Il n'existe pas de disques acapella de groupes d'harmonies vocales. Les disques étaient essentiellement des 45-78 tours destinés à la radio. Rares les formations qui avaient droit à un microsillon. Pensez-vous qu'une station de radio allait faire tourner une chanson sans instruments de musique? Pourtant, des enregistrements semblables, j'en ai une quarantaine. Qu'est-ce que c'est ? La trame vocale d'un disque non complété. Cela peut aussi être une répétition ou une chanson refusée par un représentant de la compagnie de disque, présent en studio.
Cependant, tous les disques de doo wop ont débuté ainsi : les chanteurs répétaient à la maison, dans leur garage, au coin de la rue. L'essence même de cette musique était avant tout vocale. On croise une certaine spontanéité sur ces bandes, sauf dans le cas des Spaniels (Notre photo), que j'avais déjà présenté en vedette. Il y a là une richesse merveilleuse dans les voix et les arrangements vocaux.
Il ne faut pas s'étonner que dans l'héritage du doo wop, les groupes contemporains sont avant tout des ensembles acapella.
FIVE KEYS : Toujours le gazouillis! Cette fois, la fête va selon la tradition. Le soliste nous assure que les feuilles sont tombées et que la neige recouvre le sol. Tout est donc parfait.
DRIFTERS : Les valeureux Drifters (Notre photo) offrent une version personnelle du grand classique de Bing Crosby.
CADILLACS : Les sympathiques Cadillacs optent aussi pour un air très connu : le petit renne au nez rouge. Mignon.
MOONGLOWS : Le contraire des Orioles : la petite amie choisit la fête pour revenir vers son amoureux. Il en profite pour demander à la demoiselle de s'installer près de l'arbre, car elle est un joli cadeau du père No.
1. jakin le 23-12-2017 à 15:25:43 (site)
C'est mignon toutes ces pièces pour Noël, avec une préférence pour les Cadillacs et les Moonglows...
2. MarioB le 23-12-2017 à 15:42:55 (site)
Jamais de problèmes avec les Cadillacs. C'est toujours rigolo et dynamique.
JOHNNY CYMBAL & RONNIE BRIGHT : Pas formellement du doo wop, mais une chanson comique qui illustre bien le propos de cet article. Peu importe le talent du chanteur soliste, ce que l'on appréciait en premier lieu, c'était le basson. Ici, le Blanc Johnny nous assure que le chanteur basse est le 'roi caché du rock & roll' et désire chanter ainsi. Il demande au Noir Ronnie de lui enseigner. Le professeur note les défauts de la recrue, mais à la fin du disque, Johnny y arrive et chante en duo avec son prof. Ronnie Bright faisait partie d'un groupe du nom de Valentines et sur le 45 tours d'origine, il n'était pas crédité sur l'étiquette.
MARCELS : Le disque suivant Blue Moon et qui répète la même formule : reprendre un succès lent de jadis et l'accélérer, puis demander à Fred Johnson de sortir de son sac une onomatopée accrocheuse. Ce gars était fantastique! Sera aussi un succès radiophonique.
REVELS : Un disque obscur et un de mes favoris, à cause de l'élasticité qu'on y croise. Enlevez le basson et ça devient très banal.
SPANIELS : (Notre photo) Une des formations phare du mouvement doo-wop, avec un soliste, Pookie Hudson, dont la voix préfigurait les chanteurs souls de la décennie suivante. Le basson était Gerald Gregory et il faut avouer que son intervention demeure inoubliable.
VELOURS : Tous les amateurs de Doo adorent ce disque, parce que le basson se manifeste de diverses façons dans tous les coins et aux moments où on ne l'attend pas. De plus : Frank Zappa empruntera sa façon de faire lors des premiers disques des Mothers. L'on sait que le moustachu était un collectionneur de disques de Doo Wop et un grand admirateur du style. Or, le gars des Velours et Zappa : même basson!
1. jakin le 21-12-2017 à 13:46:15 (site)
Les 3 premiers, un peu plus rapide, me plaisent mieux, pour l'énergie qu'ils dégagent....
2. MarioMusique le 21-12-2017 à 15:19:09 (site)
C'est certain qu'ils avaient de l'énergie. Surtout le gars des Marcels !
Cameos : Lost Lover (1961)
La formule d'avoir une demoiselle comme chanteuse soliste n'a pas été courante dans la sphère doo-wop. Je ne connais que deux chansons à succès, puis une foule d'obscurités. L'approche était cependant intéressante et différente.
LILLIAN LEACH & THE MELLOWS : Aggggrrr! Et une autre injustice! Pourquoi diable un tel talent n'a eu aucun écho? Il suffit d'écouter cette jeune femme : elle avait une voix superbe! Des gens de Brooklyn et une dizaine de 45 tours entre 1954 et 1956, mais seulement un a tourné à la radio, mais très localement. J'adore la photo ci-haut : ces jeunes personnes n'ont-ils pas l'air fiers de poser avec leur disque, accompagnés par le légendaire DJ Alan Freed? Lillian Leach est un trésor caché!
TUNE WEAVERS : Voici un des deux succès. En fait, il y avait dans ce groupe deux filles et autant de bleus. Chose rare : on croise dans cette chanson une ombre de blues. Le quatuor s'est séparé en 1961, mais la chanteuse soliste enregistrera du jazz, cela jusqu'au cours de la décennie 1980.
CHESTNUTS : Possible que cette chanson ait tourné dans les stations pour Noirs, car le groupe avait une réputation. La chanteuse était Ruby Whitaker et elle se produira en solo.
CAMEOS : Les deux seules choses que je sais : des jeunes gens du New Jersey et le l'unique disque qu'ils aient enregistré. J'aime bien le passage parlé.
CORDIALS : Aucune idée de qui pouvaient être ces personnes!
SHIRLEY GUNTER & THE QUEENS : Cette Shirley était la soeur d'un membre des Platters et a fait partie de ce groupe, qu'elle quitte pour former cet ensemble entièrement féminin, le premier du genre dans le Doo Wop, mais qui ne durera que deux années.
BOBBETTES : Regardez la jeunesse de ces minois! Pas de tout repos, cependant, car lorsqu'elles se présentent en studio, la chanson porte le titre de I Shot Mr Lee : J'ai buté monsieur Lee. Les gens de la compagnie Atlantic leur ont fait savoir que de charmantes adolescentes ne doivent pas parler de tuer qui que ce soit. Alors, les paroles furent changées, mais les Bobbettes reviendront avec cette histoire de meurtre trois ans plus tard. Leur seul succès grand public, mais une présence jusqu'à la fin des années 1970, dans une veine davantage soul.
SHIRELLES : Le premier disque de ce quatuor et du véritable bonbon pop, avec ses claquements de mains et chacune des filles y allant de leur couplet, avant d'harmoniser ensemble. Aussi dans une veine plus soul, les Shirelles deviendront l'ensemble féminin le plus populaire de l'ère pré-Beatles. D'ailleurs, les Beatles ont repris deux de leurs chansons.
CHANTELS : Chose rare : elles écrivaient leurs propres chansons. Elles avaient comme soliste une chanteuse à la voix remarquable. Aussi célèbres pour la censure de la pochette de leur seul microsillon. Qu'est-ce qu'elles faisaient de vilain? Rien : elles étaient noires. Or, quand Maybe est devenu un succès grand public, la compagnie de disques a changé la pochette pour présenter deux Blancs près d'un juke-box. Cachez ces Noires que nous ne saurions voir. Tiens! Un ajout, pour illustrer cette histoire de pochettes.
2. MarioMusique le 19-12-2017 à 08:48:24 (site)
Je viens d'ajouter les deux pochettes.
3. jakin le 19-12-2017 à 15:52:17 (site)
De très belles voix dans ces pièces et honte au racisme....
4. MarioMusique le 20-12-2017 à 00:07:32 (site)
Il y a beaucoup de cas de censure raciale sur les pochettes de disques des années 1950. Les seuls Noirs qui avaient droit à des photos d'eux-mêmes sur leurs disques étaient les musiciens de jazz et les artistes avec notoriété, comme Louis Armstrong, Nat King Cole. Je me pencherai sur cette question un de ces jours...
Commentaires
1. jakin le 26-12-2017 à 10:00:21 (site)
Surprenant, mais intéressant car il y a de belles voix en harmonie entre les aiguës et les graves...
2. MarioMusique le 26-12-2017 à 11:51:22 (site)
C'est le secret du genre.