Une jolie chanteuse, petite de taille, associée à des disques un peu fous enregistrés dans la seconde partie des années 1920, mais qui était active sur scène depuis 1917. Lee Morse avait une voix distinctive, presque masculine et elle s'en servait pour quelques culbutes très étonnantes. Associée à l'effervescence des "Années folles", son étoile pâlit avec la décennie 1930. Elle tentera un retour au début des années 1950, mais elle est décédée en 1954, âgée de 57 ans.
Les années d'or du ragtime vont de la fin du 19e siècle jusqu'aux années de la Première guerre mondiale. Il s'agit de la base de ce qui deviendra le jazz. Par la suite, le rag répondra à des courants de mode nostalgique. D'abord au cours de la période suivant la guerre 39-45, puis en 1973, avec l'utilisation de quelques pièces dans la bande sonore du film The Sting. C'est alors que naîtra l'équation : Ragtime = piano, alors que cet instrument n'était presque pas utilisé dans les périodes antérieures.
Ce collectif rend hommage à Bob Dylan. En principe, ce sont des artistes de blues qui sont en cause, mais en réalité, il n'y a là que trois pièces blues. Souvent, ce type d'entreprise laisse à désirer, alors que des réussites côtoient des tiédeurs. Cependant, comment résister à la "Grosse voix" d'Isaac Hayes ? La chanson provient du microsillon Nashville Skyline (1969) de Dylan.
Paul Personne, Mainmise, 2014, Puzzle 14 (À l'ouest)
Mon groupe favori des années 1980 et sur ma liste de tous les temps. J'adorais l'aspect encyclopédique des Cramps, leur culture des déchets, des déjantés, des films de série Z, mais aussi leur humour, leurs excès. Sur disque, nous passions du groupe sans basse, aux fonds de poubelles psychédéliques jusqu'au rock ferraille. Sur leur route, ils ont chipé cent plans à des disques obscurs qu'ils adoraient comme des dingues. Lire un reportage avec Ivy et Lux était aussi excitant qu'écouter leurs disques. Par la suite, les Cramps feront ce qu'on n'attendait pas d'eux : cesser de nous surprendre.
Quand Creedence Clearwater Revival a cessé ses activités, John Fogerty était amer. Il avait été pressé comme un citron par sa compagnie de disques, qui lui avait aussi volé beaucoup d'argent. Tout le monde attendait le premier album solo de Fogerty, mais l'homme, désireux de prendre ses distances de Creedence, a lancé le disque sous un pseudonyme : Blue Ridge Rangers. Son nom n'apparaissait nulle part sur la pochette. De plus, ce n'était pas du rock : que des reprises de chansons country, avec toute la panoplie du style. Notons que ce genre musical était déjà un peu présent chez Creedence, mais pas autant en évidence que sur ce disque. J'ajoute que mon invité jouait de tous les instruments, sur ce 33 tours.
Chacun sait que l'adolescent Stevie Wonder avait connu le succès en 1966 avec sa version de Blowin' In The Wind. Peu de gens savent que le jeune homme s'était frotté à Dylan une seconde fois, sur un microsillon de 1967. Cependant, sa version semble inspirée de celle des Byrds et non de celle de Bob.
Fats Domino (1957)
Plusieurs chansons à succès des années 1950 sont identifiées à cette seule décennie, alors qu'en réalité, il s'agissait de reprises. Le cas, entre autres, de pièces des Platters, de Connie Francis, de Fats Domino. Pour les gens de l'époque, c'était facile de deviner qu'il s'agissait d'une interprétation, car les chansons en cause n'étaient pas si anciennes et les versions d'origine demeuraient fraîches dans la mémoire. Cette idée s'est perdue avec le temps, tout simplement parce que les chansons des années 1930-40 sont disparues des ondes radiophoniques, alors que celles des 1950-60 furent diffusées pendant longtemps.
Cependant, la chanson que je vous présente était un peu différente. Dénonciation sociale ? Timidement, mais tout de même vrai : Billy Murray nous parle d'un bourgeois qui passe ses semaines à voler ses semblables, mais qui est jugé comme un homme honnête par la bonne société parce qu'il se rend à l'église chaque dimanche.
Bach, Madelon (1919)
Marvin Gaye a vécu deux carrières : la première sous l'emprise de la machine à succès de la compagnie Motown et l'autre, avec plus de liberté, au cours des années 1970, mais avec davantage d'errances. Je préfère la première phase, à cause des chansons simples, accrocheuses, de la voix de l'homme. Marvin Gaye est décédé en 1984, assassiné par son père. Très américain, comme destin, hein...
Cette chanteuse touche-à-tout a cinq disques à son actif et il y a une reprise des Beatles sur chacun d'entre eux. Une bonne habitude, en somme ! La voici avec un traitement jazzé d'un succès 1964 des Quatre. Agréable !
Seules les "années folles" pouvaient produire une chanteuse telle Helen Kane. Cinq années avant sa courte période de popularité, il aurait été impensable de permettre à une telle voix de se faire entendre sur disque. La gloriole de mon invitée n'a pas duré deux années et pourtant, sa chanson fétiche demeure très connue, même si la plupart des gens ne l'ont jamais entendue par Helen Kane. Autre aspect de sa gloriole : les studios d'animation Fleischer ont volé les attributs physiques de Helen Kane, sa voix et son Boop Boop Be Doop pour créer le personnage de dessin animé Betty Boop. D'ailleurs, à ce moment-là, Helen Kane n'était pas très contente de ce plagiat... Ce personnage unique est décédé en 1966. Voici la chanson que vous désirez entendre.
Zona Sul est un groupe, même si les pochettes de leurs disques mettent l'accent sur la chanteuse. Il faut avouer que cette femme est excellente ! L'approche de la formation est traditionnelle : bossa légère, jolie comme une brise. Outre les chansons majoritaires en portugais, Zona Sul chante parfois en français et en anglais. Le nom du groupe désigne un quartier de Rio.
Janis Siegel, Let It Be Me, 2003, Friday Night Special
Luc De Larochellière, Cash City, 1990, Sauvez mon âme
À leur arrivée dans l'univers du disque, en 1930, Connee, Martha et Helvetia Bowell, de la Nouvelle-Orléans, proposèrent une approche profondément inédite et originale. Les soeurs avaient de l'expérience sur scène depuis quelques années et avaient développé une façon particulière d'harmoniser. Musicalement, le trio enregistrait des disques alors déroutants, avec des changements de rythmes soudains dans les chansons. Elles pouvaient compter sur des musiciens de grand talent, tels le violoniste Joe Venuti, le guitariste Eddie Lang, puis les frères Tommy et Jimmy Dorsey aux cuivres. Ajoutons une belle jeunesse et les Boswell connurent leur moment de gloire, interrompu en 1935 pour des raisons familiales. Seule Connee poursuivra en solo, cela jusqu'au milieu des années 1950, sans jamais retrouver l'étincelle qui faisait le charme des disques avec ses soeurs. Je souligne que Connee Boswell était une personne handicapée, devant se déplacer en fauteuil roulant. Sur la photo, elle est au centre. Courez sans risque acheter une compilation des Boswell ! Ces enregistrements de plus de 80 années ont gardé beaucoup de fraîcheur.
Il est bien reconnu qu'au cours des 25 dernières années, les meilleurs artistes de blues ne sont pas américains. En voici un du nord, précisément de Montréal, bien que Michael Jerome Browne soit aussi un musicien folk, actif sur disques depuis la fin de la décennie 1990. Une bonne voix, une maîtrise certaine de la guitare, mais aussi de la mandoline. Ce disque est un "retour aux sources", puisque Browne interprète quatorze airs de blues des années 1920-30-40, à la manière dont les pionniers du blues le faisaient. Un disque magnifique ! La chanson que je vous présente provient du répertoire de Tommy McClennan, du début des années 1940.
La chanson provenait du disque The Rise And Fall, disponible seulement en Europe. En Amérique, un album de compilation, éponyme, fut lancé et connaîtra beaucoup de succès, en 1983, à cause de la présence de Our House.
Les Byrds ont été actifs pendant une douzaine d'années, mais dès 1966, il y avait un peu de confusion sur leurs disques. Leurs meilleurs microsillons demeurent les deux premiers, avec leur flot de reprises de Dylan et surtout ce son de guitare unique, qui aura une influence profonde chez beaucoup de jeunes de l'époque, mais aussi sur ceux d'une future génération (Tom Petty, REM). La chanson que je vous offre, grand succès en 1965, provenait du répertoire de Pete Seeger et je ne vous souhaite pas le malheur d'entendre la version d'origine.
Ce disque est considéré comme le premier enregistrement de Rhythm & Blues. Discutable ! Ce qui est certain : le pianiste Joe Liggins a connu un énorme succès avec cette pièce auprès de la communauté noire, ce qui a incité des musiciens à chercher à faire pareil, donnant naissance à un style très important. Le piano répétitif, le chant à l'unisson, le solo de saxophone : tout était en place pour le départ d'une scène musicale extraordinaire, où on croisait souvent des chansons qui étaient du rock & roll, sans en porter le nom. Curieusement, Liggins n'a pu donner suite à ce succès.
Morse Code, Qu'est-ce que t'as compris ? 1975, La marche des hommes
Champion Jack Dupree était un pianiste et chanteur de blues, dont la carrière a touché cinq décennies. Il est bien reconnu que ses meilleurs disques sont les premiers, en 1940 et 1941. Le microsillon ci-haut a une certaine réputation car, pour une rare fois, Dupree était accompagné par d'autres musiciens, dont un bassiste, un saxophoniste, un guitariste électrique. Il semble évident que ces gens-là n'avaient pas répété longtemps ! La petite étincelle de ce microsillon est, très à propos, la spontanéité et le climat. Typique dans la chanson que je vous présente, avec ses interjections, ses cris. Je signale que ce disque a connu trois pochettes. Celle-ci date des années 1970. Je n'ai pu retracer la première. Enfin, pour votre gouverne, le surnom Champion lui a été attribué parce qu'avant de travailler comme musicien, Dupree était boxeur.
Quand Adam Cohen s'est lancé dans l'aventure de la carrière musicale, il savait que les enfants de célèbres artistes souffraient souvent de la comparaison avec leurs parents. Il a cherché à tout faire pour que les gens ne pensent pas : "Il est bien, mais pas autant que Leonard." Sauf que ce tiraillement a brusquement cessé avec le disque illustré ci-haut : oui, Adam est influencé par son père. Oui, il a une voix voisine à celle de Leonard Cohen (des années 70). Sauf que notre Adam a écrit dix chansons profondément adroites et, en quelque sorte, Leonard Cohen n'en a jamais écrit d'aussi bonnes. Ce disque compact est un petit bijou de créativité et de chaleur humaine.
Barney Kessel, North Of The Border, 1953, Easy Like
Dawn Lambeth, C'est si bon, 2007, Let's Get Lost