David Seville & The Chipmunks : Alvin's Harmonica (1959)
Notre dernier article, pour la compagnie qui a été active le moins longtemps dans le domaine de la distribution de disques américains. Comme son nom ne l'indique pas clairement, London était une compagnie... américaine, fondée en 1948 par Decca et destinée à l'Angleterre pour faciliter l'entrée de disques US en Europe. Inversement, les produits britanniques pouvaient être entendus en Amérique via l'étiquette London. Immédiatement, un bureau est établi à Montréal et London-Canada dépassera rapidement les activités de la branche yankee.
London commence la distribution des produits de petites compagnies en 1955. On pouvait compter sur ERA, les premiers disques Cameo et surtout sur les 45-78 de Liberty, lancés ici sous l'étiquette London-Liberty. Ce contrat cesse en 1960 et London se tourne vers des entreprises d'abord connues via Quality : Dolton, Sun, Jamie et, brièvement, les disques produits par Phil Spector pour Philles. Les populaires Ventures, Duane Eddy et Johnny Cash sont des artistes London, au Canada.
London cesse ses activités de distribution en 1964, sauf pour les disques Decca d'Angleterre, dont tous les classiques des jeunes Rolling Stones. Deux étiquettes sont ajoutées, Parrot et Deram, faisant connaître aux Canadiens des artistes comme les Zombies, les Moody Blues. London donne aussi des chances à des artistes canadiens. La compagnie cesse ses activités en 1980, rachetée par Polygram, qui relance l'étiquette London pour des jeunes artistes britanniques, connaissant beaucoup de succès avec Bananarama.
De toutes ces compagnies canadiennes, London a été la plus active pour les artistes québécois. Jacques Labrecque enregistre pour London dès 1951. Les chanteurs western sont de la partie, avec le populaire Willie Lamothe en tête. London participe à la vague yéyé de la décennie 1960 et ne doutons pas que la maison connaît ses plus grands succès commerciaux grâce à des artistes québécois, au cours de la décennie 1970 : André Gagnon, Garolou, Plume Latraverse.
Voici quatre succès populaires vus sur étiquette London au Canada.
GOGI GRANT : Succès oublié, mais chanson qui fut très présente au cours de la décennie 1950. Elle sera reprise par Neil Young.
DAVID SEVILLE & THE CHIPMUNKS : Qui étaient les voix des trois bestioles ? David Seville, en plus de son rôle de narrateur. Bref, malgré l'approche enfantine de ces disques, il y avait là un notable travail de producteur.
DUANE EDDY : Pièce d'exception pour ce roi de la guitare rock : il y a des violons, sur ce 45 tours. Une chouette mélodie, pour un film portant le même titre.
CHRIS MONTEZ : Un chanteur du Mexique et une des premières utilisation d'un petit orgue Vox, inventé la même année.
Betty Roché fut la chanteuse de l'orchestre de Duke Ellington, après la guerre. Ce qui n'est pas une très bonne période pour l'homme... Volant de ses propres ailes, la femme n'enregistrera que trois microsillons. Vraiment peu, considérant l'excellence de sa voix et l'approche purement jazz. Ce disque de 1956 présente, en réalité, des chansons enregistrées au cours des années précédentes sous forme de 45 tours et de EP. Le 33 tours alterne les balades avec les pièces plus rythmées, avec du vibraphone. Betty Roché est décédée en 1999.
Betty Roché, September In The Rain, 1956, Take The A Train
J'avais déjà présenté cette chanson, en version plus récente. Si, si, il y a de la musique au-delà de la page 1. Voici le lien :
http://mariomusique.vefblog.net/13.html#Une_voix_un_saxo__Denise_Perrier
2. MarioMusique le 09-05-2016 à 21:27:25 (site)
Oui, elle gazouille !
3. sambapati le 10-05-2016 à 01:31:44 (site)
JAKIN m'enlève les mots de la bouche ! Très joyeux gazouillis ! Et que dire de la beauté de la pochette ! Merci de ce plaisant partage. Bonne journée demain.
musicalementd
4. MarioMusique le 10-05-2016 à 04:01:25 (site)
Oui, c'est une jolie pochette. Le titre provient d'un célèbre chanson d'Ellington et Betty Roché l'a chantée souvent, quand elle était avec l'orchestre du Duke.
Un grand 45-78 tours à cause de son aspect technique. Au moment de son enregistrement, en 1951, le multipiste n'existait pas. Cependant, dès que les rubans magnétiques ont remplacé les acétates (Circa 1948), des musiciens et producteurs ont été tentés par l'idée qui paraît simple aujourd'hui, mais qui était casse-cou à ce moment-là : enregistrer, par exemple, une piste de guitare, puis ajouter le batteur qui joue en écoutant la piste de guitare, etc. Un expert de la technique était le guitariste Les Paul (Oui, avant d'être une guitare, Les Paul était un être humain!).
Les Paul et son épouse Mary Ford baseront leur répertoire sur cette technique, mais au service d'une musique conservatrice. L'exception est How High The Moon, jeune standard de jazz enregistré une première fois par Benny Goodman, sans oublier la version brillante de Ella Fitzgerald.
Sur ce disque, Les Paul joue de tous les instruments. Il est le seul musicien présent. Comme si ce n'était pas assez, il double, puis triple la voix de sa compagne. Je ne sais pas combien de fois cet homme et cette femme se sont exprimés sur ruban sur ruban, mais le résultat est étonnant. D'autant plus étonnant que ce disque est considéré comme un proto rock & roll, particulièrement lors du solo de guitare, qui ressemble étrangement à ce que fera Mark Knopfler avec Dire Straits trente années plus tard. Superbe!
1. sambapati le 08-05-2016 à 01:31:23 (site)
Article très intéressant comme d'habitude de ta part. Merci de ce partage très instructif. Bonne fin de semaine.
musicalementd
2. MarioMusique le 08-05-2016 à 16:55:38 (site)
Je ne savais pas que j'étais z'instructif ! Ah ! Ah !
FÉLIX LECLERC : Les premiers disques de Félix ont été enregistrés en France, avec un orchestre. Ces 78 tours sont demeurés cachés jusqu'aux années 1990. Les Québécois étaient familiers avec les versions acoustiques proposées en 1960 sur le microsillon Mes premières chansons. J'avoue que la version d'origine du Petit Bonheur me donne des boutons, tant tout ceci me paraît si éloigné du Félix que tout le monde a connu. Quoi qu'il en soit, voici la façon dont le public de 1951 a connu Félix. (Notre photo)
GEORGES BRASSENS : Avec l'homme, pas de problème : dès le départ, il établissait ce qu'il fera au cours des trente prochaines années : la voix, la guitare acoustique, les propos. Bravo !
JACQUES BREL : Pas que la chanson soit mauvaise, mais tout ceci est tellement étranger à l'univers de Grand Jacques. Ce disque 78 tours, enregistré en Belgique, ne vendra pas 200 copies dans son pays. Ni ailleurs.
1. anaflore le 07-05-2016 à 07:12:21 (site)
felix leclerc j'adore quand j'étais au canada dans le car on nous mettait ses chansons bon wk
2. Nyxie le 07-05-2016 à 09:42:32 (site)
J'avais fait un article sur mes chanteurs préférés, Félix Leclerc était en tête principalement avec le Petit bonheur... Tu as encore mis dans le mille !
Je t'ai posé une question sur ton autre blog.. j'attends la réponse.
Bon samedi
3. MarioMusique le 07-05-2016 à 11:10:32 (site)
Je suis assez vieux pour avoir vu Félix Leclerc en spectacle. Je pense que cette première version de cette chanson est horrible...
4. jakin le 07-05-2016 à 16:44:51 (site)
Bonsoir Mario, 3 monuments de la chanson française.....Felix Leclerc en 78 tours est surprenant ?
5. MarioMusique le 07-05-2016 à 17:18:23 (site)
Oui, à cause des orchestrations trop convenues.
6. sambapati le 08-05-2016 à 00:37:43 (site)
Je ne me souviens pas de la troisième, celle de Jacques Brel. Merci du partage et de retour dans le temps. Bonne fin de semaine.
musicalementd
7. MarioMusique le 08-05-2016 à 16:54:42 (site)
Bienvenue.
Pendant plus de cinquante ans, Jacques Normand fut un touche-à-tout de talent. Humoriste cynique, comédien, animateur à la radio et à la télévision, concepteur de revues musicales. L'apport le plus riche de l'homme a été son implication dans deux boîtes de nuit de Montréal, au cours des années 1940-50, où il donnait la chance à des comédiens, des musiciens, chanteurs et chanteuses du Québec. La vie nocturne montréalaise était alors anglophone, mais les francophones ont pu trouver un lieu pour se produire dans des bonnes conditions. Jacques Normand engageait aussi des Français de passage, tels le tout jeune Charles Aznavour et son pianiste Pierre Roche.
La carrière de chanteur de Jacques Normand est mal connue car les 45-78 tours enregistrés pour RCA de 1948 à 1950 sont demeurés dans les limbes pendant des décennies. Sa chanson la plus célèbre est Les nuits de Montréal, célébration fière de son univers festif francophone, le tout sur un p'tit air à la Trenet. Voici cette chanson. Les trois suivantes sont signées Aznavour-Roche et, de nouveau, l'ombre de Trenet planaît dans le coeur de Jacques Normand. L'homme est décédé en 1996.
2. sambapati le 06-05-2016 à 00:51:25 (site)
Il y a un sacré bout de temps que j'avais entendu ce drôle de pistolet... Son nom à la naissance était Raymond Chouinard(pour anaflore). Son plus grand succès a certainement été " Les nuits de Montréal ". Je me souviens de lui davantage dans son rôle d'animateur à la TV avec Roger Baulu. Merci de ce partage et bonne journée demain.
musicalementd
P.S. J'espère que tu ne m'en voudras pas d'avoir mentionné son vrai nom. Tu l'aurais peut-être fait de toute façon...
3. MarioMusique le 06-05-2016 à 04:00:12 (site)
Je savais, pour Chouinard, car son frère - ou son cousin ? - était directeur des loisirs du Cap-de-la-Madeleine quand j'étais petit et il venait souvent à la maison, puisqu'ami avec mon père.
Sur ce disque de compilation, il y a le thème des Couche-Tard et j'avais été étonné d'apprendre que ça avait été écrit par Jean-Pierre Ferland.
4. jakin le 06-05-2016 à 15:37:20 (site)
C'est juste un an avant ma naissance....J'ai l'impression d'entendre Maurice Chevalier ?
5. jakin le 06-05-2016 à 15:37:33 (site)
C'est juste un an avant ma naissance....J'ai l'impression d'entendre Maurice Chevalier ?
6. MarioMusique le 06-05-2016 à 22:49:43 (site)
Sur le disque de compilation, il chante un air de Chevalier, un autre de Trenet. Il s'agit certes d'une influence. Merci deux fois.
Commentaires
1. sambapati le 11-05-2016 à 15:09:46 (site)
Ton article est hautement " instructif " encore une fois. Merci de ce captivant partage. Bonne fin de journée.
musicalementd
P.S. Ma favorite est " Wayward Wind " probablement à cause de la version de Neil Young.
2. jakin le 11-05-2016 à 15:19:03 (site)
Bonsoir Mario, Mais ou vas tu chercher toutes ses informations...J'en suis "bouche Bée"...Je reconnais tout de même la dernière pièce présentée....
3. MarioMusique le 11-05-2016 à 17:45:33 (site)
J'avoue que cette série (9 articles) et celle sur les équipes de compositeurs proviennent d'un blogue caduque sur une autre plateforme et qui est appelée à disparaître. J'ai tout fait ça sous l'indifférence la plus absolue, alors qu'ici, au moins, il y a deux personnes qui viennent. C'est donc du couper-coller, sauf dans le cas des chansons, qui ne sont pas obligatoirement les mêmes. Je pense qu'il y avait beaucoup de travail dans ces articles et que ce serait dommage de tout perdre.
Je nage dans les disques depuis mon enfance, j'ai travaillé à la radio pro. Conséquemment, il y a deux ou trois choses que je connais. Pour les naissance des compagnies, c'est indiqué sur Internet. La partie la plus importante a été de regarder entièrement les disques distribués par ces compagnies, d'obsever, prendre des notes. Pour cela : un site monstrueux, qui répertorie tous les disques US, Australiens, Brittaniques et Canadiens des années 50-60, un peu 70.
Voici le lien. Des semaines de plaisir si vous vous décidez à consulter !
http://www.globaldogproductions.info/