UNDERWORLD : Go Away (1968)
Le seul disque de cette formation de Toronto et une histoire typique de l'univers des perdants. À l'origine, un 45 qui ne s'est pas vendu, ignoré, rapidement mis à la corbeille du dépotoir du disque. Cependant, la chanson sera présente sur un grand nombre de 'compilations garage" et le public preneur du style en fera son favori. N'avez qu'à passer sur Tutube pour voir les commentaires.
Un rock nerveux et rapide, qui va en cavalcade, traversé par un solo de guitare profondément tordu. Ne peut ressembler à rien au début, mais devient plus intense à toutes les trente secondes. Notez la finale pleine de distortion. De plus - mais je n'en suis pas certain - le chanteur marmonne Fuck You à deux reprises, chose extrêment rare pour l'époque.
On rencontre souvent chez ces ensembles des approches inédites, qu'on ne croisait pas chez les formations rock établies et célèbres. C'est le cas de ce groupe de Chicago, avec ce titre qu'on croise sur toutes les compilations 'garage'. La structure est particulière, concentrée sur des accords supersoniques d'un guitariste névrosé. De plus, le chanteur semble très morveux. J'ai toujours pensé que cette chanson préfigurait les futurs groupes de prog-rock. Nerveux, nerveux, nerveux ! Ne ratez pas le solo central. Ce sera le seul disque de ces Banshees.
La première fois que j'ai entendu cette chanson, j'avais bondi, n'ayant jamais de ma vie entendu un rock aussi touffu et excitant. Why figure dans ma liste des 10 meilleures chansons rock de tous les temps. Musique pleine de guitares tranchantes, un dérivé robuste de Louie Louie, mais c'est le chanteur qu'on remarque avant tout.
Je n'ai jamais entendu un type aboyer autant dans son rôle de chanteur. Il est menaçant et intense à la fois. Il semble enragé d'un bout à l'autre et le tout, curieusement, au service de paroles tartes du genre "Je t'aime beaucoup - J'ai besoin de ton amour" et autres clichés usés. Sauf que le chanteur nous aboie ces âneries comme s'il avait le feu au cul. Si vous croyez avoir tout entendu, c'est que vous avez raté la finale. Notre homme semble encore plus enragé ! Tant et tant unique !
Les Dirty Wurds était une formation de Chicago qui, plus tard, enregistrera un microsillon pour la légendaire compagnie Chess.
1. Maritxan le 22-10-2020 à 14:28:55 (site)
Un rock touffu, oui, excitant non, pas pour moi. En parlant du chanteur (si l'on peut appeler ça comme ça), comme tu le dis "aboyer" est peut-être le mot le plus juste !
Tu dis aussi, "Why figure dans ma liste des 10 meilleures chansons rock de tous les temps". Je veux bien te croire, chacun ses goûts ! Comme on le dit souvent, "les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas ! "
Bonne journée ! @+
2. MarioMusique le 22-10-2020 à 20:12:47 (site)
La plupart des groupes de cette scène dite marginale étaient plus radicaux que ceux reconnus par l'histoire musicale de ce moment, d'où ma passion. J'apporterai d'autres exemples.
Relativement à Why : avec mon copain Gilles, au début des années 80, on avait rencontré des gars d'un groupe hard-rock, se spécialisant en Led Zeppelin et ils avaient décidé de former un groupe parallèle pour célébrer le rock du passé, qu'ils ne connaissaient pas. J'étais comme leur encyclopédiste et j'avais proposé Why, que les jeunes avaient adoré et ils l'avaient joué dans des bars.
Un grand moment de ma vie !
La série Pebbles est une réponse à l'approche de Nuggets, mais en se basant sur des disques obscurs et que des 45 tours, la majorité n'ayant pas eu à l'époque l'aide d'une maison de disques importante. C'étaient des produits régionaux, à petit tirage, parfois produits par les musiciens eux-mêmes et qui vendaient leurs 45 tours au public de leurs spectacles. L'approche de Pebbles est nettement plus primitive que Nuggets.
Ce qui m'a frappé avec la série Pebbles est le nombre de ces groupes, modifiant beaucoup la perception que j'avais du rock des années 60. Pourquoi tant et tant de formations ont tenté leur chance précisément entre 1965 et 1968 ? Réponse facile : le baby boom ! Tout le monde sait que dans l'univers de l'après guerre, il y a eu beaucoup de bébés dans les familles. Ils étaient adolescents autour de 1963 et ont entendu Louie Louie, pensant "Moi aussi, je peux faire comme les Kingsmen". Ajoutons les Beatles, les Stones, Kinks, Yardbirds, etc. Dans la foulée de cette manne : naissance de centaines de petites compagnies de disques à la recherche de musiciens. Enfin : un publc jeune très large, prêts à danser, s'amuser au son d'un groupe dans des salles de loisirs, les écoles, etc.
L'influence musicale de la plupart de ces groupes ? Les Beatles ? Pas tellement... Les Rolling Stones et les Yardbirds viennent en tête de liste. Ce qu'on entend surtout sur ces disques : la pédale fuzz branchée sur les guitares, l'orgue Farfisa, des chanteurs hargneux. Les styles ? Rock dur, débridé, R&B, puis le courant psychédélique.
La série Pebbles a vu le jour en 1978 et comptera douze volumes, commercialiés rapidement. Dans la foulée et comme la manne paraissait infinie, on pouvait croiser d'autres séries de compilation, se concentrant sur des pays, des histoires de compagnies de disques obscures et des régions (Comme dans les Hights in the mid-sixties, avec une vingtaine de 33 tours.)
Les disques d'origine de Pebbles n'ont pas été réédités sous forme CD. Cependant, en ajoutant des pièces glanées ailleurs, et avec d'autres pochettes, on compte près de trente Pebbles en CD, lancés au cours de la décennie 1990. Wiki parle d'autour de 800 chansons.
J'ai été preneur dès le début, découvrant d'extraordinaires pépites d'esprit rock déjanté, mais avant tout efficace. Les disques n'étaient pas faciles à trouver et je devais me rendre à Montréal pour ces achats, entre autres les nombreux petits disquaires de la rue Saint-Denis.
Lors des prochains articles, je présenterai les tendances, puis mes chansons favorites.
Nuggets était un double microsillon de compilation commercialisé en 1972, regroupant 27 rocks de la période 1965-1968 (mais surtout 66-67). Chansons peu connues ou oubliées, qui avaient la particularité d'être courtes, d'aller droit au but, qui présentaient parfois des aspects rebelles et sauvages. Bref, tout ce qui ne semblait plus exister en 1972.
Le disque était une initiative de Lenny Kaye, journaliste rock, disquaire et futur guitariste de Patti Smith. Nuggets fut une initiative très importante, car elle a donné naissance à la source d'un retour vers un rock simple et efficace, qui trouvera sa voie chez des jeunes groupes qualifiés de punk-rock qui allaient éclore à partir de 1975.
Cependant, Nuggets était la pointe de l'iceberg d'une idée qui allait profondément changer la perception que les gens avaient du rock des années 1960, comme nous le verrons dans les articles suivants.
Les choix de Kaye, pour la plupart, n'étaient pas des obscurités. Quelques unes de ces chansons avaient connu, à leur époque, des succès radiophoniques. On trouvait aussi des formations qui avaient enregistré des microsillons. Pour creuser un peu plus profond, il fallait attendre la suite, avec la série Pebbles et diverses compilations se penchant profondément sur la scène 60 dite de "garage rock". Par contre, s'il n'y avait pas eu Nuggets, Pebbles n'aurait jamais existés.
Je n'aime pas trop cette expression garagiste, car elle sous-entend que ces disques étaient des productions minables, ce qui n'est pas toujours le cas, et surtout en ce qui concerne les chansons de Nuggets.
À propos de Thirteen Floor Elevators, si vous vous demandez quel est ce son étrange qu'on y entend : c'était une cruche vide, dans laquelle on avait inséré un microphone et en frottant le rebord de la cruche, cela produisait ce son. Et bravo pour l'imitation de Dylan par Mouse & The Traps !
À la prochaine !
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