Pour la majorité des gens, le meilleur Radiohead est OKComputer, de 1997. Pas pour Bibi : je préfère TheBends. Pourquoi ? Les pièces sont davantage mélodiques, le chanteur séduisant et la plupart des titres sont des balades rock, parfois acoustiques, mais traversées d'un déferlement électrique au moment où on s'y attend le moins. Il y a là une belle créativité. Après Computer, Radiohead allait perdre tout ce qui avait fait leur charme, se noyant dans des disques avec de longues plages informes, tant et tant ennuyeuses que même Tangerine Dream n'aurait jamais osé enregistrer de tels trucs. J'avoue que je ne sais plus où le groupe en est rendu. À mes yeux, Radiohead est une formation des années 1990 et rien d'autre.
Au cours des années 1980, bien que des vétérans de l'orgue Hammond étaient toujours actifs (Jimmy Smith, Shirley Scott, Jack McDuff), l'instrument était considéré comme une antiquité, dans le domaine du jazz, et peu de jeunes musiciens s'y intéressaient. L'exception fut l'Allemande Barbara Dennerlein. Les disques enregistrés au cours de cette décennie étaient excellents, d'autant plus que la jeune femme savait s'entourer de musiciens de qualité. Les choses allaient se gâter quand elle branchera des synthés sur son Hammond, mais ceci, c'est une autre paire de manches. Le disque ci-haut rendait hommage à Charlie Parker. Superbe d'un bout à l'autre !
Carter Family, Wildwood Flower (1928)
Je crois bien que Paris a été la ville la plus chantée au cours du 20e siècle. Une large part au cours des années 1930 ! On chantait le Paris frivole et chic, puis le Paris du petit peuple. Voici une de ces célèbres chansons de cette seconde catégorie, interprétée par une grande vedette de l'époque et une femme avec un regard incroyable ! Ce que peu de gens savent : les paroles ont été composées par le cinéaste René Clair, car la chanson faisait partie de son excellent film 14Juillet, où Lys Gauty tenait un petit rôle. La femme est décédée en 1994.
La douzaine de microsillons enregistrés par Anita O'Day pour Verve au cours des années 1950 et début 60 demeurent ce que la femme a fait de mieux au cours de sa longue carrière. On peut sans risque considérer ces disques parmi les meilleurs jamais enregistrés par une femme du domaine jazz. Soyons honnête : certains de ces disques m'agacent musicalement, particulièrement ceux où elle utilisait un big band. Cependant, Anita n'était jamais mauvaise. Le plus applaudi de ces microsillons est celui que je vous présente, car l'environnement musical est du pur jazz, signé par Oscar Peterson et son trio. Un délice ! La chanson que je vous propose a été enregistrée des centaines de fois, mais la version Anita O'Day est un joyau.
Les disques des années 1960 de Wilson Pickett sont tous pareils. Je ne m'en plains pas, car ils sont parmi les meilleurs. Le centre de leur efficacité : la basse ! Puis des cuivres qui claquent, une guitare qui égrenne des courtes notes efficaces, puis la présence de Wilson, qui se manifeste, au-delà des paroles des chansons, par des interjections comme : "Ah !", "Oh!", "Uh !", "Look A Here !" Ma chanson préférée est celle que je vous présente, non pas parce que Wilson nous apprend que Shakespeare écrivait des poèmes sur sa personne bien avant sa naissance, mais parce que Wilson Pickett nous révèle son grand secret : c'est un homme et demi. "Uh !"
Un disque célèbre pour sa superbe pochette, signée Roger Dean, le dessinateur attitré de Yes. De plus, le contenu valait le détour : sept musiciens de différents pays africains, présentaient des éléments traditionnels de leur culture musicale, rencontrant la musique soul et rock occidentale, avec cuivres, un bassiste très doué et un bon guitariste. Une approche semblable à celle de Santana. Beaucoup de chaleur, d'heureux climats irrésistibles. Osibisa produira des disques pendant quelques décennies, sans jamais retrouver la petite étincelle de ce premier microsillon. Pour votre information, j'ai acheté ce disque quatre fois : trois vinyles et un compact. Vous savez quoi ? Je ne m'en suis jamais lassé.
Il y a du boogie woogie depuis 1929, mais les années d'or du style sont 1930-1950. Depuis, le genre est devenu une spécialité, idéal pour des festivals où l'on croise aussi du ragtime. Ce qu'il y a d'intéressant avec cette talentueuse pianiste est qu'elle compose. Une seule reprise sur les quinze pièces de ce disque, bien qu'elle jette dans des coins des soupirs de chansons connues. Quel doigté ! Et de la bonne humeur, hein !
Une chanson provenant de l'album John WesleyHarding (1967) de Dylan et qui était nettement country. Clare Teal et ses musiciens effacent toute trace du style (Si ce n'est dans la mélodie) pour présenter un pseudo jazz cabaret avec cuivres, où on sent un certain sens de l'amusement.
Coup sur coup, ce guitariste acoustique présente deux disques du répertoire des Beatles. Vingt-six chansons sont en cause, parmi les plus connues du quatuor. Ça ne changera pas votre vie, mais ça se laisse écouter. Voici le classique 1965 des quatre garçons dans le vent.
Un chanteur britannique avec trois disques à son actif, avec une approche acoustique, où l'on croise un peu de blues, mais, avant tout, des chansons à saveur folk de grande qualité. Ce qui étonne en premier lieu est la voix de cet homme. Je crois qu'en écoutant la chanson que je vous offre, vous direz, après une minute, que c'est mauvais ou agaçant, mais, à la fin, vous serez unanimes : c'est particulier, mais attachant.
Goscinny et Uderzo se sont amusés, dans les aventures d'Astérix, à parsemer des chants, adaptations antiques, gauloises ou romaines, d'airs populaires de France et même des États-Unis. Les transformations ne sont pas toujours faciles à reconnaître, mais quand nous y arrivons, cela devient encore plus rigolo. Voici quatre exemples attribués à Assurancetourix. J'y ajoute le titre de l'album et la façon dont les auteurs faisaient chanter le barde.
Une chanteuse à la voix riche, apparue en 1997 avec ce premier disque, où elle tentait différentes approches, dont celle d'incroyables balades nocturnes. Elle pouvait compter sur l'extraordinaire saxo Houston Person. Un peu de magie jazzée avec ce standard, qui date de 1937, et qui n'a depuis jamais cessé d'être enregistré. Bon disque !
Le quatuor essentiel du blues électrique de Chicago, tel que connu via les disques Chess : Muddy Waters, Howlin' Wolf, Little Walter, Jimmy Rogers. Curieusement, il semble que ce dernier nom soit moins connu que les autres, même si Rogers a chanté beaucoup plus longtemps que ses camarades. Du blues lent, mais aussi des pièces R & B et certaines incursions dans le rock & roll. Jimmy Rogers présente tout ce que les amateurs de blues peuvent désirer. Au moment de son décès, en 1999, Jimmy Rogers était toujours actif.
Les microsillons en public pour les groupes de rock des années 1960 n'étaient pas la norme. Il en existe très peu, sans doute parce que les compagnies de disques jugaient que seul le 45 tours demeurait idéal pour le public jeunesse. Les quelques cas croisés prouvent une chose : ces formations étaient beaucoup plus turbulentes en public, indication que les enregistrements studio, pour les 45 tours et destinés à la radio, ne représentaient pas entièrement l'approche musicale de ces jeunes musiciens.
ZZ Top avant les singeries des vidéos clips et les synthés sur leurs disques, à l'époque où ils étaient un groupe de rock-blues... ordinaire. Je n'ai jamais entendu un bon disque de ce groupe. Cependant, il y a sur chacun d'entre eux des pièces qui valent le détour, dont ce boogie. Pour l'originalité, on repassera : ce type de rythme était déjà un cliché depuis longtemps. On pouvait en entendre sur des disques de blues, particulièrement chez John Lee Hooker. Cependant, La Grange est plutôt décoiffant et a fait la joie des radios tant AM que FM, sans oublier les boîtes de nuit. La chanson sera un cheval de bataille de scène pour ZZ Top. Si vous vous demandez ce que ce nom français signifie : c'est une petite ville du Texas.
La Québécoise Lynn Véronneau reprend la samba de Pierre Barouh, avec quelques modifications. D'abord, que fait le mot Saravah, dans le titre ? C'était le nom de la compagnie de disques ! Lynn omet la partie parlée et les cris "Saravah !", ce qui ne voudrait rien dire, de nos jours. Puis, rectitude politique oblige, elle utilise le mot "Noir" alors que Barouh parlait de "Nègre." Si vous me demandez mon opinion, je crois que la nouvelle version est nettement supérieure à l'originale. Tout le monde est d'accord ?
Sting (1987)
Je pourrais vous écrire un long article sur le principe d'une chanson classique, un standard, tant il y a des variations, des phénomènes prévisibles et d'autres étranges. Rapidement : une chanson classique est celle qui est très souvent interprétée par d'autres artistes. Est-ce qu'à l'origine cette chanson était un succès ? Parfois oui, parfois pas du tout. Pour le oui : Le TimeAfter Time de Cyndi Lauper. Pour le non : Almost Blue d'Elvis Costello et la chanson que je vous pésente, à l'origine par Sting. C'est fou comme Fragile a été reprise, ces dix dernières années ! Parfois de la même façon que Sting et parfois avec des modifications, comme dans le cas de l'interprétation que je vous offre, davantage rythmée. À vous de comparer.
Une chanteuse populaire de la fin des années 1930 jusqu'au milieu des 1940. À la fois chanteuse pop et de jazz, Maxine Sullivan avait une approche différente, étant accompagnée, sur disque, par une petite formation, celle de Claude Thornhill. De plus, un aspect très original : elle chantait souvent des airs de folklore, écossais ou irlandais, alors que peu d'artistes de jazz se servaient de ce répertoire. Je vous présente sa chanson la plus célèbre, qui est un folklore écossais. Maxine Sullivan était aussi comédienne, tenant quelques rôles au cinéma, faisant partie de revues pour la scène. En omettant des périodes d'arrêt au cours de sa carrière, Maxine Sullivan a chanté jusqu'au cours des années 1980. Elle est décédée en 1987.
Tom Dooley, par le Kingston Trio, est le premier disque folk à atteindre le succès populaire de palmarès, aux États-Unis. Jusqu'alors, ce style musical était aveuglément jugé comme le genre des agitateurs. L'approche du trio était la même que celle des Weavers sur scène, sauf que les trois hommes avaient soigné leur chant, le rendant très sage, apte à plaire aux gens de tous les âges. À partir de Tom Dooley, les formations folk du même modèle allaient fleurir : Brothers Four, Journeymen, Highwaymen et même les Cailloux du Québec. La vague durera jusqu'à 1962 environ, alors que s'imposent des artistes folk un peu plus naturels : Joan Baez, Dylan, Peter Paul & Mary. Au cours de cette période, le Kingston Trio enregistrera en moyenne trois microsillons par année, puisant dans le répertoire traditionnel de plusieurs pays, donnant la chance à de jeunes auteurs de se faire entendre.
France Gall : Poupée de cire poupée de son (1965)
La norme des années 1960 (et même des 70) était de traduire en français une chanson anglaise. Initiative ratée à 75 % des occasions. Cependant, le chemin inverse existait, mais à une fréquence moins prononcée : traduire une chanson française en anglais. C'est le cas que je vous présente. Une curiosité sonore, je crois bien, alors qu'une jeune chanteuse britannique, Twinkle, reprend le Poupée de cire poupée de son de France Gall, à peu près au moment moment. La version anglaise respectait les propos de la chanson française, écrite par Serge Gainsbourg.
J'avoue sans honte que vers 1978, j'en ai eu ras-le-bol d'entendre des brides de folklore québécois sur les disques d'ici. Trop, c'était trop ! Parfois, c'en était ridicule, si bien que j'ai conservé une aversion pour le style, jusqu'à nos jours. La seule exception demeure le premier album du Rêve du diable. Peut-être parce que ces trois hommes ne se prenaient pas au sérieux, que leur musique était rustre, cherchant à imiter celle des soirées familiales ou des chansons interprétées dans des camps de bûcherons. Il faut dire que j'avais vu le groupe en spectacle, dans un bar, et que ce fut une immense fête, où les musiciens buvaient autant de bière que leur public. Réédité en CD, cet enregistrement se vend encore de nos jours, si bien qu'on peut considérer ce disque comme un classique. Je fais remarquer aux aimables visiteurs européens que les percussions entendues sont en réalité les pieds des musiciens.
John Primer a débuté sur disque en 1991, mais il était musicien de scène depuis le milieu de la décennie 1970. Entre autres, il a fait partie du dernier groupe du légendaire Muddy Waters. Ce qui est bien, avec John Primer, est qu'il offre, avec un souci de qualité, ce que le public attend du blues : des boogies endiablés, des pièces électriques, d'autres acoustiques. Il est de la tradition du blues de Chicago des années 1950.
Barbara Rosene (2013)
Une chanteuse de jazz léger, qui, depuis quelques disques, s'adonne à cette charmante entreprise de faire connaître le répertoire féminin des années 1920 et du début de la décennie 1930. Dans la foulée : honneur à Annette Hanshaw. Bravo ! L'approche de Barbara Rosene est distrayante et c'est avec un grand sourire que l'on écoute ce disque compact de près de 80 minutes.
Bien sùr, que cela existe, des balades rock. Cette musique va un peu plus loin que Wham-Bam-Bam et a intégré toutes sortes de courants. R.E.M. est un groupe que j'aime depuis longtemps, mais je demeure attaché à leurs microsillons des années 1980, parce que le groupe avait une influence évidente : les Byrds. Il s'agit d'écouter le son des guitares. De plus, il y avait un beau don pour composer des chansons mélodiques, facile à retenir. En voici une que j'adore ! Pour les curieux, les lettres R.E.M. signifient : Round Eyed Movement : le mouvement rotatif des yeux, effet souvent noté chez les consommateurs de délicieuses substances illégales.
Pas de doute que les premiers disques de Michel Polnareff était excellents. 1966 marque une année importante pour la chanson pop francophone, alors que certains artistes prenaient leurs distances face à la norme de traduire des succès anglophones. Les débutants Dutronc, Polnareff et même Antoine désiraient créer une chanson du créneau pop-rock, sans avoir recours à la variété. Le même phénomène s'est produit au Québec. Pour ce faire, Polnareff a traversé la Manche, car tous ses disques étaient enregistrés avec des musiciens britanniques. L'amour avec toi est une superbe chanson mélodique, qui avait scandalisé une partie du public francophone, tout en faisant plaisir à beaucoup de gens. Les temps changaient ! Cette chanson me remue toujours autant que jadis.
Au-delà qu'il fut un chanteur et musicien (saxophoniste) très populaire au cours des années 1940, Louis Jordan fut important pour l'avenir de la musique des Noirs. Influencé par le boogie woogie, Jordan est passé peu à peu vers un jazz avec des éléments de blues, mais, surtout, il se produisait en petite formation. Graduellement, sa musique est devenue du rhythm & blues proto rock & roll. De plus, les textes de ses chansons étaient évocateurs et l'homme dégageait une tonne de bonhommie sympathique et amusante. Louis Jordan, c'était non seulement de la musique formidable, mais c'était rigolo. Curieusement, sa carrière est entrée dans un déclin, au cours des années 1950, alors que logiquement, il aurait dû être un roi du rock & roll qu'il avait tant aidé à créer. Courez acheter une compilation de Louis Jordan : bonheur assuré !
Un long voyage dans le temps, pour vous présenter un homme qui a cessé de chanter en 1916 et qui est décédé en 1931. Harry MacDonough était canadien, mais c'est aux États-Unis qu'il allait connaître la célébrité, comme première vedette romantique de l'univers du disque. Je dois préciser une chose : il y avait peu d'artistes du style, à cette époque, et les trois principaux étaient des hommes. Aucune femme. MacDonough chantait des balades, dont beaucoup d'airs popularisés au 19e siècle, par la voie de feuilles de musique. On croisait aussi des compositions, puis des chansons issues du folklore. L'accompagnement sur ses disques était minimal : souvent, qu'un seul piano. Bien sûr, ce type de voix vous paraîtra très vieillot... N'oublions pas que la chanson que je vous présente a été enregistrée il y a 114 années !
J'ai toujours pensé que Boum était un dessin animé, avec des objets qui prennent vie avec tous leurs sons. Ce qui est certain : c'était trrrrrrès bien écrit. Quelques fleurs à Trenet, mais je dois souligner que ses chansons étaient tout à fait dans le courant fantaisiste de qualité de la riche chanson française des années 1930.
Johnny Hammond Smith, Unchained Melody, 1968, Nasty
Un duo norvégien de la vague électro-pop des années 1980. Sous ce nom étrange et derrière des pochettes de disques industrielles se cachaient deux hommes particulièrement doués pour écrire des chansons pop simples et mélodiques. Le disque illustré ci-haut et la chanson que je vous présente me rappellent de beaux moments de ma vie, alors que je travaillais pour une station de radio dite alternative. Ma consoeur de la discothèque avait eu un coup de foudre pour cette chanson et me l'avait fait entendre. J'avais partagé son sentiment et nous avions décidé que ce serait un succès. Si, si, à la radio, tout peut devenir un succès dès que les responsables le décident, en faisant tourner la chanson très souvent. C'est ce que nous avions fait et les gens téléphonaient pour demander ce que c'était. Je crois que Fra Lippo Lippi a très peu vendu de disques en Amérique, sauf dans ma ville. Au fait, ce talent ne se limitait pas à ce seul microsillon.
Jeune chanteuse au cours des années 1960, Bettye Lavette donnait dans l'écorché vif avec une rare efficacité, si bien que même pour les Noirs, elle était trop noire. Elle avait d'ailleurs beaucoup de mal à enregistrer et la situation est demeurée la même au cours des deux décennies suivantes. Il ne faut pas cacher que sa carrière a pris son envol alors qu'elle avait atteint cinquante ans. Elle a pu alors enregistrer de façon régulière. La voix est devenue plus rugueuse, mais tout autant expressive. Je ne peux imaginer chanteuse soul plus soul que Bettye Lavette ! Ceci est son nouveau disque, un véritable sommet ! Pour mieux comprendre, écoutez cette chanson à trois heures de la nuit en fermant toutes les lumières de la maison.
Un projet de studio, mis en place par la compagnie de disques britannique London/Deram. Whistling Jack Smith était un pseudonyme pour John O'Neill, qui s'était fait remarquer la même année en sifflant la mélodie du thème de film The Good The Bad & The Ugly, une musique de Ennio Morricone. O'Neill avait droit à la technique multipiste, lui permettant de siffler dans tous les coins. Cette petite ritournelle accrocheuse a été un succès mondial, mais, pour les passages publics, entre autres à la télé, O'Neill était remplacé par un comédien, ce qui avait scandalisé notre siffleur. Le titre étrange ne vous dit sans doute rien, mais aussitôt que ce sera en marche, plusieurs d'entre vous vont reconnaître et... siffler immédiatement !
Ben Sidran a débuté comme clavier du Steve Miller Band. Depuis la fin des années 1970, il vole de ses propres ailes, avec une approche plutôt personnelle, mêlant le jazz et des pièces plus atmosphériques, sans oublier des intrusions vers des chansons plus pop, le tout avec une voix voisine de celle de Lou Reed. Sur ce disque de 2014, Sidran oublie son piano et sort de son grenier son vieil orgue Hammond. Il en met partout, dans des pièces aux climats paresseusement funky. C'est plutôt intéressant !
Ce que j'aime de J.J. Cale est que ses disques sont tous pareils. Cela devrait m'inciter à chialer, mais pas dans le cas de J.J. L'homme donne souvent l'impression d'enregistrer couché dans son hamac, tant son style est décontracté, tant dans les pièces lentes que sur les rock, ou différentes chansons davantage pop. Parfois, il a grande peine à ouvrir la bouche pour chanter. Toutes ces caractéristiques ont créé un univers bien à lui, qui sera souvent copié, entre autres par son ami Eric Clapton. Sur la pièce que je vous propose, J.J. est un peu plus excité que d'habitude, mais le climat relax subsiste, surtout grâce à cette belle partie de guitare de notre invité.
Une jeune chanteuse avec trois disques à son actif. Un des plus beaux talents croisés depuis une dizaine d'années. Kat Edmonson a une voix très particulière, comme si était une Billie Holiday sans blues du 21e siècle. Ses chansons sont des vignettes mélodiques, dépourvues de quoi que ce soit qui serait à la mode, si bien que ses disques sont appelés à bien passer l'épreuve du temps. De plus, elle me fait tout le temps sourire !
En 1976. le cinéaste Tim Davenport présente un film documentaire intitulé Born The Hard Way, mettant en vedette un harmoniciste et chanteur de folk-blues du nom de Peg Leg Sam. L'homme, dans la soixantaine, avait passé sa vie à présenter son numéro pour des vendeurs itinérants de potions magiques, de remèdes miracles, longue tradition du monde rural américain, mais alors disparu. Peg Leg Sam, de son vrai nom Arthur Jackson, était unijambiste. Il pouvait jouer de l'harmonica avec ses narines, puis avec deux harmonicas à l'intérieur de sa bouche. De plus, il racontait toutes sortes de trucs colorés et il se dégageait de l'homme une bonhommie sympathique. L'homme est décédé l'année suivante et avait eu le temps d'enregistrer un seul disque, avec l'aide du guitariste Louisiana Red, bien que des démos paraîtront après sa disparition. Je crois que c'est facile de trouver des extraits de ce film sur Internet.
Judy Collins, Sisters Of Mercy, 1967, Wild Flowers
Ce disque 1957 de Ray Bryant est son second, mais le premier, l'année précédente, était partagé avec la chanteuse Betty Carter. Cette fois, Bryant est seul comme un grand garçon, avec deux musiciens. En toute honnêteté, dans 80 % des cas, le jazz en trio me donne des boutons, car il y a toujours un musicien qui se sent obligé de tirer la couverture de son côté, ce qui donne des solos immondes, particulièrement dans le cas des bassistes. Ce n'est pas le cas ici : le batteur et le bassiste savent qu'ils sont au service de Bryant et se contentent d'accompagner. Et quel pianiste extraordinaire était le jeune Ray ! De plus, les pièces ne s'éternisent pas. Voici un des meilleurs microsillons de jazz modèle décennie 1950.
Louis Armstrong a débuté dans le groupe de King Oliver, de la Nouvelle-Orléans. Louis volant un peu la vedette à son patron, la pianiste du groupe, Lil' Hardin (future madame Armstrong) a incité Louis à quitter Oliver et à voler de ses propres ailes. Parlant de voler : Armstrong a obéi à la belle, mais est parti en compagnie des musiciens de King Oliver : outre Lil' Hardin, il y avait Johnny Dodds, Kid Ory et Johnny St-Cyr. L'ensemble se produit sous le nom de Hot Five et la musique alors enregistrée, en 1925 et 1926, n'était guère différente de celle de King Oliver. Beaucoup de dynamisme, d'interactions entre les musiciens, et, cela devrait vous surprendre, c'était de la musique instrumentale. Louis Armstrong commencera à chanter en cours de route. Sur la photo, Armstrong est au centre.
Les Blancs chantaient l'amour, l'amour, l'amour. Chez les Noirs, les sujets étaient plus variés. Si vous désirez entendre des chansons anciennes avec de bonnes paroles, dirigez-vous du côté des artistes d'ébène. Encore plus évident dans la sphère blues. On y croisait des malchanceux, des mal fichus et une galerie de vilains où il y avait des alcooliques, des parieurs, des hommes en prison et aussi des femmes exerçant le plus vieux métier du monde. C'est le cas de Memphis Minnie dans cette chanson. La femme a passé la soirée au coin de la rue et n'a pas gagné un seul sou. Elle craint de retourner chez elle, parce que son homme a une arme à portée de la main. Quand tout va mal, tout va très mal.
Un des meilleurs microsillons québécois de tous les temps et un disque qui, plus de quarante ans plus tard, n'a pas pris une ride. Soleil était une collaboration entre Jean-Pierre Ferland et le compositeur orchestrateur Paul Baillargeon. Ce n'était pas un disque de rock, mais il empruntait des éléments dans les arrangements, entre autres des idées qui couraient sur les disques de "rock progressif" : changements de rythmes, climats, finales à l'emporte-pièce, etc. Soleil était plein de cordes, mais sans jamais faire de tapage. Un bon goût évident et beaucoup de créativité. De plus, les textes étaient soignés et faisaient preuve d'originalité. Un disque parfait !
Jheena Lodwick est une pianiste et chanteuse, originaire des Phillipines, mais établie en Angleterre. Elle a quatre disques à son actif, en majeure partie avec des interprétations de chansons anglophones très connues. Selon le langage radiophonique, cette femme est une artiste "adulte contemporain". Sans surprise, mais pas désagréable. La voici nous offrant un succès 1971 de Cat Stevens.
Je suis un éternel admirateur des Kinks, mais je n'ai connu ce microsillon de 1969 que tardivement, en 1991. Il faut dire qu'il était dans les limbres, avant la vague de rééditions en disque compact. Je fus alors plus ou moins impressionné, jusqu'à ce que surgisse la dernière chanson. Jamais de ma vie je n'avais entendu une introduction aussi accrocheuse ! À la première écoute, après cinq secondes, je sifflais et bondissais partout, tant cette petite mélodie à la guitare s'était incrustée illico dans ma mémoire. Sentirez-vous cet effet ?
Enuff Z'Nuff, Run For Your Life, 2014, Covered In Gold
Un des ensembles de jazz les plus populaire de tous les temps, avec des années d'or au cours de la décennie 1950. Brubeck et ses musiciens oscillaient entre des expériences rythmiques et une approche plus simple. Les voici dans un sympathique jazz félin. Je souligne que Brubeck est le pianiste et que Paul Desmond est le saxophoniste.
Un chanteur et guitariste actif depuis la fin des années 1980, qui, à l'image de son père Luther, a l'habitude de mêler les genres de musique d'ébène, avec en tête le blues, la soul et le rock & roll. Ce disque, son plus récent, est un de ses meilleurs ! Mon choix est soul. Avec de l'orgue ! L'orgue, ça me tue...
Véronneau, Cielito Lindo, 2011, Joie de vivre
En écoutant cette chanson aujourd'hui, il nous semble impossible de penser que ce disque a été, à son époque, une révolution, une pièce qui allait donner naissance à un courant musical de la plus grande importance. Des formations d'harmonies vocales, il y en a eu avant les Orioles. Cependant, elles semblaient chanter pour un public blanc. Les Orioles s'adressaient à des Noirs, cela par leur phrasé, le chant ressenti. Les Orioles étaient influencés par les Ink Spots, ce qui est notable par l'effet gazouillis (Houououou...), mais devenu ici davantage un effet sonore atmosphérique, flottant, un peu étrange, rehaussé par la presque absence d'instruments de musique. Le succès énorme de It's Too Soon To Know fera de ce disque le point de départ du mouvement R & B d'harmonies vocales qu'un désoeuvré des années 1970 allait baptiser Doo-Wop. Enfin, je signale que lorsque Sonny Til chantait cette roucoulade romantique sur scène, les femmes noires criaient, pleuraient et s'évanouissaient dans la salle. Étonnant, je vous dis !