La petite enfance du monde du disque, dans tous les pays, présentait en majorité des chansons joyeuses. La France avait deux avantages : les chansons étaient très bien écrites et, souvent, il y avait un aspect grivois qu'on ne croisait pas dans la production des autres peuples. Rigolo, écrit adroitement et grivois : c'est le cas de la chanson que je vous présente. Il suffit d'écouter attentivement les paroles pour arriver vers une finale plutôt très drôle.
Paul Lack est mieux connu sous le nom de Lucien Callamand, comédien de soutient au cinéma pendant six décennies. Paul Lack était le pseudo choisi au début de sa carrière, alors qu'il se produisait sur les scènes de Caf'Con et tournait dans des films muets.
Paul Lack, Elle pique à la mécanique (1909)
Un des auteurs américains les plus productif de tous les temps. Il fallait un premier succès ? Le voici ! Comme toutes les chansons de cette époque, la popularité passait par la scène, puis les ventes de feuilles de partitions de musique et, en dernier lieu, par le disque. Cette chanson d'Irving Berlin fut très populaire à l'ère du 78 tours, mais est peut-être oubliée de nos jours, alors que d'autres pièces de sa plume sont encore enregistrées.
Arthur Collins et Byron G. Harlan ont été le duo comique le plus populaire de leur génération, cela pendant une quinzaine d'années où le marché était inondé de disques de ces deux artistes de vaudeville.
Collins & Harlan, Alexander's Ragtime Band (1911)
1. jakin le 21-10-2015 à 17:00:18 (site)
Bonsoir Mario, C'est une découverte pour moi. Je ne connaissais pas.....
2. MarioMusique le 21-10-2015 à 17:31:52 (site)
Type de chanson qui était au répertoire des groupes dixieland, mais aussi de fanfares.
Merci.
Les années 1920 sont la décennie des danses folles. Il y eut le Turkey Trot, le Shimmy, le Black Bottom, mais personne ne s'en souvient. Ce qui n'est pas le cas du Charleston, danse représentative de ces années folles. Ce qui distinguait le Charleston était qu'on n'avait pas besoin de partenaire pour danser. C'était aussi un pas plein de dynamisme et de drôlerie, nettement sexy quand une jeune femme coiffée à la garçonne y perdait son âme.
Il y eut des danses semblables au début des années 1920, mais elles ne portaient pas ce nom. Cette appelation lui fut donnée à cause du titre d'une mélodie entendue dans un grand succès de variété du nom de Runnin' Wild, qui a tenu l'affiche dans les théâtres en 1923 et 1924. Charleston désignait le nom d'une ville. On devine que les danseuses de la troupe du spectacle devaient se trémousser sur ce numéro. Ce fut un grain de folie immédiat.
Le premier disque de Charleston, reprenant l'air du spectacle, est signé Arthur Gibbs. Un peu carré, si vous voulez mon avis. Paul Whiteman, avec de bizarres interventions vocales, arrondissait le tout. Ce thème fut enregistré très souvent au cours des années 1920, mais il y avait aussi d'autres pièces musicales et je vous en propose deux : l'une de 1924 et l'autre de 1928, signe que quatre années plus tard, la folie pour cette danse ne s'était pas éteinte. Il y eut même un orchestre du nom de Charleston Chasers.
Conclusion didactique : comment cette danse et cette musique a-t-elle pu atteindre une telle popularité alors que la radio naissante ne diffusait pas de disques ? Des actualités au cinéma, peut-être ? Oui pour l'image, mais les films étaient muets. Réponse ci-haut : la feuille de partition de musique, dont les ventes énormes ont été entretenues par des articles dans les journaux et revues, vantant le spectacle Runnin' Wild et sa danse. Ceci permettait à des centaines d'orchestres d'ajouter la pièce à leur répertoire. De plus, n'oublions pas que les salles de cinéma avaient des orchestres, ainsi que les stations de la radio. Les gens pouvaient ainsi acheter les disques et danser à la maison.
1. Nyxie le 19-10-2015 à 08:03:46 (site)
Terrible !!!! je tape mon texte au rythme de ce Charleston légendaire, mes parents avaient 20 ans à l'époque et je me souviens avoir vu des photos où ils dansaient habillés à la mode de l'époque.. ma mère était sublime.... merci pour ton petit mot sur le biscuit "Lefèvre" ...
Bonne semaine ...
2. MarioMusique le 19-10-2015 à 13:59:21 (site)
Ce sont les vrais de vrais, comme écoutés par la jeunesse des années 1920. Merci.
Ce qui est bien, avec Woody Guthrie, c'est sa vie d'errances au cours des années de la Grande dépression. Ce fauché se baladait sur les routes avec sa guitare, partageant les misères des victimes de la crise, prenant la défense des petits contre les soi-disant grands. Ses chansons prenaient aussi cette couleur et on peut les considérer comme un livre sonore de cette période difficile. Il existe une autobiographie des plus intéressante : Bound For Glory (En route pour la gloire).
Ce qui est moins bien, avec Woody Guthrie, c'est son accent de cow-boy et que la musique, dite folk, était surtout du western. À la manière de Leadbelly, son équivalent noir, Guthrie n'a pas tout à fait "mené une carrière", si bien qu'il enregistrait de gauche à droite, souvent dans des conditions minables, faisant en sorte que ces enregistrements, qui seront publiés sur disques plus tard, ont une sonorité agaçante. Opinion de Mario B, cependant ! Guthrie aura une grande influence sur les futurs chanteurs folk, particulièrement dans le cas du jeune Bob Dylan.
La chanson que je vous offre, une de ses plus célèbres, parle d'un braqueur de banques qui, dans la mythologie des gangsters, était un Robin des Bois moderne : il volait aux riches et ne faisait aucun mal aux pauvres.
Woody Guthrie, Pretty Boy Floyd (1939)
Ella Mae Morse a été une exception chez les chanteuses de sa génération. La majorité étaient stéréotypées, alors que cette jeune femme a chanté du jazz, du blues, de la country, du rhythm & blues et même du rock & roll, mais son apport le plus célèbre se situe dans le domaine du boogie woogie, avec son association avec le pianiste Freddie Slack. Les deux ont aussi enregistré Cow Cow Boogie, le tout premier succès de la firme Capitol. Chose intéressante, les disques de ces deux Blancs ont été davantage populaires via les stations de radio de Noirs.
House Of Blue Lights, de 1946, est un proto rock & roll. C'est un disque particulièrement bien enregistré, plein de verve, très accrocheur. Le dialogue parlé entre Slack et Morse, au début, est entièrement en argot, ce qui était assez rare sur les enregistrements de cette époque. La chanson deviendra un succès grand public en 1955 par la voie de Chuck Miller et sera reprise par des artistes de rock & roll, comme Jerry Lee Lewis, Chuck Berry, Canned Heat, Flamin' Groovies et George Thorogood. Ella Mae Morse a cessé d'enregistrer en 1957. Elle est décédée en 1999. House Of Blue Lights est un disque irrésistible !
Commentaires
1. jakin le 23-10-2015 à 15:11:28 (site)
Bonsoir Mario, J'ai déjà entendu cette voix sur des anciens microsillons....
2. MarioMusique le 23-10-2015 à 16:30:47 (site)
Sûrement ! Si tu tapes son véritable nom dans ton moteur de recherche, section photo, tu vas le reconnaître : un acteur chauve qui a joué des petits rôles dans des centaines de films.