Du 78 tours au disque compact

Plus de 100 années de musique

posté le 23-07-2019 à 22:20:48

John D. Loudermilk : Écrire pour soi-même

 

 

Tobacco Road (1960)
The Lament Of The Cherokee Reservation Indian (1965)
Brown Girl (1969)
Road Hog (1962)
 

 

 

Parallèlement à son métier d'écrire des chansons à succès pour les autres, John D. Loudermilk a poursuivi sa carrière de chanteur, avec cinq microsillons pour RCA-Victor au cours des années 60. Des disques très différents des normes populaires de l'époque. L'instrumentation est souvent dépouillée, faisant en sorte que ces 33 tours ont très bien subi l'épreuve du temps qui passe. De plus, certains propos étaient quelque peu... hmmm, inhabituels. Oh, bien sûr, il y avait des thèmes d'amour et des chansons sans surprise, mais sa façon de faire demeure unique.

 

 

 

TOBACCO ROAD : Ne faisait pas partie des produits RCA, mais un 45 tours pour Columbia. Ces gens pensaient-ils vraiment qu'une chanson aussi rustre musicalement et parlant de pauvreté et de misère allait devenir populaire ? Cela débute ainsi : Je suis né sur une couchette, à la mort de ma mère, mon père s'est saoullé, avant de m'abandonner et j'ai grandi dans une cabane à la tôle rouillée. Hmmm... Deviendra la chanson la plus célèbre de mon invité. J'y reviendrai.

 

 

THE LAMENT OF THE CHEROKEE RESERVATION INDIAN : Même Dylan n'a pas osé. En réalité, Loudermilk avait écrit une version différente pour un chanteur amérindien du nom de Marvin Rainwater, en 1959.  Une chanson sur l'assimilation de la nation amérindienne Cherokee par les Blancs, "qui nous ont mis sur une réserve, nous enlevant notre façon de vivre, notre langage et enseignant leur anglais à nos enfants." Ironie de la finale : "Les colliers jadis fruits de notre artisanat sont maintenant fabriqués au Japon." Vraiment ? En 1965 ? Deviendra un succès de 1971 par Paui Revere & The Raiders, sous le titre raccourci Indian Reservation. J'y reviendrai.

 

 

BROWN GIRL : "Comme dans la plupart des usines, les Blancs font le travail facile et sont vêtus de blanc, alors que les Noirs ont les travaux plus difficiles et sont vêtus de bleu." Un ouvrier a comme amour une jeune noire, ce qui est suffisant "pour que mes compagnons désirent me chasser de la ville". La fille elle-même est rétrogradée par son patron à cause de cette relation qui est même refusée par ses parents. Qui donc écrivait un tel propos en 1969 ?

 

 

ROAD HOG : Dans une veine plus légère, ce "Cochon de la route" raconte l'histoire d'un chauffard. Je la propose par curiosité, car cette pièce sera aussi populaire en français. Par qui, hein ? Par qui ? Bip Bip!

Tags: #1960-1969
 


Commentaires

 

1. Maritxan  le 25-07-2019 à 13:08:24  (site)

Intéressant ! J'ai bien aimé, merci Mario !

2. MarioMusique  le 25-07-2019 à 17:38:17  (site)

Cela 'sonne' toujours très frais.

3. jakin  le 25-07-2019 à 19:24:23  (site)

4 pièces très intéressantes avec les explications que tu nous livres...J'aime cette façon d'écrire la musique....

4. MarioMusique  le 26-07-2019 à 17:25:04  (site)

C'est une façon intéressate de percevoir la musique et je peux t'assurer qu'il y en avait alors peu de semblables.

 
Pop
 
 
posté le 22-07-2019 à 20:42:05

John D. Loudermilk : Écrire pour les autres

 

 

JOHNNY FERGUSON : Angela Jones (1960)
SUE THOMPSON : Norman (1962)
CHRIS JENSEN : Torture (1962)
GEORGE HAMILTON IV : Abilene (1963)
SYLVIE VARTAN : Quand le film est triste (1963)
 

 

 

Au cours des années 50, John D. Loudermilk a débuté comme chanteur de rock & roll sous le nom de Johnny Dee. Aucun écho pour ses disques, sauf dans le cas de deux chansons qui furent des succès pour George Hamilton IV et Eddie Cochran. Ainsi le jeune homme a-t-il décidé, ou lui a-t-on conseillé d'écrire pour les autres.

C'est ce qu'il fera, avec autant de succès que les couples se spécialisant dans cet art, sauf qu'il était seul pour les paroles et la musique. Écrire pour les autres : suggérer des chansons, remplir des commades, obéir à des gérants, à des compagnies de disques.  Ainsi, Loudermilk devait être en mesure d'écrire dans tous les styles, autant une mélodie country qu'un rock ou une bleuette pour adolescents. On peut compter une quinzaine de francs succès de palmarès signés de sa plume.

Ce qui étonne est qu'en même temps, l'homme continuait sa carrière de chanteur et enregistrait des microsillons très singuliers, à des kilomètres de ce qu'il créait pour autrui, comme nous le verrons dans le prochain article.

Sue Thompson fut sa meilleure cliente. Loudarmilk a écrit la majorité de ses chansons, dont ses succès. Hors celle que je présente, il y eut aussi Sad Movies, qui fut traduite en français pour Sylvie Vartan. Ma question quiz : la chanson par Chris Jensen fut aussi davantage populaire pour nos oreilles par la version française. Qui la chantait ?

Tags: #1960-1969
 


Commentaires

 

1. jakin  le 23-07-2019 à 19:07:02  (site)

Une histoire que je découvre sur des pièces connues....

2. MarioMusique  le 23-07-2019 à 22:36:57  (site)

Je me souviens l'avoir vu en reportage è la télé américaine vers la fin de sa vie et l'homme avait la parole très franche, avec cependant de l'humour.
Parlant de son premier succès A Rose And A Baby Ruth, en 1956 par George Hamilton IV, le type lui demande ce que cela voulait dire et Loudermilk avait répondu : 'Je n'en au aucune idée'.

 
Pop
 
 
posté le 20-07-2019 à 21:17:59

Extraordinaires insuccès

 

 

TEDDY & THE PANDAS : We Can't Go On This Way (1966)
SHANGRI-LAS : Sweet Sounds Of Summer (1967)
IKETTES : Fine Fine Fine (1965)
BOBBY FULLER FOUR : Let Her Dance (1965)
VENTURES : Blue Star (1966)
 

 

C'est en 1955 que le palmarès Billboard offre 100 positions pour la première fois. Le Billboard est basé sur la fréquence de passages de chansons à la radio. Il s'agit d'un échantillonage auprès de membres, la plupart d'importantes stations de radio US. Ceci ne représente pas entièrement la réalité, mais donne une approximation plausible.

 

 

On considère les positions 1 à 20 comme des succès unanimes. Les 21 à 40 comme importants. Par contre, un numéro 60 est trompeur : cela peut-être un grand succès radio régional, ignoré par la région voisine. Par contre, une chanson au numéro 94 peut être considérée comme un échec.

 

 

Comme si ce n'était pas assez, le Billboard crée, en 1959, un palmarès pour les chansons non classées dans les 100 positions , et portant le nom de Bubbling Under. Alors, dans un tel cas, ce sont des chansons qui ont tourné de 1 à 3 semaines dans peu de stations. Un peu un cimetière du disque.

 

 

Des artises marginaux ? Pas du tout : des gens comme les Beatles, Elvis Presley, Pink Floyd, Rolling Stones, Cat Stevens ont eu des chansons classées dans le Bubbling Under. Des mauvais disques ? Pas obligatoirement. C'est vers ces cas que je me tourne : cinq disques que je considère réussis, mais qui ont été ignorés au moment de leur sortie.

 

 

 

 

 

TEDDY & THE PANDAS ; Formation de Boston qui a tenté sa chance souvent, avec plusieurs 45 et un microsillon à la pochette délirante. Ici : une tranche sentimentale, avec l'aide de choristes féminines, une forte mélodie, du véritable bonbon pop sucré.

 

 

SHANGRI-LAS : Reines des palmarès de 1964 à 1966, les Shang' de 1967 sont larguées par leur producteur et leur compagnie de disques. Ceci sera leur dernier effort, moins tapageur que leurs succès dorés. Notez le passage psychédélique, vers la fin.

 

 

IKETTES : Grand prix "Je ne comprends pas pourquoi ça n'a pas fonctionné". Car c'est trrrrrès accrocheur, expressif, avec un refrain cousu d'or. Les Ikettes étaient les choristes de la troupe Ike & Tina Turner. Ike écrivait la plupart de leurs chansons solo.

 

 

BOBBY FULLER FOUR : Ressemble à du Buddy Holly et à du futur Tom Petty. Comment ne pas fredonner cette chanson ?

 

 

VENTURES : Avec l'aide de musiciens de studio. Pièce spatiale et qui a la particularité d'être excessivement familière pour une génération du public québécois. En effet, ceci fut, pendant des années, le thème du "Cinéma de fin de soirée" pour une chaîne télé.

Tags: #1960-1969
 


Commentaires

 

1. jakin  le 22-07-2019 à 18:34:42  (site)

Insuccès pour les uns, succès pour les autres, la musique est une affaire de goût...ces pièces sont dignes d'intérêts pour des oreilles d'aujourd'hui....

2. MarioMusique  le 22-07-2019 à 20:57:09  (site)

Cela pouvait dépendre d'un tas de choses, dont le moment où le disque a été commercialisé, s'il y avait une chanson semblable qui tournait è la radio è ce moment. Tant de situations !

 
Pop
 
 
posté le 19-07-2019 à 22:13:48

Succès radiophoniques : Francophone 1964

 

 

CLAUDE CIARI : La Playa
SULTANS : Va-t-en
HUGUES AUFRAY : Dès que le printemps revient
GILBERT BÉCAUD : L'orange
ADAMO : Vous permettez monsieur
 

 

 

CLAUDE CIARI
: Une chouette pièce de guitare acoustique de la part de ce musicien moitié français, moitié japonais. Il est toujours actif de nos jours.

SULTANS : Premier succès pour ce talentueux groupe québécois et une rare chanson employant l'imparfait du subjonctif. Alors que beaucoup d'artistes du Québec se pensaient toujours en 1958, les Sultans étaient nettement de l'ère Beatles. Notez la présence de la basse, de la guitare acoustique fluide, du tambourin. Ressemble tout à fait aux premiers efforts des Rolling Stones.

Je me suis servi de cette chanson dans mon roman Les Fleurs de Lyse. Il y avait alors une fête adolescente et lorsque ce disque s'est mis en marche, une fille a pleuré à chaudes larmes, croyant que le chanteur Bruce Huard ne voulait plus d'elle. La pauvre ne fut pas la seule : toutes les ados 1964-1967 étaient amoureuses de Bruce. Le premier à droite, sur la photo.

HUGUES AUFRAY : À cause des cuivres type mexicains, on pourrait croire que c'était une version française d'une chanson de là-bas. Pas du tout le cas. Ce chanteur a souvent eu ma faveur.

GILBERT BÉCAUD : J'ai toujours pensé que c'était une chanson surréaliste. Le procès accusateur, menant à la pendaison pour avoir volé une orange. Si Bécaud suivait la norme, il lui arrivait de délaisser les sentiers battus. Surréaliste, je vous dis.

ADAMO : Bravo pour l'humour et l'idée musicale d'un tango, mais bouuuuh pour les orchestrations très convenues. C'était souvent le cas pour les disques enregistrés en France.

Tags: #1960-1969
 


Commentaires

 

1. johnmarcel  le 20-07-2019 à 08:22:32  (site)

J'avais six ans… Hugues Aufray, Gilbert Bécaud et Adamo je m'en souviens bien… mon père et ma mère avaient les 45 tours à la maison…
Il est certain que mes souvenirs ne soient pas exactement de 1964...
Quant aux deux autres je ne vois pas…
Les Sultans ça se comprend… ont-ils faits une carrière internationale, tout au moins dans la francophonie ?
Claude Ciari, d'après une revue de rock, est d'origine italo-roumaine et est parti vivre au japon...

2. MarioMusique  le 20-07-2019 à 16:35:00  (site)

Les Sultans ont enregistré de 1963 à 1968. Ils étaient très populaires au Québec et dans le Nord-Est américain. De bons musiciens et un chanteur bellâtre qui faisait huuuuuurler les filles !

3. jakin  le 20-07-2019 à 17:34:33  (site)

1964, un bon cru pour les francophones....et je découvre les SULTANS avec tes explications...

4. MarioMusique  le 21-07-2019 à 04:02:52  (site)

Pour une autre chanson des Sultans :

http://mariomusique.vefblog.net/169.html#Artistes_francophones_chantant_en_anglais

 
 
 
posté le 18-07-2019 à 18:48:00

Chess et les autres styles

 

 

AHMAD JAMAL : That's All (1958)
MOONGLOWS : Shoo Doo Be Doo (1954)
ETTA JAMES : Something's Got A Hold On Me (1961)
CHUCK BERRY : Rock & Roll Music (1958)
 

 

 

Chess poursuit sa route au cours des années 60, mais avec moins de blues, lequel est concentré sur Muddy Waters, avec peu de nouveaux artistes. C'est la soul qui prend la relève comme style musical important pour la compagnie. Cependant, à partir de 1967, Chess a des problèmes et commet des faux pas, en faisant enregistrer des disques blues-psychédélique à Muddy et à Howlin' Wolf, puis en investissant dans un groupe du même genre, Rotary Connection, vraiment mauvais. Le décès de Leonard Chess, en 1969, complique la situation. Avec les années 70, il n'y a pas de renouvellement et l'entreprise se fie surtout sur ses fidèles Etta James, Muddy Waters, Chuck Berry (après trois années chez Mercury). Au bord du précipice, Phil Chess et le fils de Leonard vendent leur entreprise au distributeur GRT, en 1974, qui se contentera de microsillons de rééditions. Plus aucun disque avec l'étiquette Chess ne viendra nous faire plaisir. Depuis, le riche catalogue est passé entre les mains de MCA.

AHMAD JAMAL : Le jazz est un style qu'on n'associe pas à Chess. Hors le trio de Ramsey Lewis, les musiciens vont et viennent, sans demeurer. On compte des gens comme Benny Golson, Art Farmer, Clark Terry, qui sont passés par la boîte de Chicago. Aussi le cas du pianiste Ahmad Jamal, qui propose quelques produits, au cours des années 50.

MOONGLOWS : Le Doo-Wop est sans cesse présent chez Chess au cours des 50, mais seuls les Moonglows peuvent être considérés comme des références. On note aussi les Flamingos, les Tune Weavers et une foule de petits ensembles sans lendemain, dont les débutants Miracles, qui deviendront des vedettes chez Motown.

ETTA JAMES : Elle arrive chez Chess en 1960 et sera présente jusqu'à la fin, produisant des disques fantastiques. Parmi les autres figures du genre : les Dells, Koko Taylor, Fontella Bass, Billy Stewart. Etta sera l'artiste féminine la plus importante de la saga Chess.

CHUCK BERRY : Que serait le rock & roll sans Chuck et sans Bo Diddley ? Merci à Chess d'avoir permis à ces talents importants d'éclore.

Tags: #1950-1959
 


Commentaires

 

1. jakin  le 19-07-2019 à 18:37:05  (site)

Ces pièces sont des incontournables...mais j'apprécie tes commentaires qui ouvrent ma curiosité...

2. MarioMusique  le 19-07-2019 à 22:33:30  (site)

Bien peu de choses en comparaison avec tout ce qu'ils omt produit.

 
 
 
 

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