Au Québec comme en France, les artistes jeunesse des années 1960 n'avaient pas le choix : ils devaient chanter des versions françaises de pièces anglophones, même si la chanson ne leur plaisait pas. Parfois se glissait une adaptation d'une chanson n'ayant pas connu la faveur du public. C'est le cas de Ton visage maquillé de joie, des Aristos. La pièce d'origine, A Message To Pretty, du groupe californien Love, était une obscurité pour les Québécois, si bien que tout le monde pensait - moi le premier - que ce succès était une création locale.
En découvrant la version anglaise, on se rend compte que les Aristos offraient une adaptation très supérieure. Une chanson romantique mélancolique, avec une rareté : l'émotion masculine face à une rupture, un chagrin d'amour, de la part d'un gars complexé. Dès le départ, le chanteur Donald Bélanger nous avertit qu'il "ne vaut rien." Ajoutons tout ce qu'on peut désirer d'une chanson de 1966 : une extraordinaire partie de guitare, de l'harmonica, et de l'orgue là où ça compte, sans oublier que l'ensemble présentait une densité émotive incomparable. Ce disque est une grande réussite !
Il y a une dizaine d'années, j'avais rencontré une femme de mon âge, désireuse que je lui fabrique quelques CD avec Led Zeppelin, Pink Floyd, Deep Purple, Johnny Winter, puis soudain, les yeux pétillants, elle me demande : "As-tu Ton visage maquillé de joie, par les Aristos ?" Ma réponse positive l'avait ravie. Pour ma part, je suis capable d'écouter cette chanson quinze fois de suite sans me lasser.
Une création de George Gershwin, au début des années 1930, Summertime, pièce lente, a été depuis enregistrée des milliers de fois dans toutes les langues et par des artistes d'horizons musicaux divers. Une chose est certaine : aucune version n'est semblable à celle proposée par un obscur chanteur soul des années 1960 : Billy Stewart.
En réalité, l'introduction et la conclusion sont responsables du succès et de la réputation de ce disque, alors que Stewart se perd en onomatopées, en culbutes vocales étonnantes et très énergiques. Le reste n'est pas à dédaigner : des cuivres qui claquent et un batteur hyperactif. De la dynamite ! Billy Stewart ne fera pas suivre cet immense succès. Il est décédé en 1970, dans un accident de voiture.
Pin Ups (1973) est un disque que David Bowie a enregistré alors qu'il était pressé comme un citron par son gérant, d'où l'aspect moyen de l'ensemble. J'ai toujours pensé que Bo n'avait pas assez de chansons pour proposer un disque de compositions et que ce palmarès de la scène britannique du milieu des années 1960 était une solution de rechange expéditive. La période correspond aux moments où le jeune homme, alors sous son nom de David Jones, tentait de faire partie de cette scène. Pin Ups contient quelques réussites, comme la version de See Emily Play de Pink Floyd. Quoi qu'il en soit, voici les versions d'origine. Je signale que la femme posant avec la vedette sur la pochette est Twiggy, mannequin à la mode au moment de ces chansons et qu'il s'agit du dernier disque que Bowie enregistrera en compagnie du guitariste Mick Ronson.
1. Nyxie le 13-01-2016 à 08:36:10 (site)
Tu es inépuisable... quelle connaissance de la musique tu possèdes....
Bravo...
2. MarioMusique le 13-01-2016 à 10:58:24 (site)
Ce qui est inépuisable, c'est la musique. Je viens de découvrir une pianiste et chanteuse de jazz de Suisse, qui n'a enregistré que deux albums au cours des années 1960 et qui était excellente.
Dans le cas présent, il s'agissait de présenter les chansons reprises par Bowie, dans le même ordre. Je n'étais pas certain d'avoir les Mojos, mais la chanson était cachée sur une compilation de ma discothèque.
4. MarioMusique le 13-01-2016 à 17:26:22 (site)
Non ? Triste... Mais je ne sais pas si tu as remarqué, Jakin, ce n'est pas Bowie qui chante ici, mais les versions d'origine qu'il avait interprétées sur ce disque.
6. Nikole-Krop le 14-01-2016 à 08:50:05 (site)
Merci beaucoup pour ces sources, Mario !
7. MarioMusique le 14-01-2016 à 14:10:31 (site)
Voilà des chansons que Bowie aimait au cours de sa jeunesse.
Il y avait deux reprises de plus sur Pin Ups, mais qui ont été mises de côté parce que les pièces d'origine n'étaient pas britanniques : White Light White Heat (Velvet Underground) et Amsterdam (Jacques Brel).
En 1973, Offenbach est en France, sur l'invitation de la maison Barclay, pour faire connaître leur premier microsillon. En vain ! S'apprêtant à revenir au Québec, les membres du groupe sont interceptés par un cinéaste, qui leur offre de devenir sujets de son prochain film, du type cinéma-vérité. Les musiciens acceptent. Pendant une année, nos rockers vivent sans cesse sous la présence de caméras, donnent quelques spectacles dans des maisons de la culture et en divers endroits. Le film s'intitule Tabarnac.
Mauvaise expérience pour le groupe ! Cependant, la bande sonore du film, lancée sur un disque double au Québec, connaît un énorme succès. Pas moins de sept pièces tournent dans les boîtes, dans les stations de radio rock F-M. Parmi ces chansons, une curieuse intruse : L'hymne à l'amour d'Édith Piaf. Pourquoi ?
Ayant vu le film (Pauvre de moi!), je peux situer cette chanson. Elle a sans doute été choisie parce que le public de France ne connaissait pas le répertoire des musiciens. Une façon de faire plaisir, en somme. Offenbach propose leur version dans ce qui m'a semblé être le bar d'un centre de ski. Les gars étaient coude à coude sur une petite scène.
L'aspect unique provient de la transformation de la pièce de la môme en un blues-rock lourd, plein d'orgue Hammond et de guitare bleue. De plus, il y a de magnifiques erreurs, dont les grognements de Gerry Boulet, lançant les aiguilles du VU dans le rouge, sans oublier de la distortion ça et là. Quoi qu'il en soit : une rude intensité rock. Personne n'avait jamais entendu L'Hymne à l'amour de cette façon !
Offenbach, L'hymne à l'amour, 1975, Tabarnac
2. MarioMusique le 12-01-2016 à 18:46:25 (site)
Chaque chanson a une histoire
3. Yvandesbois le 21-01-2016 à 22:35:49 (site)
Curieuse interprétation ... mais , quelle belle chanson :
4. MarioMusique le 21-01-2016 à 23:52:54 (site)
C'est rare que les visiteurs vont plus loin que la page 1 ! Merci !
Il n'aura fallu que la moitié des années 1970 pour que Earth, Wind & Fire devienne le groupe soul le plus populaire de cette décennie. Les succès radiophoniques défilaient avec régularité, parfois disco, funk, mais aussi avec des balades, puis des spectacles à grands renforts d'effets spéciaux. Ma chanson favorite est celle que je vous présente, qui est mélodique et a un bon climat, mais aussi parce que c'était la seule pièce soul qui tournait dans les boîtes rock de ma ville. Le microsillon est de 1977, mais le succès sous forme 45 tours date de l'année suivante.
Earth, Wind & Fire, Fantasy, 1977, All N' All
Commentaires
1. jakin le 18-01-2016 à 13:42:49 (site)
Je n'ai pas l'oreille aussi exercée que toi, je ne fais pas la différence dans la rythmique....
2. MarioB le 18-01-2016 à 20:16:18 (site)
Le chanteur des Aristos est nettement supérieur et le groupe joue beaucoup mieux que les gars de Love.