Un pionnier de la musique de cow-boy, mais aussi un des premiers Blancs à être influencé par le blues et on peut aussi considérer Jimmie Rodgers comme un chanteur folk, à cause des sujets de ses chansons (les gens) et aussi l'accompagnement minimal à la guitare acoustique sur plusieurs de ses disques. Les photos nous montrent souvent l'homme vêtu comme un employé de chemin de fer. Pas sans raison : Rodgers a tenu de tels emplois et a laissé tomber à cause de sa santé fragile, ce qui l'a incité à chanter. Dans son répertoire : beaucoup de chansons sur les trains. Jimmie Rodgers est décédé de la tuberculose, en 1933.
La chanson que je vous présente n'est pas sa plus célèbre, mais ma favorite. L'histoire d'un vagabond voyageant clandestinement dans les wagons de marchandise. Cette fois, il le fait par une nuit de pluie et de grand vent. Dans le wagon, la pauvre n'a rien pour se réchauffer et meurt de froid. C'est présenté avec une simplicité touchante.
Jimmie Rodgers, Hobo Billy's Last Ride (1930)
Un classique du Duke, mais aussi davantage. L'Ellington de la période 1928-1935 était particulièrement créatif, prenait des risques, écrivait des arrangements très étonnants, parfois déroutants. C'est le cas de cette chanson. Oh, tout ça paraît simple, mais il s'agit d'écouter comme il faut pour se rendre compte que cette pièce présente des arrangements de cuivres complexes, inhabituels. La chanteuse Ivie Anderson (Non créditée sur l'étiquette) ajoute des étincelles, ne serais-ce que par son Wa Da Doo, au tout début.
Duke Ellington, It Don't Mean A Thing (1932)
1. gegedu28 le 29-10-2015 à 17:38:33 (site)
Bonsoir Mario,
Pas de musique beauceronne (Beauce de France, lol) égarée au Québec ?
Au plaisir de te relire.
Gégédu28
2. jakin le 29-10-2015 à 17:49:39 (site)
Bonsoir Mario, effectivement une pièce intéressante pour son côté musical et pour ce swing du début des années 30....
3. MarioMusique le 29-10-2015 à 19:00:51 (site)
Jakin : La rythmique est une contrebasse et c'est quelque chose qu'on entendait très peu au début des années 1930.
Gegedu : Non ! Reste à savoir s'il y avait des folkloristes de la Beauce du Québec qui ont enregistré.
Un artiste de blues extrêmement important ! Avant Clarence "Blind Lemon" Jefferson, le blues était un dérivé lent du jazz, chanté par des femmes. On y entendait donc des cuivres. Notre invité est le premier à aborder cette musique avec une guitare acoustique, ajoutant l'idée de malchance dans les textes de chansons. Ce sont deux caractéristiques toujours présentes de nos jours. Jefferson enregistre beaucoup, ce qui est une indication que ses disques se vendaient bien auprès de la communauté noire. Ce style acoustique sera de mise pour tous les chanteurs des années 1920 suivant ses traces. De plus, sa vie est remplie de mystères contradictoires : on le décrit comme un homme aimable ou, au contraire, insupportable. Son décès, en décembre 1929, demeure aussi mystérieux, la théorie la plus connue étant celle que cet aveugle s'était perdu dans une tempête de neige et qu'il aurait eu un arrêt cardiaque.
J'ai choisi Matchbox Blues parce qu'elle a été enregistrée par les Beatles, bien que leur version s'inspirait davantage de celle de Carl Perkins.
Blind Lemon Jefferson, Matchbox Blues (1927)
1. Yvandesbois le 28-10-2015 à 21:50:38 (site)
Intéressant le Blues men a + yvan
2. MarioMusique le 29-10-2015 à 00:22:24 (site)
La majorité des artistes de blues ont quoi que ce soit d'intéressant, souvent des excès...
Écouter un disque de 1923 puis un autre de 1926 présente une évolution gigantesque du point de vue technique. De l'ère des cylindres jusqu'en 1924, les disques étaient enregistrés acoustiquement. Les orchestres et artistes vocaux devaient s'exprimer face à un cornet. Ce n'était pas qu'une mince affaire, surtout dans le cas de certains instruments moins puissants qu'un saxophone ou une trompette. Les chanteurs, pour leur part, devaient projeter leur voix vers le cornet.
C'est en 1925 qu'apparaissent les premiers microphones. Révolution dans la qualité du son des disques et une technique permettant une nouvelle approche de la musique. Par exemple, avant le micro, il était impossible d'enregistrer le son d'une contrebasse acoustique. Sur les premiers disques de jazz, cet instrument était remplacé par un tuba. De plus, les chanteurs n'étaient plus obligés de projeter leur voix. C'est alors qu'apparaissent les "Crooners", aux voix plus posées, et qui n'auraient jamais pu enregistrer au cours de l'ère acoustique.
La chanson que je vous présente est typique de l'utilisation du micro. L'introduction est murmurée, alors que Billy Murray reconduit son amoureuse Aileen Stanley à la porte de sa maison et échangent quelques impressions de leur merveilleuse soirée. Un chat se manifeste, réveillant ainsi la mère d'Aileen, jouée par Billy. De nouveau, l'échange chanté est à voix basse. Un tel disque aurait été impensable, à peine deux années plus tôt.
Brèves notes biographiques. Billy Murray fut le plus important vendeur de disques de l'ère acoustique. Cependant, avec les années 1920, son étoile pâlit, mais il connaît un regain de popularité grâce à son association avec Aileen Stanley, plus jeune que lui. Cette femme fut la première Blanche à enregistrer pour une compagnie de disques propriété de Noirs. D'ailleurs, le public du temps croyait qu'elle était Noire.
Billy Murray & Aileen Stanley, Bridget O'Flynn (1926)
1. jakin le 28-10-2015 à 16:24:15 (site)
Enregistrement intéressant pour comprendre l'évolution de la musique et de sa communication....
2. MarioMusique le 28-10-2015 à 16:30:14 (site)
Tout à fait ! Il y a un autre exemple de la différence entre enregistrement acoustique et enregistrement électrique dans l'article sur le Charleston, un peu plus bas, alors qu'il y a une pièce de 1923 et une autre de 1928. La différence est notable.
Ada Jones est l'une de mes chanteuses favorites de tous les temps. Hein ? Qui ? Alors, j'explique : Ada Jones fut la première vedette féminine de l'histoire du disque. Hein ? Tu aimes ça, ces enregistrements plus que centenaires ? Cent fois, car notre Ada avait une présence unique et qu'elle chantait des pièces débordantes de charme, véritables photographies sociales de son époque. Plus que souvent, c'est mignon, toujours amusant. Ada Jones abordait le romantisme, mais elle n'a jamais interprété une chanson lente. Elle a énormément enregistré entre 1905 et 1918, en solo, en compagnie d'hommes et même avec des enfants. Elle est décédée en 1922.
Cette chanson est une de mes favorites. Ada est accompagnée par le Peerless Quartet. Ces messieurs nous font part d'un bon conseil destiné aux jeunes filles : se tenir éloigné des hommes qui possèdent une automobile, car leurs intentions est de les soustraire à leurs parents et de les perdre dans du soixante à l'heure. Ada est d'accord et donne des exemples de mésaventures de deux de ses copines, dont une victime d'une soi-disant panne d'essence et la pauvre, au lieu de succomber, a été obligée de marcher pendant longtemps. Charmant, je vous dis !
Ada Jones & Peerless Quartet, Keep Away From The Fellows Who Owns An Automobile (1909)
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