The Litter a enregistré un 33 tours lumineux et profondément rock portant le doux titre de Distortions. Ils avaient débuté en 1966 par un 45 tours, succès dans leur Minnesota natal : Action Woman, qui aura la particularité d'être la première pièce de la face A du premier Pebbles. Un su-per-be rock ! C'était suffisant pour qu'une compagnie de disques prenne le risque du 33 tours. Ils ont perdu... Injustice! Distortions portait son titre car des bzzz bzzz bzzz, il y en avait partout, particulièrement dans une version furieuse du I'm a Man, de Bo Diddley, avec une finale psychédélique totalement dingue. The Litter présentait aussi une influence alors rare : les Who, groupe alors peu connu en Amérique. On y trouvait deux pièces des Who, Substitute et A Legal Matter. Je crois même que mes perdants allaient plus loin que les Who.
Litter enregistrera un second 33, en 1969, avec un autre chanteur et une approche beaucoup moins directement rock. Ce sera tout, sauf pour les initiés ayant un jour aimé Action Woman et Distortions. Extraordinaire !
1966 fut la plus grande année de l'histoire du rock. Les géants étaient dans une forme créative incomparable : Beatles, Dylan, Stones, Yardbirds, Kinks. Cette année fut à la fois le récent passé et le proche avenir. C'est en 1966 qu'apparaissent les premiers disques du futur hard-rock, avec Cream et Jimi Hendrix. Le rock est de plus en plus branché sur la pédale fuzz pour la guitare et l'orgue Farfisa remplace la petite Vox. Les stations de radio sont ouvertes à l'électricité brute.
Concernant nos perdants : sur dix microsillons Pebbles, je compte 62 chansons de 1966. Sur le Nuggets : 15 pièces sur 27. Parmi cette faune de 45 tours de groupes débutants, on compte des... gagnants. Assurément une douzaine, dont les cinq que je vous présente. Il y en avait eu peu en 1965 et moins en 1967.
Ce que je signifie par gagnants : des succès importants rejoignant un vaste public par la voie de la radio. Les cinq chansons oscillent entre le numéro 1 (Question Mark) et le numéro 30 (Leaves). Ne vous inquiétez pas pour 30 ; sur le Billbard de 100 candidats, un 30 fut un succès.
Ceci a permis à ces groupes de se démarquer, d'enregistrer des microsillons. Cependant, le destin les a éloignés de ce grand public d'origine, sans doute parce que c'était trop rock, alors que la mémoire collective n'a gardé qu'une partie de cette manne, celle qui est moins turbulente.
À propos de la numération ci-haut : c'est bel et bien le 45 tours que nous avions à la maison quand j'étais petit. En 2005, j'ai vendu tous mes disques vinyles, dont 3000 45 tours. J'ai cependant gardé une trentaine de 45, me disant que posséder le disque d'origine de 96 Tears et le vendre serait un sacrilège. Avoir 10 ans et pouvoir écouter 96 Tears tous les jours : ma voie était tracée et ne s'est jamais éteinte.
1. jakin le 02-11-2020 à 18:48:57 (site)
Salut Mario, chaque fois que je passe chez toi, j'ai les boules, car je ne peux plus rien écouter et je râle....
2. MarioMusique le 02-11-2020 à 18:52:58 (site)
T'as qu'à réinstaller le bidule, qui doit disparaître fin décembre et non en début novembre. Ton machin de mise à jour a fait du zèle,
Au fait, toutes ces chansons peuvent être entendues sur You Tube.
Primitif ? Ultra primitif, devrais-je dire ! Préhistorique serait aussi un bon mot. Entendre ceci une première fois provoque un choc. Il est alors évident que le guitariste ne connaît qu'un seul accord et que lors du solo, il ne sait pas quoi faire. Autre évidence : ces gars n'avaient qu'un seul microphone, car lorsque le chanteur s'exprime, le son de la guitare baisse ; quand il ne chante pas, on entend la guitare au premier plan. Il y a aussi un batteur et un bassiste, mais tant en tant éloignés du microphone qu'ils devienent à peine perceptibles. De plus, le chanteur, parfois agressif, a une voix lépreuse.
Beaucoup de mystères autour de cet enregistrement et qui ont été révélés quand un maniaque a réussi à retracer un membre du groupe. Ceci a été enregistré dans le studio d'une station de radio. Leave My House était la face B et le 'producteur' a volontairement bousillé l'ensemble, afin que les gens ne se concentrent que sur la face A.
Le disque a été tiré à 500 exemplaires, que les gars vendaient lors de leurs spectacles. De nos jours, une copie du 45 tours d'origine voit son prix de vente débutant à 1,500 dollars. Comme si ce n'était pas assez dans le domaine primitif, la seule photo de la formation est hors foyer et brisée.
Il fallait débuter quelque part, n'est-ce pas ? Les gens que je présente dans cet article ont tous connu la popularité, le reconnaissance, mais dans le dernier quart des années 60, ils évoluaient dans des formations marginales dont les disques étaient rejetés par les programmateurs radio et le public. Tous sont encore actifs.
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IGUANAS : Le chanteur semble enragé. Il le sera jusqu'à nos jours. C'est de ce groupe que l'homme tira son surnom : Iggy Pop.
MOVING SIDEWALKS : Formation du Texas qui enregistra un microsillon très mauvais en 1968, mais leur premier 45 tours, l'année précédente, est un bijou d'emploi d'un orgue farfisa. Le guitariste était Billy Gibbons, qui, en 1969, formera un autre groupe : ZZ Top.
VAGRANTS : Une formation qui a souvent tenté sa chance, sans résultats. Leur guitariste était Leslie West, de Mountain et de la légende de Woodstock. Ceci était une reprise d'une chanson d'Otis Redding, enregistrée avant l'interprétation classique d'Aretha Fanklin.
GOLLIWOGS : Ce quatuor, illustré ci-haut. a aussi connu plusieurs tentatives 45 sans résultat. Contrairement à mes autres invités, il n'y a eu aucun changement de musciens quand, en 1968, ils adoptent un nouveau nom : Creedence Clearwater Revival.
Apparait sur le Pebbles volume 11 et une pièce très unique, puisque rien ne lui ressemble dans la sphère des perdants. Ce disque peut paraître incongru en premier lieu, car on y trouve deux chanteurs qui chantent en harmonie, avec des voix claires. On dirait les Everly Brothers sous acide. Ajoutons un second élément particulier : une guitare tout autant claire, enrobée d'écho, et qui devient névrosée lors du solo. L'ensemble à haute vitesse. Légèrement bizarre et un peu à contre-courant, si on ferme les yeux sur le bassiste très 1966. Ce groupe était de la Floride et ceci est le seul disque, en face B.
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