La dernière chose qu'un jeune Américain noir voulait faire, au cours des années 60, c'était de chanter du blues. De la musique de leurs pères, de leurs grands frères. De plus : aucun endroit décent où se produire, une reconnaissance qui prend des années à arriver. Avec la soul, c'était plus confortable pour obtenir un succès radio, de bons cachets et chanter ailleurs que dans des trous à rats. De plus, en 1968, le blues, c'était une affaire de jeunes Blancs avec des guitares électriques.Taj Mahal n'a sûrement pas pensé à tout ça en présentant son premier microsillon, éponyme, tout à fait blues. Alors, on lui a mis la petite étiquette blues sur la bouteille, même si, au cours des décennies suivantes, il s'adonnera au style à l'occasion, préférant les chansons folk, soul, et même des comptines pour enfants. Mais en 68, Taj était blues et ce disque demeure sa carte de visite la plus bleue de son imposante discographie.
La décennie 1960 représente l'âge d'or de l'orgue. Alors que les artistes pop & rock & soul utilisaient les portatifs Vox et Farfisa, les jazz demeuraient fidèles au lourd Hammond B-3, popularisé par Jimmy Smith au cours des années 50. Alors ils (et elle) se sont multipliés : Shirley Scott, Jack McDuff, Jimmy McGriff, Baby Face Willette, puis Big John Patton. Au fait, ce John n'était pas obèse, le qualificatif Big signifiant qu'il était un Maître de son clavier. Le truc de notre Gros Jean, c'était du jazz teinté de R & B, de soul. Son approche sera significative dans ces domaines, jusqu'au funk des 1970. Efficacité, avant tout!Big John Patton, Them Dirty Dues, 1963, Blue John










Si vous voyez le cigle rouge et blanc de la compagnie Arbors Jazz sur une pochette, ceci vous assure que : 1)- Le ou les artistes en vedette sont des vétérans 2)- La musique est joyeuse et ancienne 3)- C'est un enregistrement de grande qualité. Incontournable! Dan Barrett joue du trombone et partage la même passion qu'Al Jenkins, trompettiste. Sourires assurée ? Mais oui, car c'est un produit Arbors.Dan Barrett & Al Jenkins, Isle Of Capri, 1996, Reunion With Al
Le joueur de trombone Steve Davis était, au moment de ce disque, une recrue dans l'univers jazz et il a eu droit à ce qui est habituellement réservé aux musiciens d'expérience : des accompagnateurs étoilés. L'ensemble est joué avec rigueur et cohésion, pour un des très bons disques de jazz de la décennie 1990.Steve Davis, One For All, 1997, Dig Deep
Ne pas se fier à l'image. En regardant cette femme, on pourrait croire qu'elle est une vendeuse de produits de beauté dans son quartier et qu'elle a décidé d'enregistrer à compte d'auteur ses chansons favorites du répertoire tarte. Pas ça du tout : c'est du blues très ressenti, de la soul à fleur de peau. Faut aussi ne pas tenir compte que Diane Bleu chante du blues. Comme cliché de nom, on n'imagine pas mieux. Celui qui ne s'est pas trompé est le guitariste Ronnie Earl, qui, ayant mis la main sur les deux premiers disques indépendants de madame Bleu, s'est pressé de l'engager comme chanteuse pour ses Broadcasters. Une bonne décision, car cela permet d'entendre ce trésor plus facilement qu'avec les moyens du bord de ses débuts. La chanson : un classique de Buddy et Ella Johnson, de 1948.Diane Blue, Since I Fell For You, 2006, Here I Am



Ils ne sont pas jolis... mais en les écoutant, tout devient beau. Américain de naissance, Chris Whiteley est établi à Toronto depuis longtemps. C'est un multi instrumentiste : guitare, basse, claviers, harmonica et, de plus, il chante. Il ne devrait pas, quand on peut compter sur Diana Braithwaite, un peu une encyclopédie du "chant noir", autant à l'aise dans la soul, le blues, le jazz. Le duo présente tous ces styles, avec parfois des incursions davantage pop. C'est toujours agréable à écouter. L'équipe a fait ses premiers pas au début des années 2000 et a sept disques sur le marché. Je souligne que Diana Braithwaite est une descendante du premier couple noir à s'établir à Toronto, au 19e siècle.
Avec le vétéran Delbert McClinton, on sait à quoi s'attendre à chaque nouveau disque : du néo-soul teinté de rock. avec la voix qui grogne. Ce n'est pas le cas ici : Delbert, avec près de 50 années de carrière, décide de nous surprendre avec l'aide de chansons légères, parfois amusantes. L'ambiance est tout de même relax, un peu comme les pieds de la pochette.Delbert McClinton, Rosy, 2017. Prick Of The Litter