À la naissance du disque, fin du 19e siècle, il y avait deux styles populaires : les fanfares et les ensembles vocaux masculins, qu'on appelait Barber-Shop. Ces messieurs harmonisaient de belle façon et ont tenu le haut du pavé jusqu'aux années 1920, pour alors disparaître pendant plus de vingt années. Après la guerre se manifeste un quatuor masculin, flanqué d'une femme, du nom de Pied Pipers. Ce sera la naissance d'un mouvement qui règnera au cours des 1950, de la même manière que les femmes présentées dans l'article suivant.
Ces hommes présentaient de la musique destinée aux adultes, qu'elle soit fantaisiste ou romantique. Ils étaient essentiellement blancs. Aucune trace d'un ensemble de Noirs. Les doo-wop, me direz-vous ? C'était du R & B et pas du tout la même approche. Ils portaient tous des noeuds papillons et des vestons, et les plus rebelles y allaient avec la cravate. C'était le son de l'Amérique conservatrice.
Comme chez les femmes, ces ensembles vocaux ont dominé les palmarès radio, pour disparaître des ondes au cours de la décennie suivante. Cependant, la plupart de ces ensembles ont chanté pendant longtemps au niveau de spectacles de cabaret, de Las Vegas ou de tournées nostalgiques. Ed Ames, soliste des Ames Brothers, deviendra vedette de country type chanteur de charme. Photo ci-haut : les Four Lads. Les quatre chansons seront des succès populaires, y compris l'étrange Istambul, qui sera reprise par certaines artistes contemporains tels They Might Be Giants.
Pour la source de tout ceci :
http://mariomusique.vefblog.net/209.html#Chanter_chez_le_barbier
Des soeurs qui chantent en harmonie, il y en a toujours eu et il en existe encore. Par contre, il y a eu un âge d'or, avec des caractéristiques très propres, représentant des bonnes filles américaines qui vont dans le droit chemin : les années 50. Idéales à épouser, sans aucun doute d'excellentes cuisinières, patriotes, croyantes et blanches. Pourquoi cette dernière remarque ? Parce qu'on ne croisait pas de formations semblables chez les Noirs.
Ce mouvement a certes été inspiré par les succès des soeurs Andrews au début des années 40. Après la guerre, les trios et quatuors émergent et iront en s'accroissant, si bien qu'au cours des 50, elles sont partout, avec des chansons romantiques ou enjouées. Elles présentaient tout le temps la même image : robes identiques, bijoux, et sortant chaque semaine d'un salon de coiffure. Elles ont alors été légion, avec des gagnantes et des perdantes. De façon générale, l'aventure ne durait que quelques années, car le mariage et les maternités étaient leur but naturel, dans la vie. Des quatre que je propose, seules les McGuire ont dépassé la décennie 50, mais essentiellement comme artistes de scène, dans une optique nostalgique. Photo ci-haut : les Fontane Sisters. Je souligne que les chansons offertes ont été des succès radiophoniques. Prochain article : leurs équivalents masculins.
Pour entendre les meilleures, suivez ce lien :
http://mariomusique.vefblog.net/34.html#Chanter_comme_les_Chordettes
2. jakin le 06-11-2019 à 18:37:11 (site)
Propres peut-être, sages pas si sur....en tout cas elles ne m'ont jamais été présentées....
3. MarioMusique le 06-11-2019 à 21:52:59 (site)
C'est la musique, qui est très sage.
Au début des années 50, Alan Freed était un animateur pour une station de radio de Cleveland. Il avait alors noté que le jeune public blanc préférait synthoniser une station de Noirs pour entendre du rhythm & blues. Alors, Freed se mit à faire tourner ces disques et à changer le nom R & B pour Rock & Roll, terme souvent entendu sur ces enregistrements.
Freed deviendra un promoteur de cette musique, avec un emploi prestigieux pour une radio de New York, sa présence dans quelques films de série Z, une émission de télé, l'organisation de spectacles avec plusieurs artistes à l'affiche, avant que sa carrière ne soit brisée lors d'un procès où il fut prouvé qu'il touchait de l'argent de compagnies de disques pour faire tourner en ondes certains enregistrements.
Il n'existe pas de disques en public du bébé rock & roll. On croise des extraits d'émissions de télé, mais dans un tel cas, l'artiste mimait son plus récent 45 tours. Il faut se tourner vers de rares retransmissions de spectacles, diffusés par la radio et conservés sur ruban ou sur acétate. Le cas des événements organisés par Alan Freed pour la station de New York, en 1956.
En écoutant ces bandes (Avertissement : ce n'est pas de la 'haute fidélité!') on constate que des filles qui criaient existaient avant les Beatles. Aussi, un formidable enthousiasme se dégage ce ceci, avec les claquements de mains, les cris aux bons endroits. À cette image, la chanson des Cleftones est exemplaire. Soyez attentifs aux réactions du public. De plus, on y croise la grande qualité de Freed : l'intégration d'artistes d'ébène aux Blancs, avec ici le R & B de la toute jeune Etta James et le doo wop des Cleftones. Des archives, donc, mais aussi une façon de constater comme cette musique avait séduit la jeunesse de 1956.
1. Fanny39 le 05-11-2019 à 10:20:03 (site)
Merci, Bon mardi et très bonne semaine avec peut être un temps clément
3. MarioMusique le 05-11-2019 à 20:26:55 (site)
Le plus important, c'est la réaction du jeune public. Et Johnny Burnette casse la baraque !
4. Maritxan le 06-11-2019 à 19:03:19 (site)
Merci pour ces archives, elles font toujours autant d'effet. Super pour commencer la journée du bon pied !
5. MarioMusique le 06-11-2019 à 21:52:13 (site)
Eh oui !
Parmi les phénomènes accompagnant l'immense popularité des jeunes Beatles, voici une réalité oubliée : des chansons célébrant le groupe. Il s'agissait avant tout d'initiatives de compagnies de disques pour profiter de la manne Beatles et une seule des chansons que je présente a connu un modeste succès radiophonique, celle des Carefrees, en Angleterre. Je crois bien que ces formations vocales d'adolescentes étaient des groupes bidons, car sauf le cas des Carefrees et des Vernon Girls : un essai et puis disparaissent. Les voix sont jeunes et une seule de ces chansons, celle de Donna Lynn, est l'oeuvre d'une femme plus âgée.
Bien sûr, il y a de multiples références à la coupe de cheveux de John, George, Paul et Ringo, sans oublier les Yeah Yeah Yeah. Notons le nom de Bootles, où les ados offrent une chanson réponse au succès I Want To Hold Your Hand.
Les trois dernières pièces sont par des hommes, qui n'aiment pas les Beatles. Des jaloux! Cependant, ces messieurs s'expriment par le voie de l'humour, comme chez le comédien Alan Sherman, qui dit des choses horribles. Même le très populaire Paul Anka, davantage compatissant, s'y frotte.
Soulignons qu'au Québec, une formation féminine portait le nom de Beatlettes, mais elles n'ont pas enregistré de chanson des Beatles ni un hommage. Enfin, toutes les chansons de cet article sont de 1964.
2. MarioMusique le 31-10-2019 à 16:25:08 (site)
J'aime bien ce qui est relatif à ce groupe, particulièrement les interprétations.
Il n'existe pas de CD relatif à ces dix chansons. Je les ai trouvées sur diverses compilations, sur Internet, cela depuis des années.
3. jakin le 04-11-2019 à 13:23:28 (site)
Beau travail de compilation sur ce groupe mythique...mais pour mes oreilles ces demoiselles crient beaucoup trop....
4. MarioMusique le 04-11-2019 à 15:39:05 (site)
L'on pense que les spectatrices se soint mises à crier avec la venue des Beates. Pas du tout! Ceci me donne une idée....
Nous sommes en 1961, au coeur de la vague des danses futiles et des idoles bellâtres dépourvues de voix, quand soudain surgit de nulle part une chanson incroyablement mélodique, chantée délicatement par une jeune femme. Shelby Flint fut, je n'en doute pas, la première surprise de ce succès radiophonique. Quelle jolie, si jolie chanson! À classer sur ma liste quand je me rendrai sur une île déserte.
Shelby Flint était en principe une chanteuse folk, mais elle a accepté des arrangements orchestraux pour sa chanson et son premier microsillon, à condition que cela ne soit pas trop envahissant. Après ce disque, intitulé "Quiet Girl" (La fille tranquille), il y en aura un autre, en 1963, du titre "Folk Singer", où elle chante sans cesse de cette douce façon. Un troisième suivra en 1966, moins intéressant, puis... plus rien? Une tentative ratée de retour au début de la décennie 1990, sans lendemain.
1. jakin le 04-11-2019 à 13:27:11 (site)
Une belle voix qui dans les années 60 ou tout gesticulait, pouvait passer pour anachronique....
2. MarioMusique le 04-11-2019 à 15:37:21 (site)
Les jeunes chanteuses folk avaienr ce type de voix, mais chez Shelby Flint, c'est plus doux.
Commentaires
1. ANAFLORE le 07-11-2019 à 07:21:50 (site)
Comme les filles des garçons très classes !une autre époque
2. jakin le 07-11-2019 à 09:36:04 (site)
Merci pour ces deux articles en miroir qui nous plongent dans les arcanes de la musique propre et blanche...
3. Marioromans le 07-11-2019 à 16:18:50 (site)
En fait, je n'ai pas de disques de ces gens. Seulement des pièces glanées sur des compilations ou sur Internet
Pas tellement ma tasse de thé, mais comme cela a existé...
Naughty Lady Of Shady Lane a été repris par les soeurs Roche, ces dernières années. C'est une chanson comme une nouvelle : on ne connaît le secret qu'à la toute fin. C'est à propos d'une vilaine fille qui aime l'affection, ne refuse jamais un verre, qui attire l'attention des hommes etc, et elle est âgée de... neuf jours !