous les présentent souvent comme un trio, mais en studio, elles étaient bel et bien quatre, Betty Weiss n'aimant pas chanter en public. Les sujets abordés allaient plus loin que l'incontournable chanson d'amour. De plus, j'adore les parties parlées de leurs chansons, comme des adolescentes qui se posent des questions, échangent entre elles. C'est très unique ! Leurs premiers succès étaient des mélodrames, à grand renfort d'effets sonores, mais les Shangri-Las ont aussi chanté des pièces légères et drôles. Autre aspect différent : alors que toutes les autres formations de filles se présentaient en public avec des jupes et robes, les Shangri-Las jouaient la carte des "filles dures" avec leurs bottes de cuir, des pantalons.

Le dernier disque date de 1967, mais en réalité, le groupe a continué sur scène, a enregistré des démos en 1976, mais qui sont demeurés inédits. Avec le temps qui passait, leurs chansons sont devenues des références rock, avec des extraits utilisés par les New York Dolls, Joe Jackson, les punk des Damned, sans oublier Blondie.

Les jumelles Ganser sont décédées, en 1970 et en 1996. La soliste Mary Weiss (la blonde aux longs cheveux) est devenue une femme d'affaires, avant de faire un retour sur disque en 2007.

LEADER OF THE PACK : Leur plus grand succès. Incompréhension parentale envers la fille amoureuse d'un motard, qui, plein de chagrin, se suicide.

I CAN NEVER GO HOME ANYMORE : Une ado veut s'enfuir de sa mère, qui ne comprend rien. Une copine lui conseille de ne pas le faire, car, suite à son expérience, sa propre maman est morte de chagrin. On n'en fait plus des comme ça.

GIVE HIM A GREAT BIG KISS : Très drôle ! J'adore quand l'une demande la couleur des yeux de son amoureux et que l'autre lui répond : "Je ne sais pas, il porte sans cesse des verres fumés." C'est aussi la seule chanson pop que je connaisse où le héros masculin a les ongles sales. Si, si.

SOPHISTICATED BOOM BOOM : Fête adolescente presque surréaliste où "les garçons portent des robes longues et les filles des cravates."

Andrews Sisters, Boogie Woogie Bugle Boy (1941)