Dès sa sortie, je n'ai pas aimé ce que représentait ce disque : les instruments folkloriques, le "retour à la terre" et tout ce néo-hippie, prouvant surtout comme le Québec avait musicalement du retard sur le reste de l'Occident. Ce microsillon n'arrivait pas à la cheville des deux premiers de Richard et Marie-Claire Séguin et, rapidement, j'en ai eu ras-le-bol de l'entendre dans les endroits publics.
Quand j'ai écouté ce disque la première fois, l'année de sa sortie, j'ai eu un grand coup de foudre qui dure toujours. Cependant, l'histoire d'amour a été amère, parce que les disques suivants de Stephenson et de son groupe étaient profondément plus banals que leur effort initial. Boat To Bolivia est inclassable : impossible de trouver une chanson qui serait représentative. Il y avait là de la soul, du rock, du reggae, des balades à la Cohen, de la pure pop mélodique, un soupçon de jazz. Je n'avais jamais entendu un disque avec des approches musicales aussi variées, le tout offert avec chaleur et talent.
Une grande dame du Brésil ! Excellente autant à la guitare qu'au chant, Rosa Passos a débuté sur disque vers la fin des années 1970, mais les enregistrements ne deviendront soutenus qu'à partir de 1990. Un peu de jazz dans les coins, toujours la bossa, autant soupirée que pour sourire.
On doit à Charles Brown trois classiques du blues : Black Night, Merry Christmas Baby et surtout Driftin' Blues, tous enregistrés au cours des années 1940-50. Même à ce moment-là, Brown était différent des autres artistes de blues. Avec sa voix de chanteur de charme, le pianiste Brown ajoutait un aspect jazzy intéressant. Cependant, les microsillons alors proposés ne volaient pas très haut, cela même au cours des décennies suivantes. Par contre, le Brown des années 1990 offre des enregistrements très bien réalisés. L'homme semble alors devenir meilleur avec l'âge. La pièce que je vous propose est typique de ce temps : oui, c'est du blues ; oui, c'est du jazz, et on ajoute une irrésistible ambiance nocturne. Charles Brown est décédé en 1999.
L'américain Eric Bibb fait équipe avec Habib Koité, du Mali, pour ce disque folk paisible et chaleureux, où l'on croise autant de musique africaine qu'occidentale. La seule reprise présente est le grand classique de Dylan, chanté par Bibb, avec son confrère au banjo.
Ce duo allemand peut compter sur une magnifique chanteuse. Ils se sont permis deux disques d'interprètes, proposant des pièces qu'ils aimaient sans doute au cours de leur enfance ou de leur adolescence. La plupart datent des années 1970 et 1980. S'il y a des enregistrements qui me paraissent parfois bâclés, les deux disques présentent une large part de réussites, comme celle belle version d'un succès de U2.
Que cinq disques depuis 1993. Ajoutons que Sylvie Paquette n'a jamais cherché à plaire au marché, à adhérer aveuglément à la sonorité radiophonique. Elle construit, discrètement, une oeuvre personnelle, où sa voix fragile séduit, ainsi que les climats musicaux, qui sont, sur ce disque, davantage acoustiques que sur les autres enregistrements. Précieuse chanson, que celle-ci !
Cet organiste et pianiste a participé à quelques disques au sein de trios, mais ce CD est son premier en solo. L'homme Foreman y a mis toute la gomme, avec des pièces soul, d'autres jazz et un incroyable blues lourd. Le musicien sait jouer de son instrument et ne se contente pas de l'effet. Une particularité m'a frappée : son Hammond sonne très graisseux ! J'ai l'impression qu'il utilise un orgue ancien. Voilà un disque très réjouissant pour les organiques comme moi !
De l'imposant répertoire de Neil Young, la chanson que je vous propose a été l'une des cinq les plus reprises. Ne me demandez pas pourquoi, mais ce sont surtout des femmes qui s'y frottent. Cette chanteuse ajoute une émotion toute féminine. Comparez avec la version d'origine, extraite du microsillon classique After The Gold Rush (1970).
Géant est le titre de ce disque. On n'en doute pas : James Cotton fut un géant du blues à l'harmonica. Au moment de cet enregistrement, il avait 75 ans. Toujours du souffle, le vétéran ! Et un de ses meilleurs disques. La musique parlera par elle-même :
Une chanteuse et guitariste (électrique) et son premier disque. Depuis, il y en a eu cinq mais, curieusement, seul celui-ci présente surtout les compositions de la femme. Sur les autres, elle est davantage interprète. Une approche légère et de qualité. Même sur les titres plus pop, Diane Hubka nous offre des éléments jazzés. J'ai choisi cette chanson parce que son jeu de guitare est en évidence dans un solo.
Les années 1980 ont vu apparaître beaucoup de groupes de rock se réclamant d'une influence des Rolling Stones, Beatles, Kinks et tout le "Rock de garage". Le plus intéressant dans leur démarche est qu'il n'y avait pas de nostalgie apparente, dans leur musique. Ces gens avaient surtout retenu le sens de la mélodie, nous donnant ainsi des chansons faciles à retenir, à chanter. Le cas des Smithereens est sans doute le plus intégré dans une optique moderne. Il est évident que ces jeunes hommes de New York avaient gobé tout le répertoire Beatles. Les Smithereens, sans cesse, ont présenté, de ce premier album jusqu'à nos jours, une musique rock de grande qualité.
War fut un des groupes de soul les plus intéressants des années 1970, particulièrement parce qu'ils ne répétaient jamais une seule formule gagnante. Ils ont proposé des chansons très funk, d'autres latines, certaines amusantes et légères. Toujours, la créativité était au rendez-vous. La chanson que je vous propose est ma préférée : atmosphérique, puis avec une séduisante présence d'un harmonica.
500 Miles est une vraie chanson folk, c'est à dire que malgré un dépôt de droit d'auteur à un moment précis, il y a eu des variantes des années auparavant, entre autres sous le titre de 900 Miles. Quoi qu'il en soit, la chanson déferle au début des années 1960 et à peu près tous les artistes folk, de tous les pays, ont chanté cette mélodie. Autre fait pour identifier la pièce au folk : c'est une chanson de train. Sujet idéal pour cette musique ! La version la plus jolie que je connaisse est celle de Peter, Paul & Mary. Ma question quiz : qui a chanté 500 Miles en français ?
Le premier disque Blue Note enregistré par le saxo Dexter Gordon et aussi le début de la période la plus fructueuse de sa carrière, au moment où il quitte les États-Unis pour s'installer en Europe (France et Danemark), comme beaucoup de Noirs le faisaient, afin de fuir le racisme de leur pays. Dexter Gordon était actif depuis le milieu des années 1940, mais a passé une partie de la décennie suivante en prison. L'homme est décédé en 1990. J'ai choisi une pièce avec une approche plus romantique que le be-bop habituel.
Dion & The Belmonts, I Wonder Why (1958)
Bleuette aux paroles touristiques, célébrant le "Gai Paris". Ce que je n'ai jamais compris à propos de cette célèbre chanson est qu'elle fut interdite à la radio française, dès sa sortie. J'veux qu'on m'explique !
Oublions les orchestrations vieillottes, l'état souvent douteux de ces 78 tours centenaires et les voix un peu convenues des deux artistes : les disques de Billy Murray et Ada Jones sont les duos homme et femme les plus charmants que j'ai entendus au cours de ma vie. Pourquoi ce charme ? La légèreté, l'humour, le romantisme ancien, puis des chansons aux fortes mélodies. Billy Murray était le meilleur vendeur de disques de l'ère acoustique et Ada Jones était son équivalent pour les femmes. Deux grandes vedettes, en somme ! La rencontre date de 1905 et, tout de suite, les étincelles sont apparues. Cependant, Billy se lassera autour de 1915 et Ada se tournera vers d'autres chanteurs. À l'occasion, le couple se retrouvera. La chanson suivante est un bel exemple de leur production.
Cette bande de messieurs, avec vestons et noeuds papillons, était le plus formidable orchestre fou des années folles. Le grand patron était Harry Reser, un joueur de banjo très talentueux, mais qui ne se mettait jamais trop en vedette. L'ensemble comptait sur le chanteur Tom Stacks, qui avait une voix de personnage de dessin animé. L'humour de Reser se retrouve dans les paroles des chansons, mais aussi dans des arrangements musicaux surprenants. Sa musique donnait toujours l'impression de bondir. À beaucoup de points de vue, le groupe préfigurait Spike Jones (Années 40). Pour ajouter à la folie, Reser présentait son groupe sous divers pseudonymes un peu dingues : Seven Wild Men, Clicquot Club Eskimos, Seven Little Polar Bears, Six Jumping Jacks. La période de gloire de Reser nous mène de 1925 à 1930. Par la suite, ce sera plus difficile, sans doute parce que cette musique avait été trop profondément identifiée aux années 1920. Reser aura tout de même le temps de composer le classique de Noël Santa Claus Is Coming To Town. L'homme est décédé en 1965, dans une fosse d'orchestre, alors qu'il faisait partie des musiciens d'une salle de théâtre.
Une étrange comète dans l'histoire du blues. James Kokomo Arnold n'a été actif que de 1934 à 1938, avec une grande réputation, puis il a tourné le dos à la musique, refusant même un retour au cours des années 1960, comme cela était arrivé souvent pour les musiciens de blues de jadis. Un guitariste gaucher avec une voix expressive, avec parfois des sujets rares, comme l'homosexualité. Milk Cow Blues n'est pas de lui, mais de Sleepy John Estes (1930), mais Arnold a changé les paroles, comme cela va souvent arriver avec cette pièce, célèbre pour avoir été reprise par le jeune Elvis Presley. Il faut cependant croire que la version de Kokomo avait trouvé écho à son époque, car l'homme l'a enregistrée trois fois. Kokomo Arnold est décédé en 1968.
Contrairement aux autres musiciens de jazz de son époque, Charlie Barnet était un fils à papa, lequel était vice-président d'une compagnie de chemin de fer. D'ailleurs, le paternel le destinait à la noble carrière d'avocat, mais fiston a préféré le saxophone. Malgré ses goussets trop pleins, Barnet a fait son chemin à la dure école, d'autant plus qu'il était ouvertement méprisé par ses contemporains. La période d'or de Barnet se situe à l'ère des big bands (1938-1942) et son orchestre ne se distinguait pas des autres formations, si ce n'est qu'il est l'interprète du classique Cherokee, pièce toujours reprise de nos jours. Barnet était aussi une page à potins pour les revues spécialisées, ses nombreuses conquêtes féminines faisant la manchette. Barnet s'est plus ou moins retiré de la scène musicale au début de la décennie 1950. Il est décédé en 1991.
Si vous écoutez la pièce que je vous propose, vous direz : "C'est du chant jazz." Si vous l'aviez entendue en 1957, vous auriez dit : "Mais qu'est-ce que c'est, ce truc ?" Car personne n'avait jamais chanté de cette façon avant ce disque. Les trois membres étaient déjà connus des admirateurs de jazz. La pochette laisse deviner qu'il s'agit d'un disque de Dave Lambert, avec l'aide de Jon Hendricks et Annie Ross. C'était peut-être le cas, mais le trio a décidé de continuer, cela jusqu'en 1964, bien que la femme ait quitté en 1962, remplacée par Yolande Bavan. Pas tout à fait dix années de carrière, mais une influence sur tous les groupes qui tenteront l'aventure vocale, particulièrement Manhattan Transfer. Je dois dire que dans le cas présent, le trio était un quatuor, car la voix de Annie Ross, plus que souvent, est doublée. Lambert est décédé en 1966 dans un accident d'automobile. Hendricks et Ross sont toujours de ce monde, mais peu actifs dans l'univers de la musique depuis une quinzaine d'années. Question d'âge, sans doute.
Une voix très puissante ! La légende veut que Big Joe Turner, en spectacle, n'avait pas de microphone, tant sa voix pouvait couvrir le son des instruments. Avec notre invité, tout est simple : il y a la période 1950-55 chez Atlantic et à peu près rien d'autre. Actif sur disque depuis la fin des années 1930, il n'a jamais réussi à me convaincre, puis, après 1955, il passera son temps à réenregistrer ses titres Atlantic. Mince intérêt. Mais ces R & B costauds et carrés, c'est à écouter d'urgence. C'était le moment où ce qui était du rock & roll n'en portait pas le nom. Avec cette chanson, à plus de 40 ans, Gros Joe faisait se trémousser les adolescents blancs d'Amérique. Le superbe solo de saxophone est signé Sam "The Man" Taylor.
Lors de ce spectacle du 5 avril 1964, Jerry Lee Lewis avait 29 ans et vivait, depuis ses succès initiaux de 1957-58, des moments très difficiles, suite à un scandale entourant sa vie privée, entraînant sa carrière musicale vers l'abîme, même en ayant décidé de devenir chanteur country. De plus, nous étions au début de la gloire des jeunes groupes britanniques, avec les Beatles et les Rolling Stone en tête. J'ai toujours eu l'impression que la furie démontrée par Jerry Lee ce jour-là était une façon de crier qu'il était encore jeune, qu'il avait sa place dans l'univers du rock & roll et que pas un seul, mais vraiment pas un seul, ne pouvait l'abattre sur scène. Jerry Lee gueule, aboie, veut détruire son piano, joue avec le feu coulant dans ses veines. L'homme était accompagné par un jeune groupe britannique, les Nashville Teens, entraîné dans la furia du rocker, le tout devant un public survolté. Le disque témoignage est mal enregistré, mais il est considéré, à juste titre, comme un des plus grands enregistrements en public de l'histoire du rock. Je souligne que ce microsillon a connu trois pochettes différentes.
Vous en connaissez beaucoup, des musiciens dont la carrière touche huit décennies ? Le pianiste Jay McShann a débuté au cours des années 1930 et lors de son décès, en 2006, il était encore actif. Le style de McShann a toujours été difficile à cerner, car il semblait chevaucher sans cesse deux styles. En principe, c'est un musicien de jazz. En réalité, son jazz est souvent blues. Quand il se décidait à enregistrer du vrai blues, il y avait des passages jazz. Un personnage intéressant à la discographie dense, mais parfois un peu confuse. Cependant, le disque que je vous présente est excellent.
Elles furent, en 1961, les premières artistes Motown a atteindre le sommet des palmarès américains, avec la chanson Please Mr Postman. Dès le début, le grand patron Berry Gordy savait que ces jeunes femmes auraient un peu de mal à demeurer présentes auprès du grand public blanc et c'est pourquoi, dans la chaîne de montage à succès radiophoniques, les Marvelettes s'adressaient davantage au public d'ébène. Les Marvelettes étaient tout simplement les artistes les plus soul de Motown. La chanson que je vous présente a été écrite par Smokey Robinson et j'ai toujours pensé qu'elle était irrésistible.
Un microsillon phare dans l'histoire musicale du Québec. Avant SOS, Jacques Michel chantait des pièces ensoleillées et des chansons fraternelles que n'aurait pas refusé un artiste sage comme Gilbert Bécaud. Avec SOS : Virage complet ! Musicalement, nous avons droit aux instruments rock, puis à des structures éclatées, inhabituelles. Là où le virage se complétait : les paroles des chansons. Revendicatrices, un peu philosophiques, où chaque mot devenait mordant. Avec les trois microsillons suivants, Jacques Michel poursuivra dans la même veine, mais sans atteindre le sommet de SOS. Et après, il retournera aux chansons ensoleillées... Je crois que les paroles de la chanson que je vous propose sont toujours d'actualité et je souligne que la partie de violon est signée Jean Carignan, le plus habile des violonistes folklorique de l'époque.
Le succès 1966 des Mamas & Papas a été repris des centaines de fois. Cependant, ce qu'en fait la toujours excellente Clare Teal est personnel et particulier : elle murmure plus qu'elle ne chante, le tout sur fond jazzy et avec un certain sens du blues. Une belle réussite !
Ces jeunes suédois reprennent l'idée du groupe vocal "à la Manhattan Transfer", avec des reprises jazzées plus ou moins bonnes, mais des interprétations a-cappella plutôt riches. La meilleure reprise de leur disque est un classique des Beatles, de leur microsillon 1967 Sgt Peppers. À vous de juger.