Du 78 tours au disque compact

Plus de 100 années de musique

posté le 03-10-2018 à 07:12:01

Histoire du blues : Les années 1940

 

 

BUKKA WHITE : Aberdeen Mississippi (1940)
LEADBELLY : Gallis Pole (1940)
BIG MACEO : Country Jail Blues (1940)
TOMMY McCLENNAN : I'm a Guitar King (1941)
BIG BILL BROONZY : Rockin' Chair Blues (1941)
CHARLES BROWN : Driftin' Blues (1945)
ARTHUR CRUDUP : Cry Your Blues Away (1945)
CHAMPION JACK DUPREE : Walkin' By Myself (1946)
T-BONE WALKER : Stormy Monday (1947)
ROBERT NIGHTHAWK : Black Angel Blues (1949)

 

 

Une décennie de transition, menant vers une forme différente de blues, mais aussi une dizaine d'années de malchances. La plupart des artistes actifs au cours de 1930 sont encore en poste, mais on compte aussi des décès. De plus, les femmes ne sont présentes qu'au cours des premières années et celles d'après-guerre se dirigeront davantage vers le Rhythm & Blues.

Parmi les malchances : la grève de l'industrie du disque de 1942 et les restrictions en temps de guerre, faisant en sorte que moins de 78 tours sont commercialisés et ce sont les blues qui écopent. RCA et Columbia larguent leurs étiquettes dévouées à cette musique. Comme dans le cas du jazz, les artistes bleus devront se tourner vers des nouvelles compagnies, après la guerre.

Parlons de continuation : Leadbelly est davantage un artiste foik, mais il s'est servi du blues à quelques bonnes occasions. On doit à l'homme une dizaine de chansons qui seront sans cesse reprises par la suite. Big Bill Broonzy, aussi actif au cours des années 1930, touche aussi le folk et, si je ne me trompe, il sera le premier artiste de blues à se produire en Europe. Bukka White abordait des sujets osés, comme la prison, les drogues et prendra ainsi de beaux risques.

Des nouvelles figures : le pianiste Big Maceo, qui verra sa carrière interrompue par un accident. Autre pianiste, de la Nouvelle-Orléans : Champion Jack Dupree, qui sera actif jusque dans les années 90. Aussi le cas de Charles Brown, qui avait une curieuse voix de crooner et à qui l'on doit ce classique je vous offre, et qui sera repris 30,212 fois. Mon favori est Tommy McClennan, le second bluesman extrême, après Charlie Patton. Cet homme avait une voix grognante très puissante et ses disques sont particulièrement bien produits. Personne ne savait d'où il venait, quel était son âge ni ne connaîtra son moment de décès. De plus, il n'existe qu'une seule photo de lui (ci-haut). Il a débuté en 1939 et a tout arrêté en 1941. Mystérieux...

Le changement le plus important est l'ajout d'un nouvel instrument : la guitare électrique, par T-Bone Walker, dès les premières années de la décennie. Arthur Crudup suivra, mais l'homme était un... mauvais guitariste. On entendait sur ses disques un instrument rare, pour le blues : une batterie. Enfin, Robert Nighthawk est davantage électrique et son approche était avant-coureur du style des années 1950 et Nighthawk enregistrait pour Chess, mais ceci, c'est une histoire à suivre.

Tags: #1940-1949
 


Commentaires

 

1. elena13  le 03-10-2018 à 08:43:15  (site)

Salut Mario musique, merci pour l'histoire du blues !!!

2. anaflore  le 03-10-2018 à 11:35:52  (site)

super choix

3. jakin  le 03-10-2018 à 16:36:31  (site)

Les années 40 et son blues étaient encore présent au début des années 60 et un grand nombre de ces standards ont bercé mes oreilles....

4. MarioMusique  le 03-10-2018 à 17:52:37  (site)

Oui, avec Driftin', Stormy Monday a été repris des centaines de fois. Ce matériel de l'enfance du blues est toujours présent de nos jours, comme une tradition. C'est un point commun avec le jazz, qui va de l'avant en respectant le passé.

 
 
 
posté le 28-09-2018 à 07:47:18

Histoire du blues : Les années 1930

 

 

BO CARTER : Banana In Your Fruit Basket (1931)
LUCILLE BOGAN : T & O Blues (1933)
LEROY CARR : Motherless Child (1934)
BUMBLE BEE SLIM : Bleeding Heart (1935)
MEMPHIS MINNIE : Dirty Mother For You (1935)
ROBERT JOHNSON : Crossroads (1936)
TAMPA RED : Good Woman Blues (1936)
SLEEPY JOHN ESTES : Floating Bridge (1937)
SONNY BOY WILLIAMSON : Good Morning Little School Girl (1937)
BLIND BOY FULLER : Screaming and Crying Blues (1939)
 

 

La décennie 1930 est la première grande époque de l'histoire du blues. Il s'y est établi un grand nombre de classiques toujours célébrés de nos jours, sans oublier des figures légendaires. Limiter les chansons à seulement dix a été difficile, tant il y avait des artistes importants. Les compilations nous prouvent surtout qu'un nombre imposant de disques ont alors été enregistrés, indice qu'ils s'en vendaient beaucoup, malgré la Grande dépression et malgré le fait que ces 78 tours ne passaient pas à la radio.

Les artistes étaient tous des jeunes. L'idée de "vieux chanteur de blues" n'existait pas. Il y a tout lieu de croire que cette musique s'adressait à la jeunesse. Les personnes plus âgées pensaient que le blues était une musique de ploucs, préférant la classe des ensembles de jazz façon Duke Ellington.

Relativement à la seconde partie des années 1920, il y a un changement discret : les chanteurs et chanteuses ont recours à deux musiciens, la plupart du temps un pianiste et un guitariste. Au coeur de ces années apparaît ce qui deviendra un incontournable : un harmonica. Bien sûr, les groupes de jug de la fin des 1920 utilisaient un harmonica, mais Sonny Boy Williamson a inventé le style blues pour le petit instrument, d'abord au service d'autres artistes, puis pour ces propres disques dès 1937, avec l'immense classique que je vous propose.

Les femmes ? Nombreuses. Parmi celles-ci, une reine : Memphis Minnie, aux enregistrements soutenus. Une voix ferme et la seule femme à jouer de la guitare. Lucille Bogan fut aussi très active, chantant des sujets sociaux.

La grande classe bleue fut le pianiste Leroy Carr, à qui l'on doit pas moins de cinq incontournables du blues. Plus primitif, Robert Johnson deviendra un des artistes les plus interprétés de tous les temps, bien que cette consécration ne se produira que longtemps après son décès.

Blind Boy Fuller invente le blues joyeux (si je puis dire) qui sera la marque de commerce de ses deux assistants : Sonny Terry et Brownie McGhee. Bo Carter se spécialisait dans les paroles olé-olé. Pas besoin d'expliquer la métaphore de "ma banane dans ton panier."

Peut-être oublié, Bumble Bee Slim a beaucoup enregistré, preuve de sa popularité. La voix plaintive de Sleepy John Estes demeure un incontournable au cours de cette décennie. Tampa Red a aussi proposé plusieurs classiques, mais on peut lui reprocher l'emploi d'un kazoo sur plusieurs de ces disques. Vous aurez deviné que la photo ci-haut est celle de Mempĥis Minnie.

Ah, pour les experts : trois des chansons que je présente ont été reprises par Eric Clapton. Lesquelles?

Tags: #1930-1939
 


Commentaires

 

1. Nikole-Krop  le 30-09-2018 à 22:14:02  (site)

Je passe, Mario, mais là, rien à écrire, j'accroche pas du tout ...

2. MarioMusique  le 30-09-2018 à 22:44:00  (site)

C'est du vieux blues et tu n'es pas familière, simplement, ce qui peut paraître déroutant en premier lieu

3. jakin  le 02-10-2018 à 15:12:26  (site)

Une belle palette du blues des années 30. Pour Eric Clapton que j'adore je n'ai pas la mémoire de ces nombreuses reprises....

4. MarioMusique  le 02-10-2018 à 17:53:20  (site)

Merci. Les interprétations de Clapton sont : Motherless Child, Floarting Bridge et Crossroads.

 
 
 
posté le 25-09-2018 à 20:35:09

Histoire du Blues : Les années 1920

 

 

MAMIE SMITH : Crazy Blues (1920)
MA RAINEY : See See Rider (1924)
BLIND LEMON JEFFERSON : Black Snake Moan (1926)
TEXAS ALEXANDER : Range In My Kitchen (1927)
VICTORIA SPIVEY : Arkansas Road Blues (1927)
BLIND WILLIE McTELL : Dark Night Blues (1928)
BESSIE SMITH : Nobody Knows You When You're Down And Out (1929)
BARBECUE BOB : Mississippi Heavy Water (1929)
CHARLEY PATTON : High Water Everywhere (1929)
MEMPHIS JUG BAND : Feed Your Friend (1929)

 

Le mot blues existait avant qu'il ne désigne un style musical. Il signifiait cafard, vague à l'âme, malaise. On le croisait même dans les chansons. Maintes pièces du chef d'orchestre noir WC Handy se terminaient par le mot, même si la forme musicale n'avait rien à voir avec le futur blues. Handy a simplement mis le mot à la mode.

On considère Crazy Blues de Mamie Smith comme le premier disque de blues. Quand vous écouterez le fichier, vous vous rendrez compte que c'était un dérivé lent du jazz naissant. Ce sera ainsi jusqu'en 1925 alors que ce bébé blues était une musique essentiellement destinée aux femmes. Une autre Smith, Bessie, sera immensément populaire (et même auprès des Blancs) et établira le genre. Parmi ces autres femmes, la seconde derrière Smith fut Ma Rainey, surnommée "La mère du blues". Ici, la version d'origine de See See Rider, reprise souvent par les groupes de rock, dont les Animals.

La deuxième figure essentielle dans l'histoire du blues est Blind Lemon Jefferson. Plus de saxos et de trompettes : qu'un homme avec sa guitare acoustique, créant une approche toujours de mise de nos jours. Aussi : les propos de malchances, d'épreuves, d'injustices, d'amours sans lendemain. Comme Bessie, le Citron aveugle sera très en vue, si bien que d'autres hommes vont suivre dans la foulée.

Je présente un second aveugle : Blind Willie McTell et sa voix claire, Barbecue Bob, puis un cas unique en Texas Alexander, qui n'était que chanteur, ne jouant d'aucun instrument, le premier du genre. Victoria Spivey fut la première femme à adopter le style acousique des hommes. Pianiste, elle était souvent accompagnée par le guitariste Lonnie Johnson. Quant à Charley Patton, il fut le premier artiste extrême de blues, avec des émotions brutes, une voix qui grogne, cherchant à provoquer des effets un peu à rebrousse-poil. Vous noterez que Patton chante le même thème que Barbecue Bob : les ravages causés par le Mississippi sur les pauvres habitations des Noirs. Enfin, les groupes de jug, comme Memphis Jug Band, n'étaient pas essentiellement des ensembles de blues, mais ils ont été les premiers groupes à présenter cette musique, cela avec un instrument qu'on n'entendait pas ailleurs et qui sera identifié au blues : l'harmonica. La photo ci-haut : Bessie Smith. 

Tags: #1920-1929
 


Commentaires

 

1. jakin  le 26-09-2018 à 15:21:30  (site)

Très intéressant cette décade pour comprendre la naissance du blues et son évolution...avec tes explications c'est parfait....

2. MarioMusique  le 26-09-2018 à 17:23:11  (site)

Comme le laisse deviner le titre, ce sera une série de 10 articles, comme j'avais fait pour le jazz.

3. Nikole-Krop  le 30-09-2018 à 22:15:44  (site)

Et là ... pas davantage ...

4. MarioMusique  le 30-09-2018 à 22:44:39  (site)

Ce sont les débuts d'une musique qui allait évoluer.

 
 
 
posté le 24-09-2018 à 22:20:57

Un trésor caché

 

 

 

 

Pour le meilleur et le moyen, les chanteuses étaient très présentes dans le monde du jazz, au cours des années 1950. Le 'moyen' se rencontrait chez les femmes qui présentaient surtout de la variété, avec des larmes de jazz dans les coins. Beaucoup d'appelées, peu d'élues. Dans ce dernier cas : Helen Carr, qui n'a enregistré que deux microsillons, en 1954 et 1955, avant de disparaître de la scène musicale et de perdre la vie en 1960, âgée de 36 ans. Non seulement elle chantait bien, mais sa musique était du véritable jazz de petite formation. Ajoutons un 10 sur 10 pour la pochette merveilleuse de ce disque.

 

 

 

Helen Carr, Tulip Or Turnip, 1955, Down On The Depths Of The 90th Floor

 

 

Tags: #1950-1959
 


Commentaires

 

1. jakin  le 25-09-2018 à 15:47:48  (site)

Une belle voix entrainante et bien rythmée....

2. MarioMusique  le 25-09-2018 à 19:07:23  (site)

Ses deux disques sont merveilleux.

 
 
 
posté le 21-09-2018 à 00:13:22

Sun + R & B

 

 

LITTLE JUNIOR'S BLUE FLAMES : Mystery Train (1953)
JAMES COTTON : My Baby (1954)
RUFUS THOMAS : Tiger Man (1953)
ROSCOE GORDON : Just Love Me (1955)
DOCTOR ROSS : Chicago Breakdown (1953)
 

 

 

L'histoire des disques Sun est surtout connue comme une compagnie se spécialisant en rock & roll, là où Elvis a fait ses débuts. En réalité, il existe une phase moins connue : celle où Sun n'avait à son catalogue que des artistes noirs de R & B et de blues.

À l'origine, le studio Sun, de Memphis, n'enregistrait que des Noirs pour d'autres compagnies. Howlin' Wolf est le nom le plus célèbre à s'être manifesté dans ces circonstances, mais aussi le méga succès Rocket 88 de Jackie Brenston, ce qui sans doute incité Sam Phillips à lancer sa propre maison de disques, en 1952.

Il y a un point commun avec les Blancs de Sun : plusieurs Noirs y ont débuté avant de connaître le succès ailleurs. L'arrivée d'un rare Blanc en 1954, Presley, a sans doute incité Phillips à se tourner vers ce plus vaste marché. De la première phase, seul Roscoe Gordon poursuivra chez Sun au cours de la seconde moitié de la décennie 1950.

 

 

 

 

LITTLE JUNIOR'S BLUE FLAMES : Il s'agit de Junior Parker, chanteur de blues et de soul en vue au cours des années 60 et 70. Cette chanson sera reprise par le jeune Elvis Presley.

 

JAMES COTTON : Un légendaire harmoniciste de blues avec une carrière de plus de 50 années. Curieusement, on n'entendait pas d'harmonica sur les disques Sun du jeune homme.

 

RUFUS THOMAS : Il deviendra un pilier des disques Stax au cours des années 60, reconnu comme un personnage excentrique. Il l'était déjà lors de ses débuts chez Sun.

 

ROSCOE GORDON : Assurément le chanteur R & B le plus en vue du catalogue Sun.

 

DOCTOR ROSS : Un étonnant homme orchestre : il jouait de la batterie, de la guitare et de l'harmonica en même temps, en plus de chanter.

Tags: #1950-1959
 


Commentaires

 

1. anaflore  le 22-09-2018 à 04:08:42  (site)

Bravo pour la photo du jour et ta culture musicale
Bonwk

2. jakin  le 24-09-2018 à 13:45:09  (site)

5 excellentes pièces de R&B que je n'avait jamais entendu et que j'ai écouté en boucle tout le week end avec bonheur....

3. MarioMusique  le 24-09-2018 à 20:27:05  (site)

Bienvenue.

 
 
 
 

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