Du 78 tours au disque compact

Il existe un certain mystère autour de la vie de Blind Blake. La date de sa naissance est incertaine et le moment de sa disparition n'est pas précis. Assurément en 1933 et il était dans la quarantaine. Ses disques se vendaient peu, si bien que pour les archivistes, il devient difficile de trouver des 78 tours en bon état. Sur les disques de compilation, on entend souvent des bruits parasites, dûs à l'usure des 78 tours d'origine, mais que cela ne vous empêche pas de vous délecter d'un doigté incroyable. De plus, comme dans le cas de beaucoup d'artistes d'ébène, il n'existe qu'une seule photo de l'homme. Avis aux guitaristes débutants : n'essayez pas immédiatement de jouer comme lui...

La présente pièce a été composée par le débutant Irving Berlin et c'est un mignon petit film. Deux anciens amoureux se rencontrent par hasard et la femme désire parler gentiment avec l'homme, marcher paisiblement et refaire connaissance, mais le candidat s'y refuse avec toutes les politesses, car il est maintenant un homme marié et son épouse est jalouse. Malgré l'explication, Ada ne comprend pas tout à fait cette attitude.

Une courte note technique : Pourquoi un homme annonce-t-il le titre de la chanson et l'interprète, au début de plusieurs de ces enregistrements ? Au commencement de la saga d'enregistrements, il n'y avait pas ces données sur les boitiers des cylindres ; qu'un numéro de catalogue, d'où cette idée d'informer le public de ce qu'ils allaient entendre. Sur les étiquettes de 78 tours, on pouvait voir ces noms, mais l'habitude prise avec les cylindres allait tout de même persisiter pour un certain temps.

Créé par le pianiste Scott Joplin, cette musique est identifiée au piano, à cause de la bande sonore du film The Sting (1973), alors qu'à l'origine, on n'entendait pas du tout de piano sur les premiers disques de rag. C'étaient des fanfares, puis du banjo, sans oublier des chansons où cette musique devenait le sujet des paroles, comme dans le cas du célèbre Alexander's Ragtime Band d'Irving Berlin.

Le genre fut très populaire entre 1900 et 1915. Par la suite, il y eut esssouflement, puis disparition, sauf dans le cas de la pièce Maple Leaf Rag, qui sera reprise maintes fois jusqu'à nos jours.

Le ragtime est l'ancêtre du jazz. C'était une musique joyeuse, mais pas si simple à jouer. Soyez attentif à chaque instrument sur la pièce du Zon-O-Phone Concert Band. Pas qu'une mince affaire! Aussi très habile : le banjoiste Vess L. Ossman (Notre photo) qui était le Lucky Luke du banjo : il jouait plus rapidement que son ombre. Dans ces deux cas, il s'agit de compositions de Scott Joplin, qui se refusait à enregistrer un disque, gagnant très bien sa croûte avec la vente de feuilles de partitions musicales.

Des adeptes du ragtime sont toujours actifs de nos jours, mais de façon confidentielle, spécialisée. Voici le vrai truc, avec le véritable 'son 78 tours'. N'oublions pas que tous ces enregistrements sont plus que centenaires.

Pour un peu de ragtime contemporain, voir cet article:

http://mariomusique.vefblog.net/5.html#Ragtime