Ne pas se fier à l'image. En regardant cette femme, on pourrait croire qu'elle est une vendeuse de produits de beauté dans son quartier et qu'elle a décidé d'enregistrer à compte d'auteur ses chansons favorites du répertoire tarte. Pas ça du tout : c'est du blues très ressenti, de la soul à fleur de peau. Faut aussi ne pas tenir compte que Diane Bleu chante du blues. Comme cliché de nom, on n'imagine pas mieux. Celui qui ne s'est pas trompé est le guitariste Ronnie Earl, qui, ayant mis la main sur les deux premiers disques indépendants de madame Bleu, s'est pressé de l'engager comme chanteuse pour ses Broadcasters. Une bonne décision, car cela permet d'entendre ce trésor plus facilement qu'avec les moyens du bord de ses débuts. La chanson : un classique de Buddy et Ella Johnson, de 1948.
Diane Blue, Since I Fell For You, 2006, Here I Am
Van Morrison est le plus célèbre chanteur irlandais à avoir fait sa marque sur le marché rock. Si mon titre parle de cinquante années de carrière, il faut en ajouter trois, celles où il était la voix du groupe Them. Van s'est toujours montré sévère à propos de ses jours avec Them et il est vrai que le jeune homme s'est fait manipuler et voler. La situation demeure la même quand il se lance en solo. Son 45 tours Brown Eyed Girl sera un immense succès, mais Van Morrison n'a jamais été payé. Beaucoup d'artistes de cette époque ont vécu des situations semblables et la liberté artistique ne semblait pas faire partie du dictionnaire de plusieurs maisons de disques. Van obtient cette liberté en 1968, avec son microsillon Astral Weeks (illustré ci-haut), le 33 tous le plus singulier des années 1960, avec de longues créations où la voix du chanteur est tordue, émotive, un véritable nerf vivant, comme dans la pièce Madame George. Pour les gens n'ayant jamais entendu cette chanson : attention, c'est une expérience particulière.
La musique de Van Morrison est principalement un dérivé du R & B et de la soul, styles qu'il admire depuis longtemps. On croise dans le genre des pièces lentes irrésistibles. Un peu de temps à autres : du blues, du jazz, du rock et même du folklore irlandais. C'est plus simple de dire que Van Morrison fait du Van Morrison. Voici une chanson pour chacune de ses décennies d'activité. Vous noterez comme sa voix change, au fil du temps. Petit secret : j'ai 26 disques de l'homme, à la maison.
2. MarioMusique le 05-02-2018 à 17:51:08 (site)
Je pense que j'aurais pu faire un meilleur choix pour la dernière.
3. Maritxan le 06-02-2018 à 10:56:05 (site)
Ce chanteur mérite d'être connu, c'est une bonne idée que tu as eu. J'ai remarqué le changement du timbre de sa voix à partir de 1984, en 1999 c'est flagrant... je préfère sa voix de cette époque.
@+
4. MarioMusique le 06-02-2018 à 12:59:25 (site)
On ne peut avoir la même voix à 25 ans qu'à 72. Les hautes de ses débuts, c'est disparu avec le temps, mais il a gardé sa façon. Il y a plein de bons disques à partir des 1990, mais peu de succès ou de chansons de réputation, si bien que sur les compilations, on croise surtout du 1967-1980, dont les versions d'origine des interprêtes de l'article suivant. Je dois avoir un Moondance quelque part...
http://mariobbis.eklablog.com/annees-70-un-nouveau-classique-a107542090
Et ne pas oublier cette histoire véritable :
édité le 06-02-2018 à 14:01:59
édité le 06-02-2018 à 14:06:57
édité le 06-02-2018 à 14:07:28
5. MarioMusique le 06-02-2018 à 13:09:06 (site)
http://mario3.vefblog.net/43.html#Moondance_dans_la_noirceur
Des collectifs rendant hommage à un artiste, j'en ai beaucoup, à la maison. Ils répondent toujours à cette réalité : quelques bonnes pièces, d'autres moyennes et certaines médiocres. La plus étincelante des exceptions est ce CD de 2003, pour honorer Van Morrison.
L'idée des initiateurs consistait à faire chanter des pièces connues de Morrison par des anciens artistes soul des années 60. La façon rentable et facile aurait été de faire appel à des vedettes du temps, comme Smokey Robinson, Diana Ross, Stevie Wonder. À la place, on a opté pour des chanteurs n'ayant pas établi le passage vers le grand public blanc (du moins, pas longtemps) mais qui furent très présents auprès du public d'ébène via les stations de radio des Noirs. Le temps qui passe a marginalisé ces artistes devenus septuagénaires (ou près de l'être) et je ne doute pas que certains s'étaient retirés du monde de la musique. Qu'on fasse appel à leurs services a dû ravir ces quatorze hommes et cette femme.
Il y a sur ce disque une sincérité évidente, jusqu'au point de laisser telle quelle une interprétation maladroite. Écoutez comme il faut Freddie Scott : cet homme avait une voix vieillissante et il y a des passages qui me paraissent difficiles à chanter. Mais on a laissé les erreurs et on a même confié à Scott le soin d'interpréter la chanson la plus connue de Van Morrison. Freddie Scott est décédé deux années plus tard. Au fait, Van, qui sera influencé par cette musique, a dû aussi être touché d'entendre ses chansons par ces voix précieuses. Quel beau, beau, beau disque!
1. Maritxan le 04-02-2018 à 18:00:50 (site)
Je n'ai pas remarqué les maladresses de Freddie Scott... je ne connais pas cette chanson, ni les autres d'ailleurs. J'ai apprécié l'ensemble.
édité le 04-02-2018 à 19:02:26
2. MarioMusique le 04-02-2018 à 20:02:59 (site)
Il a du mal à articuler et perd son souffle.
On dit que la version d'origine de Brown Eyed Girl a tourné 10 millions de fois à la radio. 'Sais pas comment ils peuvent avancer de tels chiffres, hein...
3. MarioMusique le 05-02-2018 à 08:09:11 (site)
Ah, au fait :
http://4578.eklablog.com/van-morrison-brown-eyed-girl-1967-a92018987
4. Maritxan le 05-02-2018 à 09:26:02 (site)
@MarioMusique:
Comme tu le dis, c'est une chanson simple mélodique et attachante. Merci !
6. MarioMusique le 05-02-2018 à 17:50:04 (site)
L'ensemble du disque est à l'image de ces quatre choix.
Ils ne sont pas jolis... mais en les écoutant, tout devient beau. Américain de naissance, Chris Whiteley est établi à Toronto depuis longtemps. C'est un multi instrumentiste : guitare, basse, claviers, harmonica et, de plus, il chante. Il ne devrait pas, quand on peut compter sur Diana Braithwaite, un peu une encyclopédie du "chant noir", autant à l'aise dans la soul, le blues, le jazz. Le duo présente tous ces styles, avec parfois des incursions davantage pop. C'est toujours agréable à écouter. L'équipe a fait ses premiers pas au début des années 2000 et a sept disques sur le marché. Je souligne que Diana Braithwaite est une descendante du premier couple noir à s'établir à Toronto, au 19e siècle.
Diana Braithwaite & Chris Whiteley, Child Of Circumstance, 2014, Blues Stories
2. MarioMusique le 02-02-2018 à 15:02:49 (site)
Je ne me souvenais plus que c'était sept minutes...
Ces gens-là ont certes le sens du bon blues.
Avec le vétéran Delbert McClinton, on sait à quoi s'attendre à chaque nouveau disque : du néo-soul teinté de rock. avec la voix qui grogne. Ce n'est pas le cas ici : Delbert, avec près de 50 années de carrière, décide de nous surprendre avec l'aide de chansons légères, parfois amusantes. L'ambiance est tout de même relax, un peu comme les pieds de la pochette.
Delbert McClinton, Rosy, 2017. Prick Of The Litter
2. MarioMusique le 02-02-2018 à 05:55:44 (site)
Je pense que cette photo représente bien la musique du disque. On a envie de se déchausser et de prendre la vie comme elle vient, tout en écoutant le disque.
4. MarioMusique le 04-02-2018 à 20:03:38 (site)
Le pied ? Celui de la pochette ?
Commentaires
1. jakin le 06-02-2018 à 17:40:01 (site)
Cette pièce est une perle bleue, comme la note bleue....
2. MarioMusique le 06-02-2018 à 18:06:53 (site)
C'est une chanson qui a souvent été reprise.
Au fait, j'avais déjà présenté cette chanteuse avec Ronnie Earl :
http://mariomusique.vefblog.net/79.html#Le_blues_aerien_de_Ronnie_Earl