Spike Jones était un percussioniste dans des orchestres de danse, au cours des années 1930. Peu satisfait de cet emploi, il désirait un orchestre un peu plus... particulier, axé sur l'humour. Ce furent les City Slickers, qui firent éclater les limites de la chanson comique, avec des excès, des moments de folie. Spike lui-même s'en donnait à coeur joie avec ses cloches à vache, ses coups de pistolet, ses klaxons. Ajoutons des parties vocales excessives, des effets spéciaux à n'en plus finir, et ne surtout pas oublier que les City Slickers étaient des musiciens dixieland formidables. Gloire au cours des années 1940, puis un net déclin vers la fin de cette décennie, parce que notre rigolo avait mauvais caractère et perdait ses musiciens, entre autres Red Ingle, chanteur et bruiteur, et Doodles Weaver, narrateur et chanteur. En 1956, Spike est largué par la compagnie RCA-Victor après avoir insulté publiquement Elvis Presley. La gloire était chose du passé, bien que l'homme, sans retrouver la folie des années 1940, allait poursuivre sa route jusqu'à son décès, en 1964.
RHAPSODY FOR HUNGER : Spike assassine la musique classique ! Cet enregistrement est un peu maladroit, mais je crois que les City Slickers n'ont jamais été autant dingues.
DER FUEHRER'S FACE : Musique de Nuttsey Lad, film d'animation de Walt Disney, dénonçant le nazisme. L' intervention d'un instrument à vent imite un Prout! destiné à la figure d'Hitler. Premier succès pour Spike et sa bande.
CLINK CLINK ANOTHER DRINK : Avec la participation de Mel Blanc, la voix de Bugs Bunny et de tant d'autres personnages de dessins animés de la Warner Brothers.
COCKTAILS FOR TWO : Débute de façon sérieuse, avant de tomber dans la démesure, entre autres avec les bruitages de Red Ingle.
J'avais déjà présenté deux chansons de Spike Jones. Vous pouvez les rejoindre en cliquant sur ce lien.
http://mariomusique.vefblog.net/54.html#Nol_joyeux_avec_Spike
Au cours des années 1930, les disques étaient très peu diffusés par la radio. Un 78 tours connaissant un échec disparaissait rapidement de la circulation, car il n'existait pas de 33 tours de compilation. Il devenait alors facile pour des compositeurs d'emprunter une idée sur un disque invendu et de la faire sienne. C'est le cas de In The Mood, par Glenn Miller.
Il ne peut exister un disque plus représentatif de l'ère big band que In The Mood. Immense succès pour l'orchestre Miller, peu de gens savent qu'il s'agissait d'une reprise d'un orchestre de Noirs dirigé par Edgar Hayes. La numérisation ci-haut nous indique que Joe Garland était le compositeur. Garland était le clarinettiste de l'orchestre de Hayes. Il a donc suggéré cette mélodie à son patron. Garland, précédemment, avait travaillé avec le Mills Blue Rhythm Band. Leur disque There's Rhythm In Harlem ressemblait étrangement à In The Mood. Suggestion Garland encore, donc. Mais Garland avait-il réellement créé cette mélodie ? Nenni ! Vous la reconnaîtrez brièvement sur un disque 1931 de Fletcher Henderson qui... l'avait volée au grand perdant de cette étonnante saga : Wingy Manone. Cependant, l'histoire ne dit pas si Manone l'avait empruntée ailleurs...
2. MarioMusique le 03-05-2016 à 21:25:11 (site)
Aujourd'hui, ils se feraient des procès pour plagiat les uns les autres.
3. anaflore le 04-05-2016 à 13:07:33 (site)
copier coller ne se démode pas .....de la recherche .....
4. MarioMusique le 04-05-2016 à 18:41:22 (site)
Lorsque j'étais chez feu Multiply, il y avait un homme, de Belgique, se spécialisant pour retracer les versions d'origine des chansons et les emprunts. Il était vraiment savant dans le domaine et ceci vient de lui, sauf qu'il ne savait pas pour la pièce de Fletcher Henderson.
L'âge d'or du ragtime se situe entre la fin du 19e siècle et la Première Guerre mondiale. Il y avait du rag partout! Puis, plus rien. Enfin... Il ne restait qu'une pièce, Maple Leaf Rag, créée en 1899 par Scott Joplin. Les reprises étaient monnaie courante, mais aucune n'arrive à la cheville de celle de New Orleans Feetwarmers. Groupe informel, réunissant divers musiciens de la Nouvelle-Orléans, avec souvent le saxo Don Redman et Sidney Béchet. Il faut avouer que le jeune Sidney s'envole sur ce disque, loin des Couac-Couac qui seront sa marque de commerce lors de sa période française. Les musiciens tout autour offrent des arrangements serrés et plein de dynamisme, de folie. Tentez de résister à ce truc !
1. Nyxie le 02-05-2016 à 05:22:13 (site)
De la folie !... je me vois en robe charleston avec toi comme cavalier...un couple d'enfer..
Bonne journée ..
2. MarioMusique le 02-05-2016 à 05:36:36 (site)
Mais je ne danse point, mademoiselle !
Si je devrais créer une liste des dix meilleures pièces des années 1930, celle-ci en ferait partie. Ces musiciens étaient entièrement transportés par leur musique!
3. jakin le 02-05-2016 à 16:49:00 (site)
J'ai découvert Sidney pour la première fois dans un film qui racontait son histoire, il me semble qu'il se nommait "Petite Fleur"....Une découverte pour moi car j'étais adolescent....
4. MarioB le 02-05-2016 à 17:27:33 (site)
Je crois qu'il a eu une vie tumultueuse. Musicalement, sa période américaine est beaucoup plus riche, bien qu'il était alors un musicien marginal.
Son vrai nom était Robert Hicks. Le surnom Barbecue Bob lui a été donné parce qu'il travaillait dans la cuisine d'un restaurant se spécialisant dans ce mets. N'eut été de son décès prématuré, en 1931 à 29 ans, ce chanteur de blues aurait connu une longue carrière. Ses enregistrements de 1927 à 1930 sont cependant nombreux, indiquant que le public d'ébène avait répondu favorablement à son approche. Du blues acoustique de la première phase de l'histoire de cette riche musique, avec des propos sur la malchance et l'injustice. Je vous offre une chanson avec un titre idéal pour un blues : Pauvre garçon loin de sa maison.
1. jakin le 29-04-2016 à 15:32:34 (site)
Hicks comme nom l'aurait plutôt porté derrière un bar....après plusieurs bourbon il aurait fait Hic ! Bon mais le blues a dû l’assoiffer !
2. MarioMusique le 29-04-2016 à 21:37:44 (site)
Comme on s'amuse, avec Armand !
Pour identifier les lieux de l'enfance du jazz, vous pouvez nommer la Nouvelle-Orléans, Chicago et New York, en omettant Kansas City. Pourtant, cette ville fut musicalement très vivante. À mi-chemin entre Chicago et la Nouvelle-Orléans, elle accueillera des voyageurs portant trompettes et saxophones. L'orchestre par excellence de la ville était celui de Bennie Moten. L'homme aidera à définir le "son big band" qui sera populaire au cours des années 1930.
Leur hymne était South, pièce sautillante et accrocheuse, que tout le monde pouvait siffler dans sa baignoire. Cette dose de bonne humeur était synonyme des années folles, au même point que le Charleston. D'ailleurs, parions que les danseurs du temps s'en donnaient à coeur joie au son de South. Dans son livre sur la musique populaire, Joel Whitburn classe la pièce à trois reprises : 1928, 1929 et 1941, signe que ce disque s'était alors énormément vendu.
Au décès de Moten, en 1935, l'orchestre demeurera ensemble, sous la direction du pianiste : Count Basie. Mais ceci, c'est une autre histoire...
1. sambapati le 28-04-2016 à 00:58:41 (site)
Souvent le nom d'un morceau ne nous dit rien mais quand on l'entend comme " South " par exemple on sait qu'on le connait pour l'avoir entendu... Merci de ce joyeux et dansant partage et bonne journée demain.
musicalementd
P.S. Je ne sais pas si ce que j'ai écrit fait du sens, mais je me comprends... Ha! Ha! Ha!
2. MarioMusique le 28-04-2016 à 03:42:08 (site)
C'est un petit air qui demeure longtemps dans la tête.
3. anaflore le 28-04-2016 à 07:56:52 (site)
pour répondre à ta question je vis une partie de l'année à brest et nous sommes en ville environ 150000habitants aussi pour trouver ta correspondante il faudrait plus de détails ......
bonne journée en musique
4. jakin le 28-04-2016 à 17:05:15 (site)
UN bon morceau de Jazz avec une pluie de grenouilles sautillantes et accrocheuses....Bonne fin de soirée...
5. MarioMusique le 28-04-2016 à 17:24:38 (site)
Une pluie de grenouilles ! Amusant !
Anaflore : je ne cherche pas à retracer mon ancienne correspondante. C'est simplement qu'en voyant tes photos, cela m'a rappelé cette fille et sa ville.
Commentaires
1. sambapati le 05-05-2016 à 00:36:52 (site)
Je suis de retour et un peu énervé et pressé... Merci de ce partage et j'ai un petit faible pour " Der Fuehrer's Face " Bonne journée demain.
musicalementd
2. MarioMusique le 05-05-2016 à 04:38:40 (site)
Je me suis toujours demandé comment les musiciens, en studio, réagissaient quand Spike se servait de son pistolet !
3. Nyxie le 05-05-2016 à 16:10:36 (site)
J'aime bien le Cocktail de cette façon !!!...
4. MarioMusique le 05-05-2016 à 16:33:24 (site)
Allons-y avec le cocktail !
5. jakin le 05-05-2016 à 18:01:55 (site)
Une collection de joyeux drilles ? ça pétarade en rythme, mais je ne suis pas assez érudit pour comprendre cette musique....
6. MarioMusique le 05-05-2016 à 19:15:54 (site)
Ah non ? Suffit de rigoler, tout simplement.