Du 78 tours au disque compact

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VINEGAR JOE : Formation britannique avec trois disques et une admirable chanteuse : Elkie Brooks. La pièce choisie n'est peut-être pas très rock, mais quelle superbe démonstration vocale ! Elkie Brooks est toujours active. Le groupe comptait aussi dans ses rangs Robert Palmer, futur chanteur populaire des 70 et 80. Photo du bas.

BABE RUTH : Des Hollandais et une histoire d'amour avec le Québec. C'était impossible de se rendre dans une boîte de nuit sans entendre The Mexican ! La chanteuse était Jenny Haan. Si vous croyez entendre un extrait d'un thème d'un film de Sergio Leone, il ne s'agit pas d'un plagiat, puisque le compositeur Ennio Morricone était crédité.

COLD BLOOD : Groupe avec une section de cuivres, mené par la chanteuse Lydia Pense, toujours active.

CURVED AIR : La seule intrusion (je crois) d'une chanteuse dans la vague prog-rock. Le groupe a cessé ses activités à plusieurs reprises, mais Sonja Kristina était à la base des reformations. Toujours active sous le nom de Curved Air.

SHOCKING BLUE : Groupe néerlandais ayant connu un immense succès en 1969 avec leur chanson Venus. En réalité, Shocking Blue avait beaucoup à offrir et les découvrir demeure une étonnante surprise. La chanteuse Mariska Veres est aujourd'hui décédée. Photo du haut.

STONE THE CROWS : Groupe écossais de courte durée, avec une feuille de route se terminant par un accident rare, alors que le guitariste est mort sur scène, électrocuté. La chanteuse était Maggie Bell, qui sera un certain temps une protégée de Led Zeppelin.

ALAIN CHAMFORT : Et encore une approche estivale, pour une cause nostalgique, avec un rythme bondissant. Mignon.

ROBERT CHARLEBOIS : Fin de la première phase de Charlebois. La suite allait être en dents de scie. Au fait, un court passage serait impossible, de nos jours, alors que Robert a "le coeur en mille miettes, gros comme Lise Payette." Cette Lise était une animatrice de télé, quelque peu obèse. Si on disait une telle chose de nos jours, quelqu'un chialerait, intenterait un procès, etc.

TONY ROMAN : Ex vedette yéyé, propriétaire d'une maison de disques, producteur. Ceci est son dernier succès, mais il faut dire que Tony ne chantait plus depuis un certain temps. Je me suis toujours demandé ce que cachait cette chanson. Le Péladeau "qui vend des journaux et qui est pas beau" est le nom du propriétaire d'un empire médiatique, principalement constitué de journaux. Il faut croire que les journalistes de monsieur avaient raconté quelque chose de malsain sur Tony, qui se venge à sa façon.

DIANE DUFRESNE : Je n'ai jamais été un admirateur de cette chanteuse, mais j'apprécie le climat de cette pièce.

Le phénomène a débuté autour de 1972 pour perdre son souffle vers 1978. Il y avait des artistes qui s'adonnaient au folklore : chansonniers, groupes de la tradition,  et même des adaptations rock. Bien. Mais c'est le débordement qui m'a énervé.

Des gens n'ayant aucun lien avec le folkore en ajoutaient dans leurs chansons. Des vétérans comme Ferland, Charlebois et même la très sérieuse Renée Claude. Quant aux jeunes, ils se croyaient obligés de turluter, d'ajouter une pincée de gigue, du violon, de la mandoline. Ceci correspondait au mouvement hip "Retrouvons nos racines par la retour à la terre." Au Québec, on les qualifiait de macramés. Baba-Cool, pour la France.

Mes cinq exemples n'étaient pas de la tradition du folklore, mais des compositions où on retrouvait des éléments, plus que souvent non nécessaires. En premier lieu, je n'avais rien contre, mais la surenchère m'a profondément fait ch... Il faut dire qu'à ce moment, j'écoutais le premier disque des Ramones, le Station to Station de Bowie, applaudissant les Sex Pistols, et qu'en me tournant vers mon pays, c'était des turlutes et des rigodons. 

Le fond du baril a été atteint avec La bitte à Tibi, qui me rendait malaaaade quand je l'entendais dans une boîte de nuit. Tout le monde se levait pour se mettre à giguer, pendant que je fichais le camp à l'extérieur pour boire ma bière.

Les artistes qui s'y sont penchés ont eu beaucoup de mal à se défaire de cette idée, au cours des années 80, particulièrement Manuel Brault, Duguay, Forestier. Piché et Séguin y sont arrivés, mais ils ont rencontré certaines difficultés à se faire reconnaître pour une musique davantage personnelle et ne répondant pas à une mode d'un certain passé.

Le folklore, le vrai, dirais-je, a survécu, mais en plus petit nombre. Par contre, vers la fin des années 90, quand sont apparus d'autres néo-folkloristes, tels les insupportables Cowboy Fringants, j'ai hurlé et me suis arraché les cheveux. La photo : Paul Piché en 1977, au moment où tout le monde portait la barbe. Même les filles.

Stiff n'a jamais signé un artiste venant d'ailleurs, se concentrant à des débutants, particulièrement des gens dont personne ne voulait, tels des dingos comme Jona Lewie et Wreckless Eric. Plusieurs des premiers artistes Stiff allaient connaître la renommée et la popularité sous d'autres cieux : Nick Lowe, Elvis Costello, The Damned, Madness. Devo.

Stiff avait le sens de la promotion et de la formule. On compte parmi leurs fantaisies un 78 tours, un slogan tel qu'on peut voir sur le 45 ci-haut ('L'étiquette la plus flexible du monde') des vinyles de couleurs, des tournées annuelles de leurs artistes, dont celle de 1977 portait le nom de Be Stiff (Soyez bandés, en somme...) La façon de numéroter les disques était précédée de Buy : Achetez !

Les succès sont présents en Europe, mais la compagnie n'a pas les moyens de s'implanter en Amérique, bien que l'étiquette aura un distributeur au Canada. Des chansons comme Lucky Number, Sex & Drugs furent des succès partout, sauf aux États-Unis.

Je souligne que les artistes Stiff n'étaient pas obligatoirement britanniques. Lene Lovich et la chanteuse adolescente Rachel Sweet étaient américaines. On compte aussi Desmond Dekker, chanteur de reggae de la Jamaique.

Une entente est signée avec Columbia USA en 1979, mais sera de courte durée. Les succès de Madness et de Tracey Ullman, artistes Stiff, seront connus sous d'autres étiquettes aux USA.

La compagnie perd de l'argent dans cette aventure, d'autant plus que Stiff a produit quelques disques sans succès au même moment. Stiff doit fermer ses portes en 1986.

Petite Note : So It Goes, par Nick Lowe, fut le premier disque Stiff. Photo : Rachel Sweet et Lene Lovich lors de la tournée Stiff de 1979.

Après leur popularité des années 70 et leur retour de la décennie 1990, Steely Dan semble dans les limbres au cours des 80. Ne le cachons pas : Walter Becker a passé une partie de ce temps en prison, pour une cause publiquement pas très jolie et il valait mieux demeurer discret. Un seul disque par le duo au cours de cette période : Gaucho, d'où est extraite la chanson proposée.

Quant à Donald Fagen : deux disques solo, dont The Nightly et le succès New Frontier. Pas de problème : Steely Dan en groupe et Donald Fagen solo, c'est le même combat.

Le cas de Rosie Vela est étonnant. Une jolie femme mannequin enregistre son seul disque, Zazu, en 1986, avec ses compositions. Becker et Fagen sont présents comme musiciens et Rosie Vela démontre son admiration pour le duo, particulièrement avec cette chanson sexy.

China Crisis était un groupe britannique d'électro-pop, mais qui, avec leurs trois derniers disques de la décennie, affichent fièrement leur admiration pour le style Dan. La chanson est extraite de Flaunt The Imperfection, produit par Becker, présent comme musicien sur ce microsillon.